Le commerce ambulant est porté par des vents nouveaux, renouant par là-même avec la forme la plus ancienne du commerce, en allant chez le client. Marion n’a pas attendu cette tendance ; cela fait 6 ans qu’elle a cette idée en tête. Le service auprès des plus isolés, mais également la promotion des productions locales, donnent une dimension sociale à son projet. Concilier les contraintes économiques et rendre service : deux notions compatibles pour sa petite entreprise que l’on verra déambuler prochainement sur les routes du bocage.

Avoir la bosse du commerce, rouler sa bosse…autant d’expressions qui collent au parcours de Marion. « J’ai fait mes études à la Louisière. Apprendre en travaillant me correspondait. Trois entreprises différentes durant ces 3 années scolaires, et donc 3 expériences enrichissantes. J’ai été élue ‘meilleure apprentie’. A Quatorze ans, je me retrouvais seule dans un petit appartement ; il fallait que je me débrouille ». Elle multiplie les saisons, en particulier dans le commerce de proximité. « Toujours dans l’alimentaire ; je n’ai jamais été dans le vestimentaire ». À 25 ans, elle décide de passer un bac en accéléré. « J’avais deux enfants d’une première union. En plus, je faisais les 2 X 8h dans une entreprise de plasturgie. Avec ce bac, j’ai trouvé un poste dans un hyper, au rayon crèmerie ».

Marion a été confrontée jeune à la disparition de ses parents. « Ma maman il y a 6 ans, et mon papa il y a 15 ans. Avec mon petit frère nous sommes très proches ». Des épreuves qui forgent son tempérament et son esprit d’organisation. « J’ai retrouvé l’âme sœur en la personne de Benjamin qui joue dans l’équipe fanion des Herbiers. Puis sont arrivées les jumelles ! S’en est suivi une grosse période de remise en question. C’est là que j’ai ressorti cette idée qui avait germé six ans plus tôt : un commerce ambulant. Benjamin m’a encouragée ; on a fait le business plan avec le comptable et je me suis fait aider par la Chambre de Commerce ».

Le projet est mûrement réfléchi. « Je vais aller dans les quartiers, les villages ou les fermes avec le klaxon, comme autrefois. Avec des produits frais dont je connais la provenance. Les producteurs sont si nombreux que je n’ai que l’embarras du choix. Et puis aller dépanner des gens isolés me motive particulièrement. Je pourrai même apporter des services non alimentaires ; faire du portage de médicaments par exemple ». Marion observe depuis longtemps la résurgence de ce mode de commerce. « Je suis allée en Corrèze pour découvrir une aventure similaire, même si l’environnement est totalement différent. On apporte ainsi notre petite contribution pour aider les gens à rester le plus longtemps possible chez eux ». Quelques marchés viendront ponctuer ses tournées. « Plusieurs communes du Pays des Herbiers et alentours m’ont déjà contactée ».

Elle prévoit s’installer le 1er mars prochain au volant de son véhicule, aujourd’hui en cours d’aménagement. « Il y aura des rangements et un frigo vitrine ; j’ai vraiment hâte, même si j’appréhende un peu. Il faut que le modèle économique soit au rendez-vous ». Elle aura une meilleure maitrise de ses horaires. « Avec un mari footballeur il faut jongler. Sa famille est en Bretagne ; je n’ai plus mes parents. A nous de nous débrouiller ! ». Elle l’affirme : « C’est le bon moment ».

Être l’épouse d’un footballeur à plein temps apporte joies et contraintes. « Tous les après-midi Benjamin est à la maison ; pas souvent le weekend. Notre organisation est différente de beaucoup de familles, avec des vacances en juin, quand les enfants sont encore à l’école. Pour l’arrivée des jumelles, il était très présent ». Marion et les enfants sont ses premiers supporters. « On ne rate pas un match à domicile. Même en cas de défaite, je ne l’ai jamais vu jeter son sac de colère. On discute 10 minutes puis on passe à autre chose. Il sait faire en sorte que sa passion n’empiète pas trop sur la vie familiale, sauf si les enfants sont demandeurs ». Le parcours en Coupe de France 2018 reste LE souvenir. « On n’a pas fini d’en parler. Je me souviens qu’au moment de l’épopée une photo géante avait été posée dans le magasin où je travaillais. Fait exprès ? J’avais sa tête en permanence. On a vraiment vécu quelque chose d’extraordinaire ».

Prendre l’air avec les enfants est une activité non négociable. « Ils ne sont pas trop demandeurs de télé, tant mieux ! Le confinement a été mis à profit pour les balades à pied ou à vélo. Depuis que le sport a repris, on suit les enfants aussi souvent qu’on peut. Ce sont des bons moments en famille ».

Tout ce petit monde se retrouvera au pied du sapin. « Je n’aime pas cette période où la consommation est poussée à l’extrême ». Marion pense que la pandémie laissera des traces durables dans le comportement des gens. « Nous consommerons différemment, dans un monde moins oppressant. Du moins j’espère. Si les gens n’oublient pas trop vite ! ». Elle apprécie même avoir dû revoir à la baisse le nombre de ses invités pour les évènements familiaux. « On a fait le baptême des jumelles et on s’est mariés en juin dernier, le tout en petit comité. C’était génial. En plus, on avait réservé la surprise du mariage à nos invités. Même les serveurs ne savaient pas ».

En guise de conclusion, Marion revient sur son aventure entrepreneuriale. « Si j’écoute tout ce qu’on m’a dit, je ne ferais pas mon projet. J’ai vraiment envie d’y arriver seule ; sans doute le fruit de mon histoire ? Ma maman est partie en 6 mois. Je suis très déterminée et c’est maintenant que je dois y aller ».