La trajectoire de ce comédien est assez peu rectiligne. Il choisit le théâtre faute de cours audiovisuels en IUT, avant d’intégrer l’école Claude Mathieu. Sylvain dont la culture musicale est assez large goûte au rap. Tout ça entre deux services au restaurant le Train Bleu à Paris où il est groom, comédien et chanteur.

Lui se destinait à être animateur socioculturel. Le théâtre ne retient pas son attention parmi les options de l’IUT. Il souhaite plutôt faire audiovisuel et musique. « Un ami me propose pourtant de tenter le théâtre. Après les premières séances, j’ai tout de suite senti que c’était ma vie ». Sylvain, plutôt introverti, ne craint plus rien sur scène. « Je pouvais explorer un tas de choses. Je me sentais vraiment vivant, libre. Je respirais ». Il tente le concours de l’école Claude Mathieu. « Lors de l’audition, j’étais beaucoup trop stressé ; en plus je passais le dernier, voyant défiler avant moi des gens qui semblaient plus sûrs. Lors du débriefing le directeur de l’école me dit : cet entretien n’est pas à l’image de votre audition, il révèle une toute autre facette de votre personnalité, revenez dans 2 mois ». Pour cette deuxième tentative il interprètera les Vieux de Jacques Brel. « Les vieux ne parlent plus, ou parfois seulement du bout des yeux…Je pensais à mes grands-parents, à ma mamie qui n’était plus de ce monde. Il y a tellement de tendresse, de douceur ». Le jury est conquis. Sylvain fera le cursus complet durant 3 ans.

Les souvenirs d’enfance remontent. « Une de mes premières rencontres avec un public c’était avec une chorale. Je devais interpréter un solo accompagné par un piano. J’ai dit à ma professeure : je vais mourir, tellement j’angoissais. A la fin de mon interprétation, j’ai vu mes proches et l’ensemble du public émus et touchés ». Sa première prestation scénique le marquera aussi. « Quelqu’un est venu pour me dire que j’étais celui qu’on voyait le plus, moi, plutôt effacé. Ça m’a mis en confiance. Je pouvais par le biais du théâtre exprimer des choses plus intimes. Assez universelles au final ».

A la sortie du cours Mathieu, Sylvain cherche un emploi. « C’est difficile de démarrer tout de suite avec un emploi à temps plein dans le théâtre ». Le hasard (ou sa bonne étoile) l’amène à postuler au prestigieux restaurant le Train Bleu, gare de Lyon. Il y joue le rôle d’un groom, chante Brel, Barbara ou Nougaro, commente les 41 tableaux qui ornent ce magnifique endroit. « Tout ce que j’aime et qui me laisse en plus la possibilité d’exercer en complément mon métier passion. C’est génial ».

Sylvain, également magicien depuis le lycée, a plus d’un tour dans son sac. Depuis quelques mois, c’est le rap qu’il explore. « Pour Dom Juan dont la mise en scène est signée Ida Gaspard, nous testions différents effets sur le texte dont le rap, et ce fut un véritable coup de cœur. J’ai poursuivi de mon côté, sous le pseudo de Sganarelle, avec des thèmes beaucoup plus personnels : une rencontre, un hommage à ma mamie, mon regard sur le monde. J’enregistre en studio régulièrement. Je m’amuse avec les mots ; je m’amuse tout court ! ».

Sylvain a une sensibilité à fleur de peau. « Les rapports humains sont au cœur de mes textes, le rapport à l’autre, le regard, le jugement qui fait tellement de mal quand il est hâtif…Je connais quelqu’un qui a connu toutes les galères, une force de la nature malgré ce qui lui est tombé dessus, et un optimisme inoxydable. Ces gens qui ont des parcours atypiques difficiles et qui arrivent à se transcender, ça donne quelque chose de lumineux, de beau. Ça, ça me touche ».