Le théâtre est salvateur pour Sylvain, non seulement pour lui qui est plutôt l’homme de l’ombre en coulisses, mais pour sa troupe, composée en partie de personnes en situation de handicap. La scène pour retrouver la confiance en soi. Parmi ses multiples projets, il prépare un défilé de mode en partenariat avec les commerçants de Montaigu pour le printemps prochain. L’altruisme en taille XXL.

Sylvain fait d’abord une Fac de psycho puis des études pour être assistant social. En parallèle, il développe une passion pour le théâtre en fin de collège. « Ado timide, j’ai suivi quelques copains… Je n’ai jamais cessé depuis ». Le virus des planches les avait gagnés.  « Nous avons créé une asso théâtrale ‘Amis Parcours’ où je suis resté 20 ans ». Ecriture, jeu, puis mise-en-scène et animation d’ateliers sont devenus des modes d’expression et de partage. Sylvain veut ensuite aller plus loin. « FestiviThé est née de toutes ces expériences. L’asso compte aujourd’hui plus de cinquante acteurs sur cinq ateliers dont trois constitués de personnes en situation de handicap ».

Cette association est le projet de sa vie. Lui-même est porteur d’un handicap en étant sourd d’une oreille, ce qui lui a valu de nombreuses opérations lorsqu’il était enfant. « J’ai rencontré plein de gens en souffrance. Est-ce que c’est cela qui m’a aidé à me tourner vers les autres ? ». Partager sa passion du théâtre relève du défi. « Je voulais montrer que tout le monde peut monter sur scène. C’est une récompense infinie quand tu vois le sourire d’une personne qui a réussi à jouer un personnage, réciter un texte ». La réussite repose sur l’observation. « C’est le but des ateliers : proposer des petits exercices pour ressentir les points forts, la mémoire, la position du corps…C’est du sur-mesure et c’est seulement ensuite que je me lance dans l’écriture, en adaptant le texte aux potentialités qui s’offrent. ».

La pandémie n’a pas facilité les choses. « Certains se sont laissés aller, d’autres sont devenus agressifs. Je me souviens d’un acteur à qui je demandais ce qu’il voulait faire. Il n’arrivait plus à parler. Puis il est tombé en pleurs sur mon épaule en me disant qu’il voulait parler de sa détresse. La boule était sortie ». Alors Sylvain cogite. Il fait appel à des photographes amateur. « Je voulais que les acteurs se réapproprient leur image. La confiance et l’estime de soi sont devenus des priorités dans les ateliers que je propose ».

Lui qui connait bien le tissu commerçant de Montaigu veut aller plus loin. « J’ai proposé à certains commerçants de faire un défilé de mode au printemps prochain avec des acteurs valides ou handicapés. Ils ont tous dit : banco. Dans l’année, nous ferons différents projets pour que chacun se sente mieux avec son image : de jolis portraits photo, des ateliers de relaxation/maquillage avec  une socio esthéticienne, et enfin le choix des vêtements. Le jour J, ils seront coiffés, maquillés, préparés par des professionnels. Ils seront beaux aux yeux du public ; c’est très important pour la confiance en soi ». Le défilé doit se dérouler le week-end du 1er mai sur Montaigu. « Ce sera inédit, et forcément très chouette ! ».

Sylvain préfère parler des autres que de lui. « Je suis en retrait, mais au final, dans cette histoire, il y a beaucoup de moi. Aller vers les autres, se sentir utile, c’est peut-être aussi se soigner soi-même ? C’est en tout cas ma manière d’exister ». Il n’est pas isolé dans sa façon d’être ; c’est peut-être même la marque de fabrique de sa famille ? « L’influence de ma grand-mère qui était d’une bonté sans fin et d’une grande convivialité. Elle aimait nous rassembler. J’ai aussi ça dans mes gènes ».

Il se dit ‘éponge’ : « Je suis curieux de tout, je m’intéresse à tout : le jardinage, la cuisine, la lecture, me promener, m’asseoir à une terrasse de café. J’aime être dans l’observation constante, capter les choses qui m’environnent. Ça peut ressortir dans un spectacle ». Il travaille au service comptage de son entreprise pour préparer les expéditions de produits boulangers, toujours en contact avec des personnes en situation de handicap. Dès la débauche, direction le pavillon des nourrices, là où se déroulent les ateliers. « J’y suis trois soirs par semaine ». Une vocation cette vie consacrée aux autres ? « J’y trouve aussi mon intérêt. Je peux exprimer beaucoup de choses puisque j’écris sur-mesure tous les textes de mes spectacles ».

Sylvain dit avoir confiance dans l’humain pour affronter les défis qui se présentent. « J’aime bien l’image du colibri qui tente d’éteindre le feu avec sa petite goutte d’eau. Ma petite goutte d’eau, c’est la passion du théâtre mise au service de l’autre ». Son message ? « J’aimerais juste que les gens soient encore un peu plus sensibles à l’autre, sans jugement, sans aprioris ».