Bien qu’il soit aujourd’hui parisien, Amaury a ses racines ici, dans ce sud Vendée qu’il affectionne et qu’il retrouve le temps d’une journée pour un reportage. Il est journaliste au Figaro, et couvre le départ du garagiste ukrainien de l’Hermenault. Transmettre les histoires des gens le passionne. Il n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Il rêve de devenir grand reporter et parcourir le monde.

Couvrir un événement à l’Hermenault, il n’en fallait pas tant pour qu’Amaury s’échappe de la capitale dès potron-minet pour retrouver son terreau familial. « Mes grands-parents habitaient ici, mon père aussi. C’est ici que sont mes souvenirs d’enfance chaque fois que je venais en vacances. On allait chercher le pain, mon grand-père venait chez le coiffeur ici ». Aujourd’hui il est en reportage pour son journal. « J’ai reçu un mail m’expliquant l’action de ce garagiste qui part conduire des vivres et des médicaments en Ukraine ; j’y voyais un très bon reportage à faire ». Un aller-retour qui ne lui laisse pas le temps de faire le détour chez lui. « Avec mon collègue nous sommes partis de Paris à 8 heures ce matin, après que ma rédac chef a validé le sujet ; nous serons de retour aux environs de 20 heures ».

Raconter l’histoire des gens, il y songe depuis l’enfance. « Après le Bac, j’ai fait l’école de journalisme à l’ESJ Paris, puis j’ai poursuivi à Toulouse. Je suis revenu à Paris pour un Master en relations internationales ». Il multiplie les stages (dont un de trois mois à Ouest-France les Herbiers) puis sera consultant quelques mois dans une agence de lobbying avant de signer son premier contrat de journaliste au Figaro il y a un an. « Porter un regard sur la société à travers l’histoire des gens, le retranscrire pour le partager au plus grand nombre, c’est ce qui m’anime. Pour le moment, je suis sur des sujets assez généralistes. À terme, j’aimerais beaucoup devenir grand reporter, aller sur le théâtre des opérations avec toujours le même objectif : observer et recueillir pour retransmettre ».

Sans être téméraire, il dompte ses craintes. « Exercer de la distance vis-à-vis de la peur aide à être plus courageux. Que ce soit sur le théâtre d’opérations militaires ou dans la vie en général, il faut prendre ce recul qui aide à avancer. C’est palpitant ; je pense que c’est ça qui fait le sel de la vie ».

Cette hauteur de vue lui permet de relativiser les conséquences de la pandémie sur sa vie. « Est-ce que c’était mieux d’avoir 20 ans dans les années 1960 pour aller faire la guerre d’Algérie ? Je ne suis pas sûr. Toutes les époques ont connu leurs drames. Le Covid a généré un sentiment d’impuissance, c’est certain. Mais on ne va pas passer les journées à se lamenter, même si je connais autour de mois des gens qui ont souffert de cette situation. C’est une maladie, moins virulente désormais ; ce n’est pas la guerre. Il y a des gens qui se font tuer en Ukraine ; on peut porter un masque et avoir un passe vaccinal non ? ».

Le conflit ukrainien rebat les cartes de la géopolitique qu’il a toujours connues. « Cela faisait longtemps qu’on vivait dans une illusion de paix, pensant que la guerre ne reviendrait jamais. Et puis ce 24 février, on se réveille avec une guerre à 2000 kilomètres de Paris. C’est un électrochoc qui montre l’impérieuse nécessité de se donner les moyens de la paix ». Il compte quelques amis et un frère engagés dans l’armée. « Ils veulent défendre cette liberté et pour cela, ils sont prêts au sacrifice ultime. C’est tragique et c’est terrible. Si on a la chance d’avoir un pays comme le nôtre, c’est grâce au comportement similaire des générations précédentes ».

Ce regard circonspect ne l’empêche pas d’apprécier les bons côtés de la vie. « Je suis un peu fêtard ; j’avoue. Discuter avec mes potes, draguer un peu… ». Le sport est un bon défouloir. « Je pratique la course à pied et depuis deux semaines je suis inscrit à un cours de boxe ». Lui qui ne tient pas en place adore voyager. « J’aime partir, en France ou en Europe. J’ai eu la chance d’habiter en Irlande pour mon année Erasmus. Je suis également allé en Jordanie en 2017 pour accueillir des réfugiés qui venaient d’Irak ou de Syrie. Ça m’a mis une claque quand je suis revenu en France quand j’entendais les gens se plaindre alors qu’à 5 heures de vol de Paris on meurt de faim. J’aime aussi les voyages joyeux ».

Ses références  ne sont autres que ses parents et grands-parents. « Ils se sont saignés aux quatre veines pour qu’avec mes deux frères et mes trois sœurs nous puissions avoir un job. Ils m’ont appris à regarder l’autre avec un regard humain, quelle que soit sa situation ». Amaury observe la jeunesse qui l’entoure. « On est tous en quête d’un idéal qui nous transcende, d’un objectif qui donne sens à notre existence. L’idéal n’est pas à chercher dans les chimères. Il est dans notre propre réalisation, dans le fait d’être pleinement soi tout en étant tourné vers l’autre. C’est ça qui rend vraiment heureux ». Les paroles de ses grands-parents, il ne les a pas oubliées. « Vous ne connaissez ni la guerre, ni la faim, ni le froid, alors apprenez à donner, sans en tirer gloire ».