De la musique avant toute chose’ disait Verlaine. Depuis longtemps, la musique est prédominante dans la vie d’Alexandre. Le piano à bretelles, version diatonique, est son compagnon fidèle. Au moment d’écrire une nouvelle partition sur le plan professionnel, il a accordé sa passion -la musique- et son savoir-faire -la réparation- pour ouvrir l’Atelier du Musicien en 2019, un repaire pour musicos, un lieu de partage tout simplement.

C’est un troubadour du bocage. Originaire de Chambretaud, Alexandre habite les Epesses ; son atelier est aux Herbiers. « J’ai fait un Bac pro en maintenance industrielle à Jean Monnet. A partir de là, j’ai travaillé chez un fabricant de meubles, puis dans une scierie, à la maintenance des machines-outils. Diagnostiquer une panne, trouver la solution pour réparer, c’est mon dada ». Il bifurquera vers la métallerie avant de travailler chez un équipementier en bâtiments d’élevage. « C’est dans cette boîte qu’avec deux collègues on a choisi de voler de nos propres ailes. Nous avons créé notre affaire dans le secteur de la métallerie serrurerie : Atelier Metal Concept. Une belle aventure qui pour moi s’est terminée neuf ans plus tard. Je m’y retrouvais moins par rapport à ce que j’aimais faire, et par rapport à un certain confort de travail. Je me suis trouvé alors face à plein de questions ».

Comme souvent, c’est en discutant que l’horizon s’éclaircit. « Quelqu’un m’a soufflé deux questions : Qu’est-ce que tu aimes ? Que sais-tu faire de tes mains ? Ma réponse était évidente : la musique et  réparer ». Il débute une formation et continue d’échanger avec ses amis. « L’un d’eux, Dominique Fauchard, m’a proposé de s’associer avec moi. Je ne m’y attendais pas. Il m’a encouragé à faire plus qu’un atelier, en créant un magasin à côté. Cela fait trois ans que l’affaire est sur les rails. J’ai une salariée à mi-temps, une guitariste ».

A l’heure où internet est le concurrent n°1, Alexandre joue sa différence. « Le conseil, la possibilité d’essayer, le SAV, autant de services qui ne peuvent pas se faire à distance. Ça a un prix, qui est compris par ceux qui rentrent chez nous. Notre surface est limitée ; nos stocks ne sont pas surdimensionnés. On apporte satisfaction dans les meilleurs délais ».

Son goût pour l’accordéon remonte à une trentaine d’années. « Ça s’est passé deux ans après que mon grand-père décède ; il était accordéoniste. Ma tante avait hérité de l’instrument sans le pratiquer. A une époque où je cherchais à m’occuper, cette idée de jouer sur l’accordéon de papy m’a traversé l’esprit. J’ai acheté une méthode et un CD pour apprendre ». Le démarrage est concluant, avant de piétiner quelques mois plus tard. « Les Joyeux Vendéens du Boupère venaient de créer une école de musique traditionnelle. J’y suis resté six ans avec Mickaël Auger, un super prof ».

Plus vite qu’il ne l’imagine, Alexandre rejoint une première formation musicale traditionnelle en quête d’un accordéoniste. « C’était aussi sympa qu’amateur. Le groupe s’est arrêté en 2009 pour renaître l’année suivante sous une forme différente : ‘les pilleurs d’épave’. J’ai toujours beaucoup de plaisir à les retrouver ». Le malheur des uns fait le bonheur des autres. « Gaëtan, le chanteur accordéoniste du groupe Strollad se casse un bras. Quatre concerts étaient programmés. Lui jouait sur un chromatique ; j’ai dû accorder mon diatonique à la bombarde ». L’accordéoniste de remplacement prend rapidement ses marques. « Aujourd’hui, je fais partie intégrante de ce groupe qui me faisait rêver quand j’étais dans le public. C’est complètement incroyable. Des bonheurs comme ça, je prends, sans hésiter ».

Il observe le monde qui l’entoure avec réalisme et il s’efforce à l’optimisme. « Je préfère regarder du côté du soleil pour faire briller la vie. Ça, personne ne le fait à ta place. Ça ne veut pas dire que c’est toujours rose ; d’autres avant nous ont surmonté des problèmes au moins aussi graves ». La musique a cette capacité à embarquer loin des tracas. « C’est surtout en partageant avec les passionnés de musique que je m’évade ». Lui goûte à tous les registres. « Ça peut aller de la musette à la variété en passant par la musique classique. Je suis réceptif à tout. Je garde une faveur pour le rock des années 70 et depuis que j’ai rejoint Strollad, j’écoute beaucoup de Ska ». Le Ska, cette musique énergisante. « Ce qu’on reçoit du public, on le renvoie puissance 5. C’est une véritable adrénaline qui aide à surmonter tes peurs. La première fois que j’ai joué devant une grosse jauge, j’avais les doigts paralysés ».

Alexandre apprécie le chant des oiseaux. « Marcher m’aère l’esprit ». Depuis quelques mois, il éteint sa télé. « Les informations en continu, ça fiche la trouille. Qu’est ce que je peux faire à mon échelle ? Nous sommes bien obligés de nous en remettre à nos dirigeants pour prendre les décisions qui s’imposent. C’est vrai que la confiance est un vrai problème en ce moment ; mais ce n’est pas seul qu’on s’en sortira ».

Il jongle entre la passion et la raison pour trouver un juste équilibre à sa vie privée. « Nous avons quatre enfants à nous deux. C’est un peu d’intendance. Cela suppose aussi des concessions dans l’intérêt de tous ». Ce n’est pas une surprise qu’il conclut en musique. « La principale valeur de la musique, c’est celle du partage. Aujourd’hui, le diatonique de mon papy trône dans l’atelier, avec sa photo à côté. Il garde le magasin et j’espère que là où il est, il est fier de moi. Ça fait partie de mes croyances ».