La Pointe d’Arçay, cette perle sauvage qui étreint le Lay avant qu’il ne se jette à la mer. Un Eden pour Jacques Marquis qui y aura travaillé trente et un ans au service de la biodiversité et des espaces naturels protégés de la presqu’île de La Faute-sur-Mer. Surveillance, suivis naturalistes avec comptages, génie écologique avec l’entretien de certains espaces comme les marres, accompagnement de groupes…C’est au bar associatif du village de Saint Denis que je rencontre ce pince-sans-rire qui aime jouer avec les mots.

C’est au cœur du bas-Bocage, à Saint Germain l’Aiguiller, qu’il goûtera aux plaisirs de la chasse. « J’ai commencé par louper deux Bacs, alors je me suis orienté vers un BEPA avec option cynégétique. Un secteur alors en plein développement. D’emblée j’ai trouvé un poste à la Fédération des chasseurs de Vendée, jusqu’au jour où j’ai appris que le poste de la Pointe d’Arçay se libérait. Mon prédécesseur prenait sa retraite. J’ai pris mes fonctions le 1er novembre 1988 au service des Réserves de l’Office National de la chasse auquel s’ajoutera par la suite la faune sauvage. Nous faisions découvrir le site par quelques animations, l’idée étant de le protéger par la connaissance ».

Le site d’Arçay est réglementé depuis 1951. « C’est la plus vielle réserve de la façade atlantique. Seules deux autres réserves sont plus anciennes en France: la Camargue et les Sept Iles dans la Manche ». Une préservation qui n’empêchera pas le déchainement des éléments. « Le gros évènement, ça été Xynthia en février 2010, un accident plus qu’une conséquence du changement climatique. Des tempêtes comme ça se produisent une fois toutes les générations, sauf que là, il y a eu une génération qui n’en a pas connu. On a laissé construire sans tenir compte de ce risque potentiel. La nature peut toujours se déchainer à un moment ou à un autre ». Il n’en tire pas de conclusion hâtive.

Jacques est célibataire, sans enfant. Quand il regarde dans le rétro, il apprécie le parcours qui a été le sien. « J’espère que les prochaines années seront aussi agréables que celles que j’ai vécues jusqu’ici. Il était plus facile de se faire embaucher à mon époque qu’aujourd’hui. Tous les gars de ma promotion ont trouvé rapidement dans l’environnement ». 

La Pointe d’Arçay lui laissera un souvenir d’ensemble. « Des lieux naturels magnifiques, des observations d’oiseaux fabuleuses, beaucoup de belles rencontres. Je me suis intéressé à l’ornithologie pour témoigner. Le cochage des espèces et le nombre d’oiseaux me passionnait moins, même si ça reste sympathique, semblable à la philatélie. Ce n’est pas une passion dévorante qui nuit à l’environnement ». Sur le plan des passions, il a goûté à pas mal de choses. « La course à pied, l’escalade, les randonnées à cheval, en canoë ou à pied ». Il s’est même offert l’ascension du Kilimandjaro pour ses cinquante ans. « J’ai gravi le sommet de l’Afrique, celui d’Irlande, le sommet de Vendée, et enfin, celui de l’ile de Sein, avec un petit téton au bout de deux mètres de haut ».

Posé, réfléchi, son pseudo flegme anglais cache à peine un caractère trempé. « Je suis prudent avec les belles paroles des personnalités. Je préfère suivre mon bonhomme de chemin en faisant confiance à mon propre avis ». Jamais avare d’un bon ou mauvais jeu de mots comme il le dit lui-même, réussissant ses effets avec des silences qui laissent place aux éclats de rires, l’homme est facétieux.

Et engagé. « Je fais mon premier mandat de conseiller municipal. Je me suis investi dans ce bar associatif, première version de ce tiers-lieu qui verra s’ouvrir prochainement une épicerie. Il n’y avait plus de commerce à Saint Denis ; c’est agréable de se retrouver ici ». Le mot de la fin, il l’emprunte à ses amis. « Restons calmes et buvons frais ». Une philosophie qui vient tempérer les tourments du quotidien.