Dire qu’elle est éprise de voyages est peu dire… D’ici quelques jours, Marie-Thérèse fêtera ses 80 ans dans le Sahara, avec ses copines ! L’endroit au monde le plus magique pour elle qui a connu l’adversité. Elle forge ses dispositions naturelles qui font d’elle une femme de tempérament, dynamique, qui n’écarte pas de faire un tour du monde…

Avant de tenir un commerce de prêt à porter dans son village natal de Saint Hilaire de Loulay, elle a connu différentes expériences. « J’ai débuté dans la chaussure, chez Jauffrineau à St Hilaire, puis chez Patrick à Pouzauges. J’ai eu ensuite une opportunité dans une entreprise de chaussures des Herbiers qui me hissait à un niveau professionnel supérieur à celui de mon mari, ce qui n’était pas dans l’ordre des choses à l’époque. Nous avons décidé ensemble de prendre un commerce, ça a failli être une station essence, puis finalement on a tenu un grand café PMU à Nantes ». Le couple se sépare quelques années plus tard.

Marie-Thérèse ira travailler sur Sainte-Luce. « Je fais connaissance d’un policier qui deviendra mon mari. À l’âge de 34 ans, il est atteint d’une leucémie, décèdera 8 ans plus tard ». Il sera le deuxième greffé de moelle à Nantes. « J’y allais tous les jours, je cherchais à comprendre cette maladie. J’étais très proche des professeurs et chefs de clinique avec qui j’ai énormément échangé ». Quelques années plus tôt, le couple avait perdu un enfant à la naissance. « J’ai la chance d’avoir une certaine force de tempérament. Je ne me laisse pas aller ».

À Saint-Hilaire de Loulay s’ouvrait un centre commercial. « J’ai ouvert une boutique de laine qui s’appelait le Chat Botté. Tout le monde tricotait, faisait ses pulls…  Je travaillais avec sept tricoteuses à domicile. J’ai même fait des robes de mariée en laine. J’ai travaillé jusqu’à l’âge de 59 ans ».

Poussée par sa nièce, Marie-Thérèse fera un voyage aux Canaries, à l’hôtel Melia. « Pendant la maladie de mon mari, j’étais à 100% travail et accompagnement malade. Quand je suis arrivée à l’hôtel de Ténérife, j’ai été oppressée, ne connaissant ni la langue, ni personne. Le cocktail de bienvenue ne passait pas. Je me suis affalée avant de me ressaisir. Le soir, même chose. Alors que tout le monde s’amusait, j’ai pleuré à nouveau. Le lendemain, j’ai trouvé des amis, trois couples. On ne s’est plus quittés du séjour ».

Hormis l’Afrique noire, son passeport est bien rempli : la Chine, l’Inde, la Birmanie. « J’aime beaucoup l’Asie ». Le bassin méditerranéen, les îles de la Société, les Caraïbes, les nuits blanches de Russie, la Scandinavie… « Avec l’argent de tous ces voyages, je pourrais avoir une plus belle maison, mais aucun bon souvenir. J’en fais souvent deux par an, un plus grand, un plus petit ». Celui qui me marque plus que tout, c’est le désert en 2006. « Mauricette qui organise les voyages au Maroc me propose un Méhari trekking dans le Sahara. J’ai eu un ressenti là-bas comme nulle part ailleurs, un choc. J’y retourne bientôt pour la 14e ou 15e fois. La vibration est toujours la même ».

Le dépouillement désertique contraste avec l’opulence qui nous entoure. « Je connais des gens à qui il manque toujours quelque chose. Là-bas, les gens n’ont rien et sont toujours prêts à donner ». Les nuits sous la voûte céleste, Marie-Thérèse adore. « Je me souviens quand même d’une nuit où on courait après le matériel qu’une tempête de sable nous dérobait ». Un bon souvenir après coup. « J’y ai emmené aussi deux neveux et une nièce. Je sais que c’est leur projet d’y retourner quand ils auront terminé leurs études. Ça me fait plaisir ».

D’ici quelques jours, Marie-Thérèse fera sauter le champagne dans le désert, pour ses 80 ans. « C’est un objectif que je me suis fixé, il y a 3 ou 4 ans. Il y en a qui ont peur de vieillir ; pas moi, dès lors que j’ai la santé. A 80 ans, on a l’expérience de la vie, avec ses chutes, ses joies, les pleurs, les rires… Si ce n’est pas une vraie richesse ça ? ».

Elle qui n’a pas fait de grandes études, a appris par l’expérience et le voyage. « J’ai appris par les livres, par les très nombreuses rencontres ». Conseillère municipale durant 18 ans, elle a aussi beaucoup appris à travers son métier. « J’allais régulièrement faire mes approvisionnements à Paris. Durant ces 25 ans, pendant six mois de l’année, je me levais à 2 heures du matin le lundi. Je sautais au volant de mon Espace pour être à Paris avant les encombrements du périphérique ».

Au fond d’un grand jardin parfaitement entretenu, elle a son chalet, son atelier de tricotage et de couture. « Chez moi, je fais tout. A part l’électricité et la plomberie ». Elle aime la compagnie des plus jeunes, fait ses montages vidéo avec une amie, des récits de voyage le plus souvent. Elle aime beaucoup le cinéma. « Je vois souvent deux films le dimanche après-midi, quand je suis seule ».

Elle n’est pas du genre à avoir des regrets. « Si c’était à refaire, je crois que j’aimerais faire du théâtre. J’en ai fait un peu de 14 à 20 ans ». Sinon ? « Ah si ! j’aimerais faire le tour du monde. D’ailleurs, je me demande si je ne vais pas le faire. Sans sac à dos désormais ». A-t-elle eu peur quelquefois ? « Je ne m’en souviens pas. Si peut-être une fois quand nous avons croisé une caravane de dromadaires avec des chameliers aux airs suspects. ». Sa devise ? « Courage, bienveillance et respect ».

Je crois que nous pourrions être nombreux à porter un toast pour les 80 ans de Marie-Thèrèse, celle dont l’enthousiasme est tout simplement contagieux…