Arpenter le musée privé de Jean-Marie Gelot ne peut se faire qu’avec les yeux écarquillés et les esgourdes bien réceptives d’autant de commentaires savoureux. Voici 25 ans qu’à la suite d’un cadeau offert par son épouse, une Peugeot 201 de 1934, il ramasse tout ce qu’il trouve sur les chantiers. Il visite les brocantes, surfe sur le web à la recherche de l’objet introuvable, sillonne la France avec sa femme. Cet hyperactif, à la retraite depuis 6 ans, a écrit une monographie sur sa commune dont il est maire depuis 2020.

Petit, il aimait déjà fabriquer des petites voitures en bois, puis il les motorisait avec des mécanismes de réveil à clef. Il fera de nombreuses maquettes, avant de dessiner des maisons qu’il réalisera par la suite à échelle 1 lorsqu’il deviendra maçon, reprenant l’entreprise familiale. Son musée débute par une salle consacrée au marais. « Je ne pense pas que mon berceau ait été trouvé à travers les roseaux de la Sèvre Niortaise… mais le marais j’y suis très attaché ».

Il s’amuse de ses multiples projets. « Chez Jean-Marie tout est commencé, rien n’est fini ! ». Son imagination débordante ne l’empêche pas de mettre en valeur ses multiples trouvailles. Grâce à une organisation pointue. « Dans une journée, une fois les 8 heures consacrées au repos, il reste encore deux fois huit heures ». Il s’active sans relâche, avec une bonne dose d’optimisme comme carburant. « J’ai rarement le moral en berne. Il faut toujours positiver ».

Sa collection constituée de milliers de pièces (il n’a pas le temps de les compter) est remarquablement présentée : une rue couverte comme une vaste galerie où se trouvent des dizaines de voitures de collection, des motos, triporteurs, charrettes pour enfants, machines agricoles… Une vieille 404 est surmontée de vélos de courses… Sur le côté, un alignement de boutiques (épicerie, quincaillerie, mercerie, pharmacie, horlogerie…), tellement fournies qu’on se raccroche au propos de l’animateur du lieu tant on ne sait pas où donner du regard. La petite et la grande école, ornées des planches pédagogiques représentent à elles seules une enviable collection. Le garage semble en activité. « Le thème des boutiques peut changer au gré de mes trouvailles et de mes envies. La pièce du menuisier a été remplacée par exemple ».

La marque Peugeot fait figure de favorite. Au point de provoquer le déplacement de passionnés venus de Sochaux, un peu éberlués devant quelques pièces uniques. « On connait Peugeot pour les voitures peut-être moins pour toutes ses autres fabrications : des outils par milliers, des lames de rasoir et des patins à glace, des armes, des postes de radio, des moulins à café, des coupe-asperges, des fers à repasser. Il y a beaucoup de pièces rares ou inédites comme le grattoir de ferblantier ou encore ce présentoir de vilebrequins… ».

Originaire de Maillé, Jean-Marie est aujourd’hui le maire de sa commune. « Il faut aimer les gens, les faire cohabiter, y compris quand il y a des crispations, peut être encore plus nombreuses aujourd’hui ? ». Son territoire est chevillé au cœur de ce passionné. « J’ai écrit une monographie sur Maillé où chacun puise selon ses envies. J’ai à la fois un pied dans le passé, avec cet ouvrage ou avec mon musée, et quand j’étais dans mon entreprise, j’allais toujours de l’avant. Je ne suis pas un nostalgique ».

Jean-Marie est un homme ouvert. « Les voyages nous ont beaucoup apportés, du Cap Nord à l’Afrique ». La lecture fait aussi partie de son temps libre, pour peu qu’il en trouve. « J’aime l’histoire des constructeurs, mécaniques ou automobiles ». Tiens donc ! « Je lis aussi les romans d’Yves Viollier ».

Ses satisfactions sont nombreuses. Voir sa femme et ses enfants partager sa passion de collectionneur n’est pas des moindres. « Nos cadeaux de famille tournent toujours autour d’une pièce de collection. Rien ne peut nous faire plus plaisir ».

À 66 ans, Jean-Marie est toujours un grand enfant. « Vieillir m’angoisse ». Il se considère comme quelqu’un de possessif. « C’est peut-être pour ça que je n’ouvre mon musée qu’à la demande ? J’aime avoir des visiteurs motivés qui respectent les lieux et les objets ». Le résultat, éblouissant, est le fruit de son travail. « J’observe et j’apprends des autres. On ne peut pas faire sa propre école en étant isolé ».