Quand, à la vue de son fascinant temple de granit, beaucoup évoquent le facteur Cheval, lui se réclame plutôt de l’artiste mayennais Robert Tatin. Gildas a le regard doux et le verbe chantant qui se faufilent à travers le granit de son chef d’œuvre monumental, comme l’Yon au milieu des chaos en contrebas. Les touristes s’émerveillent de ses réalisations. Un joli détour à recommander.

Passionné par l’art depuis toujours, Gildas est né à quelques pas de la maison qu’il habite aujourd’hui, non loin de la Vallée de l’Yon, près d’un endroit réputé : ‘Piquet’. « Tout petit, je faisais des bonhommes avec de la terre glaise, avec des petites maisons pour les abriter ». Un don inné qu’il souhaite développer par la technique. « Pendant trois ans, j’ai suivi des cours de dessin et de peinture par correspondance auprès de la très sérieuse école ABC de Paris. On apprenait le dessin, la perspective, la composition et la couleur ». Pas d’internet ni de téléphone à l’époque. « On recevait par courrier les corrections notées sur un calque apposé sur le dessin ou des notes sur le choix des couleurs ». Par la suite il a beaucoup exposé et reçu de nombreuses récompenses et distinctions. Il est adhérent de la Fondation Taylor et membre actif de l’Académie Art Sciences et Lettres. Il a été admis au sein du Mérite et Dévouement Français et au rang Croix de Vermeil. Sa curiosité ne se limite pas au dessin ou à la peinture. « J’aime travailler toutes les matières, y compris les métaux. J’ai réalisé des bas-reliefs sur des planches de bois. C’est avec une gouge que j’ai découvert la sculpture ».

En parallèle de sa passion, il assurera ses arrières en travaillant pour la ville de la Roche sur Yon. « J’ai d’abord été peintre, puis j’ai travaillé dans les services de la ville à l’entretien des bâtiments, toujours à temps partiel. Il m’arrivait d’intervenir chez des particuliers dans le cadre de l’action sociale ».

En réalisant l’assainissement de sa maison, Gildas extrait de gros blocs de granit. « J’ai souhaité les conserver en me disant : peut-être qu’un jour… Mais je ne pensais pas à quelques chose d’aussi monumental, plutôt une modeste petite ville antique. Au fil du temps, ça a pris de l’ampleur. Jusqu’ici j’ai réalisé le temple ‘positif’, une forme d’idéal avec les grandes figures historiques qui ont fait le bien : l’abbé Pierre, Gandhi, Nelson Mandela, Charlie Chaplin, etc. ». Les grandes civilisations qui ont fait l’humanité figurent à travers l’art étrusque, les précolombiens, le taoïsme, comme une vision fraternelle des peuples. « Je souhaite compléter avec une autre tour à proximité qui soit plus en lien avec une réalité plus douloureuse : les conflits et les maux de notre société, des références à des œuvres comme Guernica… ». Cette sculpture à ciel ouvert ne peut être rangée dans un registre spécifique. « Cela répond juste à ma sensibilité. Je suis un enfant de l’école publique ; je suivais le catéchisme. J’ai représenté les trois religions monothéistes, le bouddhisme aussi ».

L’attrait est tel que les promeneurs qui descendent vers Piquet s’arrêtent contempler le travail de Gildas. « Il y a des jours où je peux à peine travailler. Mais c’est un plaisir de partager avec eux, et même un moteur. Quand je suis dans la tour et que je sens un véritable intérêt, je descends. Je pense que je ne pourrais pas faire tout ça si les gens étaient indifférents. C’est mon carburant ».

Dès qu’il a une minute, il sort de chez lui, ou plutôt : il sortait, car depuis quelques jours il est immobilisé suite à une blessure consécutive à une chute. « Depuis 15 jours, j’ai fait quatre tableaux ; ça change les idées ». Quand il évoque ses réalisations, il parle aussi de transmission. « Il restera quelque chose après moi. C’est aussi une façon d’interpeller et de faire réfléchir. Je suis surpris de l’impact que cela peut avoir, des très beaux témoignages reçus ». Il en convient : le monde n’est pas aussi idéal que son ‘Temple de l’Union’. « La menace la plus importante aujourd’hui, c’est le conflit ukrainien. Elle élude la question environnementale qui demeure préoccupante pour les futures générations ».

Quand il n’a pas le ciseau ou le pinceau en main, il aime jardiner. « Je réserve la peinture pour l’hiver, et pendant les ¾ de l’année, je travaille dehors ». Son calendrier n’est contraint par aucun impératif. « J’ai commencé il y a un peu plus de sept ans. Quelquefois je me dis qu’il faut être un peu taré… mais moi, je suis content de travailler comme ça, sans me soucier du programme du jour. Je sais simplement que je ne vais pas m’ennuyer. Je ne vois pas le temps passer ».

Marié et père de deux enfants, Gildas coule une vie paisible, sans gros heurts. « Pouvoir exprimer quelque chose à travers l’art est un don qui me permet de communiquer avec les autres. Celles et ceux qui ont la moindre capacité doivent l’exploiter ». Pour lui, c’est une clé du bonheur !