Il n’a pas la voix caverneuse de son homonyme chanteur. La sienne, plus douce, s’accorde à l’Yon qui coule en contrebas, au moulin de Rambourg. Avec son épouse, Anthony a repris la gérance du camping il y a 6 ans. Il aime la paisibilité du lieu, une sorte de légèreté qui lui va bien.
Originaire de Normandie, Anthony se sent plus libre dans un atelier de mécanique que sur les bancs de l’école. « Après mon CAP, j’ai fait 2 ou 3 ans en mécanique générale, mais ça m’a flingué les mains. J’ai fait pas mal de petits boulots, en usine, en maçonnerie. Puis avec ma femme, on est descendus dans le Var pour travailler dans un camping. Ça nous a plu. On est restés environ 12 ans ».
Plutôt que les gros complexes scolaires de Toulon pour ses deux enfants de 4 et 7 ans, Anthony préfère la petite école rurale. « J’apprécie la tranquillité de ce coin ». Fini le salariat, bonjour la petite entreprise. « Le camping comptait 25 places quand on l’a repris. Il y en a désormais 51 avec en complément bungalows et chalets. Les gens qui viennent ici cherchent le calme du rétro littoral ; c’est plutôt le camping à l‘ancienne, avec une clientèle qui revient d’une année sur l’autre. Beaucoup de vacanciers viennent de Bretagne, Normandie, du Nord-Pas-de-Calais. Plus rares sont ceux qui remontent du sud ».
Les tâches sont réparties. « Mon épouse s’occupe des papiers, du ménage et de la cuisine l’été. Moi, c’est l’entretien et le bricolage ». Ne pas partir en vacances l’été ne le contrarie pas. « Je suis comme mon grand-père qui n’a jamais vu la mer ; il ne sortait jamais de sa ferme dans le Nord. Je suis également un peu casanier. Côtoyer les vacanciers c’est déjà un peu être en vacances. Et puis il y a une dizaine d’années, on a déjà pas mal parcouru le France ».
Rien ou presque ne semble l’affoler. « Je ne pense pas que ce soit la fin du monde. Je reste optimiste, et il vaut mieux car j’ai encore des crédits à rembourser ». Il n’a jamais vraiment oublié la mécanique. « J’aime me promener en 4X4 ou en moto ; oui, ce n’est pas très bien au regard de la pollution. Moi, le Paris-Dakar m’a mis des étoiles dans les yeux quand j’avais 10 ans : Gérard Holtz, Hubert Auriol… ». Cool en apparence, il a de l’énergie sous le capot. « Je ne serais pas assez patient pour la pêche ». Par contre une console vidéo peut le maintenir sur sa chaise. « Je suis plutôt de la génération Gameboy que branché tablette ». Il aime la musique, s’est essayé un temps à la sculpture. « Ça m’aidait à canaliser mon énergie ».
Il suit son bonhomme de chemin au gré de ses humeurs. « Au risque de me lancer des fleurs, je crois en moi, c’est déjà bien ? Ce sont des paroles de Thiéfaine ». D’Anthony plutôt qu’Hubert-Félix. L’homme est adepte du second degré, capable d’évoquer la guerre en Ukraine puis d’enchaîner avec le club Dorothée. Un humour qui ne manquera pas de plaire aux usagers de ce lieu bucolique.
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