Responsable d’atelier dans une agence automobile, Matthieu s’apprête à se lancer dans un élevage de poules pondeuses en plein air, à la Roche sur Yon. Agriculteur atypique, il lève les obstacles (non éligible aux dotations jeunes agriculteurs notamment), anticipe les confinements appelés à se reproduire en milieu aviaire. Jeune chef d’entreprise associé avec son frère, il communique sa passion d’entreprendre sur sa chaîne YouTube.
Bien qu’il soit fils d’agriculteur, son cursus est détaché du milieu agricole. « J’ai travaillé en mécanique automobile après avoir obtenu un BTS ». Lui qui aime bien la mécanique pure se passionne moins pour les évolutions hybrides ou électriques. Surtout, il y a son père qui prend sa retraite. Une opportunité qui s’offre à lui. « Mon frère est enseignant en agronomie. Nous avons voulu poursuivre l’exploitation familiale en ne conservant que les cultures, chacun poursuivant son emploi de son côté. Seulement, je me suis vite rendu compte que c’est à la ferme que je m’épanouissais le plus. Travailler pour soi, c’est une belle plus-value à titre personnel ».
Sans pouvoir agrandir la surface de l’exploitation par manque de terres disponibles, le duo s’oriente vers l’élevage et prend le bâton de pèlerin pour visiter différentes filières. « Veaux, bovins, cochons… C’est finalement un éleveur de poules pondeuses qui a su me convaincre sur cette production assez méconnue. Son bâtiment était en période de vide sanitaire. Tout reluisait, c’était nickel. La production en cages est bannie. Le bio sature en ce moment. Alors j’ai choisi le plein air ».
Matthieu est attentif aux évolutions du métier. « On va bientôt éliminer les problèmes de sexage en détectant le sexe des futurs poussins avant l’éclosion, soit par une méthode dite “invasive” (perforation de l’œuf), soit dite “non invasive” (à l’aide d’un scanner) ». Il limitera l’achat d’intrants en récupérant la fiente de ses poules. Le choix du plein air n’expose-t-il pas davantage son élevage aux risques sanitaires compte tenu des flux migratoires des oiseaux ? « Le bâtiment comprend des jardins d’hiver, ouverts sur l’extérieur, avec des préaux qui limitent les possibles contacts ». Sa coopérative lui laisse les mains libres pour une possible vente directe, ce qui n’est pas neutre aux abords d’une ville de plus de 50 000 habitants.
Depuis le mois d’août Matthieu se consacre totalement à l’exploitation. « Mon frère poursuit son travail de son côté. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir faire une démission reconversion, ce qui, à défaut des aides jeunes agriculteurs, m’a permis de prétendre à l’ARE et à l’ACRE (aides à la recherche d’emploi et à la création d’entreprise) ». Le gros chantier du moment c’est la construction de l’élevage. « Le premier lot de poules devrait arriver fin mai début juin. Je suis impatient ».
Papa de deux enfants dont il a la garde alternée, Matthieu veut garder la maîtrise de son temps pour le partager aussi avec eux. « Je souhaite faire en sorte que le moment venu, ils fassent leur propre choix pour faire ce dont ils ont réellement envie ». Quand il a besoin de s’échapper, il enfourche le VTT, file sur les sentiers. « Le plein air, c’est la liberté ».
Son smartphone n’est jamais très loin, ne serait-ce que pour filmer son quotidien. « Je communique régulièrement sur ma chaine YouTube pour montrer mon métier, faire voir l’avancement du chantier. Transmettre et former les plus jeunes m’a toujours plu. Je veux aussi montrer que, sans avoir suivi le schéma classique de l’enseignement agricole, on peut s’installer ». La motivation ne doit pas éluder la réflexion. « Il faut se poser les bonnes questions, prendre le temps, garder le cap de ce dont on a vraiment envie ».
Il aimerait tempérer les associations de défense des animaux parfois excessives à ses yeux. « Depuis quelques années, il y a eu des changements qui étaient nécessaires. L’arrêt de la cage n’est pas anodin. Il faut de tout pour faire un monde, et en agriculture, il y a de la place pour tout le monde si on se respecte ».
Sa chaîne YT : Matthieu agrivendee
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