Chauds, chauds, les marrons ! Johnny perpétue la tradition du marron grillé sur le marché de Noël, succédant à son père en poste depuis 26 ans à Tiffauges. Quand il n’a pas les mains noircies de cendre, il taille la vigne comme en ce moment, du côté de Mareuil. Depuis l’âge de 10 ans, à longueur de vacances ou de weekend, il était présent sur les foires derrière son étal de fruits et légumes, jusqu’à ce qu’il devienne vigneron il y a peu de temps.

« J’ai su par mon frère qui est embouteilleur et mon beau-frère qui, lui, est vigneron, que leur employeur cherchait du personnel. J’ai eu envie de travailler dans la vigne où on apprend à vivre avec les saisons, la nature ». Une fois les feuilles tombées, la taille peut commencer. « Cette période peut durer jusqu’à cinq mois selon l’importance du domaine. On en profite pour réparer les piquets, entretenir les sols, aérer les pieds. Il faut remettre la vigne propre et droite pour la nouvelle saison ».

Le raisin, Johnny était plutôt habitué à le voir sur l’étal de son père. « Je l’ai accompagné sur les marchés de la côte vendéenne pendant de nombreuses années. Chaque semaine, on descendait chercher les fruits et légumes à Agen ». Un métier qui laisse peu de repos. « Mon père a fait partie de l’équipe présente lors de la première édition du marché de Noël. Il est arrivé avec une poêle percée et une vieille crêpière pour faire griller des châtaignes. Il nous a quittés l’an dernier le jour de Noël, peut-être à cause des fumées nocives. Aujourd’hui nous portons le masque, pas uniquement en raison du Covid ».

Outre le savoir-faire, le marché a été une école pour Johnny qui y a développé son sens du contact et de la relation. « J’ai eu envie de reprendre à ma manière ce que lui faisait. C’est ma façon de prolonger ce qu’il était. Ça me réchauffe le cœur quand les clients me parlent de lui. De cette façon, il est toujours présent ».

Son regard sur la période actuelle est marqué de dépit. « Dire que 18 ans c’est l’âge de tous les possibles, eh bien, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chaque époque a connu ses difficultés, mais je ne pense pas qu’on soit dans la meilleure en ce moment ». Lui qui aime bien aller en boîte de nuit, non loin de chez lui, au Manoir, a dû trouver d’autres moyens de faire la fête. Il aimait aussi enfourcher sa petite moto pour une virée entre potes. Johnny s’étonne des nouveaux modes de consommations alimentaires. « Ça tombe bien ; mon business ce sont les fruits et légumes. Pour autant, j’aime bien manger une bonne tranche de viande ».

Il considère que son père est toujours près de lui. « Il est toujours très présent et il me conseille. J’en ai la certitude, il est toujours avec moi pour me dire ce que je dois faire ».

Son message de conclusion est tourné vers les autres. « La fraternité est une des valeurs de la République, parfois mise à mal. Derrière, il y a des notions de solidarité qui me semblent bonnes à être rappelées ». Pour lui c’est important de savoir d’où on vient. « Il ne faut pas renier ses origines. Ceux qui pensent que c’est ingrat de faire griller des marrons n’ont qu’à venir avec moi. Ils verront le plaisir que j’y prends et que je donne aux clients pour qui cette tradition est indissociable de la période de Noël ».