Sa famille est d’origine portugaise, avec un grand-père qui a fui un système politique autoritaire, qui lui-même faisait suite à la Dictature nationale autour des années 1950. Un épisode qui a renforcé le cercle familial auquel Eva attache une importance primordiale. Elle poursuit ses études autour de l’évènementiel. Voir des sourires ou des émotions emplir un visage lui procure du bonheur.

Sans trop savoir ce qu’elle voulait faire, elle connaît rapidement ses premiers critères. « Du contact et si possible de l’interaction avec les gens, un travail non sédentaire. J’ai fait un BTS plutôt académique sur deux ans à Nantes, et là j’enchaîne une troisième année en alternance, dans le cadre d’un Bachelor. Ça me laisse un champ de liberté pour élaborer différentes stratégies, étudier plusieurs pistes. »

Ce goût chevronné du contact, elle l’a puisé chez les siens. « L’histoire de mes grands-parents m’inspire beaucoup. Mon grand-père a rencontré ma grand-mère qui était au service d’une famille, sans savoir ni lire ni écrire. Il lui a appris… puis plus tard, ils se sont mariés. Il a fui le Portugal sans dire à sa femme où il allait, de peur que la milice la force à parler. Il lui a simplement dit qu’il donnerait des nouvelles quand il le pourrait. Il est parti avec son meilleur ami, sans qui il n’aurait pas survécu. Il s’était blessé au pied et les passeurs ne s’encombraient pas des gens qui ralentissaient la marche. Une fois arrivé en France, il lui a écrit, puis il est revenu la rechercher trois ans après, quand le climat politique s’est détendu. » Le papa d’Eva, né en France, est le dernier des trois enfants.

Une histoire qui ne la quittera pas. « Les deux premières années de ma vie, je les ai passées avec mes grands-parents ; ils me gardaient toute la journée. » Puis une opportunité professionnelle a amené ses parents à reprendre une affaire familiale à Foussais-Payré. « Ça a été compliqué pour eux de se séparer du noyau toulousain, presqu’ une déchirure. Mon grand-père a bientôt 97 ans. »

Eva apprécie son époque, même si le Covid est venu jouer les trouble-fêtes. « Les cours à distance, cloîtré chez soi, c’était pénible, en particulier dans un métier comme le mien. Mais quand je vois la situation actuelle en Ukraine, je me dis que ce qu’on a vécu n’est pas si grave. Nous n’avons pas été arrachés à nos familles, à nos amis, à nos maisons. »

Elle a connu la peine de cœur adolescente. « Je suis resté avec quelqu’un durant deux ans et demi, une relation assez abusive sous emprise psychologique. Je ne maîtrisais pas mes choix. » La rupture sera sa libération. « J’étais très jeune, un peu perdue. Moi qui avais toujours suivi, je me retrouvais face à moi, pour faire mes véritables choix personnels. Au final, cela m’a sauvée. Sans ça, je n’en serais pas là aujourd’hui. »

L’émancipation est un de ses sujets favoris. « Je dévore les livres, peut-être un par jour en moyenne. C’est viscéral, je ne peux pas faire autrement. Je lis beaucoup l’histoire des royautés, la royauté anglaise, ou encore tout ce qui tourne autour de la mythologie me passionne. Je lis aussi beaucoup de romans ; je suis moins fan des thrillers. » Quand elle lit, elle est imperturbable. « Je suis dans une bulle. » Un de ses livres préférés est ‘Orgueil et Préjugés’ de Jane Austen. « Une histoire autour de la condition de la femme, que je trouve bien inspirante. »

Au-delà de ses lectures, la famille reste sa source d’inspiration. « La force de mes grands-parents portugais et l’engagement de mes grands-parents maternels. Mon grand-père a été maire de Foussais-Payré durant deux mandats ; ma grand-mère était dévouée dans le milieu associatif ; elle présidait l’ADMR. Ils sont engagés au sein de la paroisse, accompagnent les familles en deuil. Mes parents donnent tout pour l’entreprise. C’est très inspirant aussi. Autant de gens qui me poussent vers le haut au quotidien. » Eva a deux petites sœurs.

Sur son bras, elle a fait tatouer cette phrase : « Je suis à moi avant d’être à quelqu’un d’autre. » Une référence à son histoire personnelle. Son projet prioritaire, c’est de fonder une famille. « C’est le modèle que je veux reproduire. Peu de filles de mon âge partagent cette vision. Je peux aussi les comprendre, notamment devant la montée de l’insécurité, notamment dans les grandes villes de province. » À vingt ans, Eva a son avis sur l’éducation des enfants. « Il faut savoir dire à nos garçons l’importance du respect et aux filles la nécessité de s’affirmer.  »

L’expérience de sa jeune vie l’a façonnée. « Quand on prend un coup, il faut se relever et avancer. Je me suis relevée plus forte que j’étais auparavant. Cette leçon a permis de m’affirmer davantage aujourd’hui. » La résilience n’est pas une affaire d’âge !