Les vacances au bord de la mer…un des titres préférés de Bertrand ; sur scène, mais aussi dans la vie. Hyper sensible, pensif, pince sans rire, généreux : ainsi se définit-il. Lui aussi a fait de sa passion son métier, avec une exigence : celle de rencontrer et de plaire au public, et en prime le gros avantage du partage qui gomme les aspérités d’un travail acharné. Le Covid a provoqué un arrêt brutal depuis plus de deux ans. Place aujourd’hui à la reprise.

Son père jouait du clairon, sa mère, artiste dans l’âme donnait le coup de main au jardin musical du village. Les notes font partie de son quotidien depuis sa tendre enfance. « J’ai un petit côté rêveur qui a fait que j’étais plus à l’aise avec la clé de sol qu’avec l’école ». Son père ambitionne pour lui un vrai métier, pas un amusement. « J’ai suivi la voie de la menuiserie, jusqu’au BTS. A 33 ans, j’ai souffert du dos ; dès lors, je me suis consacré totalement à la musique ». Il n’avait jamais arrêté, puisqu’en complément du travail, dès la débauche, il troquait le rabot de menuisier pour promener ses doigts sur le clavier.

Bertrand a 17 ans lorsqu’il joue dans la formation SHOWYS, son groupe de toujours où il forme un duo au chant (comme dans la vie) avec Marina. « On a fait des concerts dans les cafés, puis les bals de mariages, les soirées d’entreprises…Nous n’avons pas de répertoire musette, plutôt variétés ». Quand il n’est pas sur scène, il est road pour aider à l’installation du son et de la technique. Il est aussi la cheville ouvrière du « Festival D-32 », un festival itinérant sur les communes du littoral vendéen. « On a fait quatre éditions à l’Aiguillon-sur-Vie, deux à Saint Hilaire de Riez et une à Saint Gilles-Croix-de-Vie ». Il participe aussi à l’opération caritative ‘Les Rockeurs ont du cœur’ à Saint Gilles. « L’objectif est de collecter des jouets pour les redistribuer aux enfants défavorisés au moment de Noël ».

La générosité, un état d’esprit qu’il partage avec sa femme. « Nos amis ont un enfant autiste, Victor. Pour ses parents, c’est quasi du H24 sans répit. Il a huit ans, une vraie pompe à énergie ; mais qu’est-ce qu’il est attachant ! On entreprend différentes actions pour donner un petit coup de pouce à l’association ASF 85, via le festival D-32, ou par le raid des Gazelles auquel Marina a participé durant trois semaines ». Le partage, la rencontre sont leurs valeurs communes. « On va régulièrement au Maroc, au sud d’Agadir avec des amis. On aide des familles, c’est aussi une belle école pour nos enfants, une ouverture sur le monde. On en revient toujours plus riches… ». Prothésiste dentaire, Marina a également cessé son travail. « On vit de notre passion et on apprécie cette liberté. Nous ne sommes pas toujours ensemble pour autant, notamment quand j’interviens comme technicien. Le détachement participe aussi à notre équilibre de couple ».

Bertrand a gardé la menuiserie comme plaisir, en mode bricolage. « Je passe beaucoup de temps avec Enzo, notre fils, un passionné de surf et de natation. Je me suis rendu compte que j’étais un peu comme mon père en voulant l’attirer à la musique. Ce n’est pas son truc du tout ». Enfant unique, un choix guidé par le travail. « La semaine chez la nounou, le weekend chez la mamie…C’est pour ça que Marina a arrêté son job. En quinze ans, nous avions fidélisé une clientèle. Avec une bonne dose de volonté, on a réussi à faire de la musique notre métier à nous deux ».

Il s’agace d’un monde médiatique omniprésent, qui fait la pluie et le beau temps. « J’essaie de moins regarder, même si je suis encore l’actualité. Ça ne vaut pas une bonne balade en bord de mer, un coucher de soleil… ». Il n’arrive pas à totalement décrocher. « Les débats politiques…quelle image déplorable pour nos plus jeunes. Ce n’est pas surprenant qu’ils aient besoin d’ailleurs. Mon fils voudrait être shaper, partir avec des amis en différents coins du monde ; je comprends ». Pourtant Bertrand apprécie son cadre de vie. « On a la chance d’habiter une belle région, avec une économie encore porteuse. Plus largement, on voit bien que les Français ont peur, qu’ils sont un peu paumés. Ce n’est pas rassurant ».

Bertrand peut s’isoler avec son casque pour écouter des concerts en streaming, mais le plus souvent, il préfère être en mode actif. « Être aux commandes du groupe dont je suis le mandataire ou du festival me rassure, tout comme être entouré me rassure. Je parle beaucoup ; je peux être saoulant. Si j’apparais froid d’entrée, je suis en réalité un gros déconneur». Il fait partie des trois musiciens présents depuis le début de SHOWYS. « Chaque nouveau musicien apporte sa note. Il y a parfois des désaccords, mais c’est ce qui construit le groupe tel qu’il est aujourd’hui ». La rencontre professionnelle déterminante est celle avec Olivier Rousseau. « Un pianiste talentueux qui m’a apporté bien au-delà de la musique ; une belle personnalité ».

Le dynamisme n’est pas une question d’âge pour lui. « Ma mère qui a 82 ans est toujours dans les projets. En ce moment, elle fait des sacs à main avec des jeans qu’elle récupère, un projet de jeune hippie de 20 ans ; elle me fait marrer. Avec mes sœurs, on lui doit beaucoup sur le plan de la créativité. Mon père est sur un autre registre, plus rigide, mais bienveillant… J’ai partagé le clairon avec lui. Aujourd’hui il est très complice avec mon fils Enzo ; ça m’amuse de les observer ».

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