C’est la commune la moins peuplée de Vendée : Marillet, et ses 117 âmes, attachées à leur village. Steve, venu de la région parisienne y habite depuis sept ans. Il connaît la commune depuis son enfance, pour y venir chaque été en vacances chez ses grands-parents. Passionné d’histoire, il en parle comme s’il la connaissait depuis toujours.
Les vacances familiales se passaient toujours là. « Mes grands-parents ont acheté l’ancienne épicerie du village pour en faire leur maison il y a 34 ans. Le jour où ma grand-mère, toujours présente à bientôt 90 ans, a su que la maison d’en face était en vente, elle a convaincu mes parents de quitter les Hauts-de-Seine pour venir ici ». Le père de Steve était chef d’entreprise. « Ç’a été pour eux un changement radical qui répondait à une volonté de faire autre chose, à une époque où l’exode était plutôt rural. Eux faisaient le chemin inverse, suscitant l’étonnement dans leur entourage. Aujourd’hui, on peut dire qu’ils ont été des précurseurs ».
Le fait d’habiter la plus petite commune du département n’est pas pour lui déplaire. « 89 électeurs aux dernières élections ! L’avantage c’est qu’on se connaît tous. Pendant la pandémie, cela a facilité une vraie solidarité. Lors des municipales de 2014, il y avait encore deux listes. Il y a une vraie volonté de conserver l’entité communale, ce qui n’empêche pas de travailler en bonne intelligence avec les villages alentours ». C’est d’ailleurs le cas sur le plan associatif. « Auparavant, il n’y avait que le club du 3ème âge qui faisait des animations. J’ai pris la présidence de l’association familiale Bon Accueil et nous avons monté diverses animations : une kermesse, un vide-greniers… ceci avec les communes voisines de Faymoreau et Puy de Serre. C’est important que les enfants puissent avoir des occupations en dehors de chez eux ».
Steve vit avec ses parents. « Ma maman est atteinte du syndrome de Korsakoff qui nécessite une présence quasi permanente ». Son travail le conduit à Mouilleron en Pareds dans un cabinet comptable. « J’ai renoué avec ma formation initiale : un BTS compta gestion organisation. Je voulais entreprendre une licence d’histoire, mais la réforme des IUFM a entraîné des temps d’attente que j’estimais trop longs. J’ai suivi une mise à jour de mes compétences à l’occasion d’un stage chez CER France. Ils m’ont pris dans la foulée ». L’entre-deux a été occupé par différents petits boulots dans diverses entreprises du secteur.
La vie à la campagne lui offre sa respiration mais également l’occasion de découvrir des petits coins insoupçonnés. « Tout ce qui touche à l’histoire me passionne et en ce sens, celle de la région est riche. J’ai été marqué par l’enseignement de ma prof d’histoire-géo, Madame Razin ; elle m’a donné le virus ». Son personnage historique emblématique ? « Peut-être Napoléon. ». Sur un plan local, Steve a beaucoup appris d’un militaire à la retraite passionné par le patrimoine. « Monsieur Tarnier a la connaissance et cette façon bien à lui de transmettre en sensibilisant les plus jeunes ».
Bien qu’il ait été conseiller régional jeune pendant son lycée, il garde ses distances avec la politique. « Pourtant, le fait que de la ville on nous regarde de haut, nous les habitants de petites communes, ça m’agace un peu. Il y a beaucoup d’a priori sur les campagnes. Mais je veux garder ma liberté, je n’ai pas envie d’être rattaché à un camp ».
Son socle de références, c’est sa famille. « C’est ce qui me permet de garder les pieds sur terre sans quoi je ne peux anticiper l’avenir ». La fragilité de la santé des siens est accentuée par la vie en milieu rural. « C’est prégnant sur le plan de la désertification médicale, mais aussi au niveau des services à domicile ». Pas au point de reconsidérer son attachement au mode de vie campagnard. « J’ai toujours de l’énergie et l’envie de me lever le matin. Nous ne sommes que de passage, d’où l’importance à mes yeux d’acquérir du savoir, des connaissances, pour ne pas rompre le fil de la transmission. C’est capital ».
Ma rencontre fortuite avec Steve a coïncidé avec un drame survenu dans sa famille, quelques heures plus tard : « Mon frère James travaillait à l’ambassade du Qatar à Paris où il a été tué le 23 mai 2022. Il devait déménager en Vendée pour prétendre à la tranquillité qu’il va trouver à jamais à Marillet le 27 juin 2022. Il reposera au côté de mon grand-père Lucien Ronceray ».
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