Originaire de Mortagne sur Sèvre, Jennifer habite aujourd’hui à Barcelone. ‘Comme un joyau au soleil’ dit la chanson. Un joyau, un bijou, c’est précisément l’univers artistique de Jennifer. Elle aurait pu évoluer dans la broderie, enchantée d’avoir participé à plusieurs collections dans la maison de haute couture Jean-Paul Gaultier. Le façonnage du bijou a pris le dessus ; sa première collection ‘Cara’ (visage en espagnol) l’a révélée.

C’est plutôt l’architecture d’intérieur qui l’anime lorsqu’elle entre au lycée d’arts appliqués de Montaigu. « Assez vite, j’ai vu que ce n’était pas assez manuel pour moi. Je portais déjà beaucoup de bijoux. Ma curiosité m’a poussée vers la bijouterie et un premier stage dans un atelier de Cholet m’a tout de suite confirmé ce choix ». L’école Boulle de Paris, tremplin pour les métiers d’arts, lui permettra d’obtenir un CAP art du bijou et du joyau, et une mention complémentaire en bijouterie joaillerie. « Ces écoles multi-disciplines permettent de butiner ici où là pour des personnes comme moi, curieuses de tout. La broderie m’a plu. J’ai fait une nouvelle école pendant deux ans ». Son profil polyvalent est un atout pour candidater à la maison de haute couture Jean-Paul Gaultier. « C’est une petite maison avec une grande réputation. L’atelier compte environ 20 personnes à l’année. Il triple au moment des défilés. C’est une entreprise qui se distingue par sa convivialité et où le champ créatif que l’on y laisse est assez large. C’est assez rock’n roll et débrouillard, à l’image du dirigeant. J’y suis revenue à plusieurs reprises pendant 3 ans ».

C’est pourtant en bijouterie joaillerie qu’elle poursuit ses recherches. « Dans le haut de gamme, ce métier est encore l’apanage des hommes. Une femme doit se battre plus qu’un homme pour réussir. Plutôt que fabriquer pour les autres, j’ai eu envie de le faire pour mes idées. Créer sa marque n’est pas le chemin le plus classique en bijouterie ». Sa prof de broderie l’intègre dans son association qui accompagne les jeunes créateurs. « J’ai eu l’opportunité de présenter ma première collection sur un marché de Noël aux Frigos (Ateliers créatifs à Paris), l’occasion de prendre la température, ressentir les réactions… ça a super bien marché. Ça m’a donné l’énergie et la motivation pour me lancer. Déjà 5 ans ! ». Une auto-entreprise au quotidien n’est pas toujours un long fleuve tranquille. « J’ai fait des petites formations. C’est surtout l’entraide entre entrepreneurs qui est profitable ».

Le confinement mettra fin à la haute couture et même au baby-sitting qu’elle est amenée à faire pour compléter le lancement de son activité. « J’ai eu peur au début. Finalement, c’est ce qui m’a donné l’impulsion pour me consacrer entièrement au bijou ». Jennifer se rapproche de différents artistes, des illustrateurs entre autres. « Cela participe à un métissage d’univers et de savoir-faire. C’est peut-être ma touche personnelle, celle qui me démarque ? ». Elle se laisse influencer par diverses rencontres. « Je vais m’inspirer d’une rencontre avec une sophrologue, une commerçante de plantes pour saisir sa vision des choses et de la vie. A moi de traduire ça artistiquement à travers un bijou. C’est ma façon de m’exprimer ». Cette approche originale est sa vitrine.

Jennifer détaille quelques-unes de ses influences ou collaborations. « Rym s’occupe de la marque Taszuri Création. Elle est maman, arrive à tout faire tout en connaissant une évolution incroyable. J’ai un gros coup de cœur également pour Natacha Birds. Je collabore enfin avec Sarah Gerbouin sur la collection ‘Inspire, ose, aime’ qui tente de traduire sa joie de vivre contagieuse ».

Ses collections sont accessibles par le web. « Les client.es aiment bien voir sur eux. C’est pour cela que mes bijoux sont également proposés dans différentes boutiques comme chez Mamie Paillette aux Herbiers ou d’autres endroits en France, mais aussi en Espagne ou en Belgique ». Elle a son atelier dans un quartier ancien de Barcelone. « Je reçois sur rendez-vous pour les projets sur-mesure. Soit les client.es ont une attente très précise, soit on élabore le projet en commun ». 

Sans savoir qu’elle habiterait Barcelone quelques années plus tard, sa première collection s’intitulait ‘Cara’, ‘Visage’ en espagnol. « C’est une ville riche sur le plan artistique et le climat est agréable ». Un coucher de soleil sur le port de Barcelone en hiver, ou un trip sur les routes de Catalogne avec son copain lui procurent de belles évasions. Elle a habité Paris durant neuf ans. « Je ne me vois pas vivre à la campagne pour le moment mais un jour, je m’en rapprocherai, c’est sûr ! ». Il lui arrive fréquemment de croiser des Vendéens dans les rues de Barcelone. « Au bout de ma rue, il y a des filles de Chambretaud qui ont leur propre pâtisserie ».

Jennifer est pleine de gratitude envers la vie. « Mon chemin est riche de mes découvertes multiples, de ma curiosité qui m’a poussée vers l’ailleurs. C’est ce qui m’a permis de développer mon sens artistique ». Elle était tout juste ado quand sa maman a gravement été confrontée à la maladie. « Au final, ça a fait la force de notre famille. Même à distance, nous restons très soudés ». L’environnement est sa préoccupation première. « Si on s’accorde à dire que tout va trop vite, il est moins aisé de déconstruire que de construire ». Elle garde espoir. Par les petites choses du quotidien qui l’émerveillent. « J’ai encore une âme d’enfant. Il faut apprécier tout ce que l’on a ». Pour conclure, elle se réfère à nouveau Sarah Gerbouin. « Elle aime tellement rire… Plutôt qu’allumer sa télé, côtoyer des gens comme ça, ça fait du bien ! ».

lajunglebijoux.com