En me baladant dans la paisible commune rétro littorale de Vairé, je croise le chemin de Gaëtan, originaire du village. Sensible au patrimoine, il est tourneur sur bois et restaure des meubles anciens. On fait appel à lui également pour entretenir le jardin, assurer un dépannage à la maison (sauf l’électricité et la plomberie). Un gars du cru qui ne se voit pas habiter en ville.
Il aurait aimé être agriculteur, tranquille, avec quelques bêtes et un cheval. Lui a grandi dans le café du village tenu par sa mère, jusqu’à ses neuf ans. « C’est peut-être ce qui m’a donné le goût pour l’histoire locale ? Durant quelques années, j’étais actif au sein d’une association en charge de l’histoire et du patrimoine de Vairé. Aujourd’hui, l’association centre ses recherches sur les hommes et les femmes qui ont fait l’histoire du village ; moi, c’est le petit patrimoine qui m’intéresse : le lavoir municipal qui mérite d’être restauré, la pierre du crieur sur la place de l’église, une des dernières en Vendée. Juché sur cette pierre, le crieur faisait ses annonces après la messe ». Le petit patrimoine englobe aussi quelques calvaires, des petits ouvrages d’art, comme ce tunnel taillé en pierre qu’il est retourné voir récemment. Tout ce qui pique sa curiosité lui vaut un déplacement, à Vairé ou ailleurs. « J’aime bien voir de mes propres yeux ce dont j’ai entendu parler, ce que je vois dans le journal ou à la télé. Je suis curieux. Et ça m’enrichit sur un plan culturel ».
Gaëtan qui aime la nature, est heureux dans son jardin. « J’ai fait évoluer ma façon de travailler. J’ai laissé tomber le motoculteur pour me rapprocher aujourd’hui de la permaculture. Je suis sensible à l’environnement, sans m’en inquiéter pour moi ; davantage pour ma fille et un jour -je l’espère- mes petits-enfants. Je suis très attentif à tout ce qui peut être recyclé. Et j’ai toujours mon cendrier de poche avec moi ; je ne jette jamais un mégot ».
Il aime suivre l’actualité, du local à l’international. « Les problèmes ne manquent pas, mais je ne vais pas me mettre la rate au court-bouillon pour ça ! ». Il fait référence à la chanson de Calogero, ‘C’était mieux après’ évocatrice pour lui. « Il y a des gens importants pour moi, peu nombreux, mais d’un fort soutien. Dans la vie, il peut y avoir des gens très aidants, et d’autres, plus nuisibles ». Gaëtan vit seul avec sa maman. Son père est décédé en 1998. « Nous étions en conflit souvent, et pourtant je me sentais proche de lui. Je crois qu’il aurait aimé faire le métier de mon grand-père (que j’ai peu connu) : menuisier. Mais comme il était l’aîné de sa famille qui possédait des terres et de la vigne, il est devenu cultivateur. Quand il venait soigner ses tourterelles qui se trouvaient près de mon atelier, il ne pouvait s’empêcher d’y jeter un œil. Il me disait : tu vas périr ici. Avec le temps, j’ai compris que c’est le métier qu’il aurait aimé faire ».
C’est aussi cette nostalgie qui pousse Gaëtan à collectionner des objets du quotidien de l’entre-deux-guerres. « J’ai des lampes à pétrole, des barattes à beurre… les outils de nos anciens. Je crois que j’aurais aimé vivre à leur époque ».
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