C’est une coquette sexagénaire qui souvent met la tête dans ses mains lorsqu’elle évoque son parcours plutôt chahuté. Ses voisines jeunes et moins jeunes vous diront qu’elle a un grand cœur, qu’elle ne rate pas une occasion de rire. Les animaux de compagnie occupent une place importante auprès d’elle.

Originaire des Deux-Sèvres, niortaise plus précisément, Lysiane fera son apprentissage en coiffure où elle obtiendra un CAP. « Ensuite, j’ai touché à pas mal de choses. J’ai travaillé dans une usine de chaussures à Saint Maixent l’école. Par la suite, j’ai été nourrice agréée ; je m’occupais d’un enfant trisomique. C’est une période qui m’a beaucoup marquée. En parallèle, je m’occupais de mes trois enfants ». Elle sera un temps poissonnière. Puis les chemins de la vie l’amèneront au Langon où elle travaillera en restauration après avoir passé un nouveau CAP à l’âge de 45 ans.

Côté cœur, le chemin est également sinueux. « J’ai été mariée une première fois 17 ans. Par la suite j’ai vécu avec un compagnon durant 7 ans. Je ne dois pas être une femme pour les hommes ». Elle vivra une nouvelle intrigue de 7 ans avec Pedro, qui a près de 20 ans de moins qu’elle. « C’est moi qui lui ai proposé de refaire sa vie, lui qui était en âge d’avoir des enfants. Il a fallu que j’insiste, même si pour moi c’était dur. Il a compris que c’était une preuve d’amour. Nous sommes toujours en contact ».

La malchance s’accumule. « Je suis arrivée aux Herbiers avec seulement quelques vêtements ». Elle fait une grave infection respiratoire. « Avec cette légionellose, j’ai fait 6 jours de coma. J’en suis sortie très affaiblie. Le bailleur social m’a proposé alors une petite maison à Saint Malô du Bois car je ne voulais pas retourner dans celle où j’ai failli mourir ». Cet épisode l’a traumatisée. « J’ai vécu une période de totale dépendance pendant quelque temps ; c’est humiliant. Il a fallu que ma sœur me pousse la cuillère pour que je recommence à m’alimenter ». Le peu de ressources qui lui restent seront vitales.

C’est alors que les petites bêtes prennent une place considérable dans sa vie. « Lily la petite chienne de ma voisine m’accompagnait quand j’ai repris à marcher. Elle m’attendait, comme pour m’encourager. Quand ma santé s’est améliorée, les rôles se sont inversés. Parfois je l’attendais. Il y avait une complicité entre nous ». La complicité est aussi palpable avec son perroquet Picsou. « Il est devenu mon fidèle compagnon. Il a ses caprices, me réclame de la musique car il ne supporte pas le silence continu. Il m’appelle le matin. Un vrai passe-temps ! ».

Lysiane entretient de fidèles relations dans son voisinage, une petite résidence pour personnes âgées. « Il s’agit souvent de veuves qui ont vécu en ferme. Tous les matins, je vérifie que les volets s’ouvrent. Je les assiste autant que je peux ; je vais marcher régulièrement avec l’une d’elles qui ne voit pas bien ». Elle achète des jeux qui pimenteront les rencontres dans sa rue. « Je vois aussi très régulièrement Delphine et Lucile de la périscolaire. J’aime beaucoup cette mixité entre les moins vieux et celles qui ne sont plus jeunes ». Ce sens de la solidarité, elle l’exerce régulièrement à travers la Halte du Cœur aux Epesses, où les invendus alimentaires sont redistribués aux plus démunis.

Côté divertissement, Lysiane n’est pas en reste. « Je peins. Je peux y passer trois heures d’affilée ». Elle surprend avec ses goûts cinématographiques. « J’aime tout ce qui est gore ; ça me fait vibrer. Je préfère les têtes qui roulent aux romans à l’eau de rose ». Parmi les CD qu’elle écoute, Yannick Noah et Claudio Capéo figurent en bonne place. « Peut-être que la vie de Claudio fait écho à la mienne ? ». Pour contenir ses humeurs, elle reprend le pinceau. « Quand la pandémie s’est ralentie, ma sœur Miky est venue de Charente-Maritime pour voir ma première participation à une expo ».

Les difficultés auxquelles elle a été confrontée auraient pu l’amener à se replier sur elle-même. « J’ai toujours une furieuse envie de vivre. Je n’aime pas les gens qui se morfondent ». Elle n’y va pas par quatre chemins. « J’aime la spontanéité des gens et le langage direct. Je n’aime pas les faux-semblants. Ça peut me jouer des tours : pas grave ». Une petite cigarette et un éclat de rire viennent clore cet échange sympathique.