Son sourire vaut mieux que mille mots…La vie d’Anne a basculé en août 2003, suite à un AVC qui l’a rendue tétraplégique, avec un usage de la parole très limité. Son mari, Stéphane a choisi d’arrêter son travail pour se consacrer entièrement à sa femme qu’il a épousé 4 ans plus tôt. Plutôt que se replier, Anne et Stéphane parlent de cette nouvelle vie, sans fioritures, avec dignité et simplicité, et un trait d’humour qui apporte de la légèreté. Une approche positive qui force l’admiration.

Anne est originaire de Saint Mesmin. « J’ai touché à différents boulots, notamment en tant qu’intérimaire ». Elle épouse Stéphane en juillet 1999, devient maman d’un petit garçon en avril 2000. La petite famille mène une vie ordinaire jusqu’à ce que l’imprévisible accident cérébral se produise ce 9 août. « C’était le jour de l’anniversaire surprise que je préparais pour Stéphane ». Anne restera hospitalisée 3 ans et demi.

Le cercle familial rapproché sera le meilleur rempart face à l’épreuve. « Je suis portée par mon entourage : Stéphane prend le plus grand soin de moi. Il y a notre fils Quentin qui m’a beaucoup apporté et qui m’apporte toujours. Il est lui-même papa d’un petit garçon depuis 6 mois. Je suis mamie. Tout ça me donne de l’énergie ». Tout n’est pas toujours rose. « Comme chez tout un chacun, il y a des hauts et des bas, des moments de pleurs comme des éclats de rire ». Il y a chez elle des ressources profondes qui la poussent à regarder le bon côté de la médaille.

Les progrès technologiques lui offrent une capacité de communication appréciable. « Je commande mon ordinateur avec un système infrarouge qui me permet de commander une souris virtuelle et un clavier virtuel. Ça me permet de communiquer avec tout le monde, par mail, sur les réseaux ». C’est ainsi qu’elle a pu rédiger deux livres : « Quand tout bascule » et plus récemment « Face à la réalité ». Elle y décrit une façon de vivre ‘presque normale’. L’écriture a ses vertus thérapeutiques. « Je reçois énormément de messages en réponse à ce que j’écris. Donner de l’espoir aux autres m’apporte beaucoup de réconfort ». Pour son premier livre, elle a rassemblé les notes qu’elle écrivait depuis sa sortie de l’hôpital, à l’insu de son mari. « Le livre est sorti huit ans après l’accident. J’explique ce qui m’est arrivé. Dans le second livre je raconte mes journées à la maison, mes soins chez le kiné ou l’orthophoniste, nos divertissements et les joies simples du quotidien ». Elle y défend également l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées.

Tous les ans, elle témoigne dans un collège de la Châtaigneraie. « Cette initiative est partagée avec l’association ALIS (Association Locked-In-Syndrom) dont je suis membre. J’explique ma situation ». Le handicap reste tabou. « Les gens qui ne me connaissent pas me voient différemment. Cela peut faire peur ».  Anne et Stéphane ont participé à deux émissions de télévision avec Carole Rousseau par le biais d’ALIS. « Des équipes sont venues filmer notre quotidien durant trois jours, puis nous sommes montés à Paris pour l’émission. Notre témoignage constitue lui-même la réponse au nom de l’émission : ‘C’est quoi l’amour ?’. Je suis toujours en contact avec Héléna la journaliste. Elle a une vraie sensibilité pour le monde du handicap ».

L’histoire de Anne est indissociable de celle de Stéphane. « En 2003 j’étais chauffeur de tourisme et je partais pour plusieurs jours. Une situation comme celle qu’on connait oblige à une très grosse remise en question. J’ai découvert par le journal l’existence du statut d’aidant. J’ai fait le choix d’abandonner mon travail pour être totalement disponible pour Anne. Elle n’était pas spécialement favorable au départ. C’était mon choix ». Le couple habitait Montournais à l’époque. « Il a fallu aménager la maison. On a fait construire ensuite un plein pied ici à Pouzauges ».

La bonne humeur de Anne est contagieuse pour Stéphane. « Auparavant, je n’étais jamais chez moi et là, c’est l’inverse. Les liens familiaux se sont resserrés. On prend beaucoup de temps pour échanger avec la famille, les amis. C’est un mal pour un bien ». Anne et Stéphane veulent montrer que malgré le handicap, on peut faire de nombreuses choses. « On a fait des voyages en Espagne, Angleterre, Belgique et bien sûr en France. On fait pas mal de sorties ; on aime assister aux concerts ». Anne est fan d’Indochine. « La musique ça aide à évacuer les tracas. On les a vus plusieurs fois, à Poupet et au Stade de France ».

Anne croit en la richesse des gens. « Bien sûr qu’en ayant vu la mort de près je considère les choses différemment. Je ne me pose plus de questions sur l’avenir ; je veux profiter ». Elle s’agace un peu des personnes qui râlent pour un rien. « Ceux qui se plaignent de ne pas vouloir faire telle ou telle chose, eh bien moi, j’aimerais bien en faire plus » lance-t-elle en guise de boutade.

Tous les gens de son entourage se sont adaptés. « Avec eux il n’y a pas de différence entre avant et maintenant. Tout le monde s’adapte. Tout simplement ». Le tout souligné par un sourire rayonnant !