Il se démène pour son village en reprenant le bar, dernier commerce sur la commune. Un pari aux portes du marais, à Souil, dans un coin du sud Vendée traversé par un axe bien fréquenté, entre Fontenay-le-Comte et Maillezais. Pour Aurélien qui s’est lancé dans l’aventure avec Christopher un copain, le bar est le lieu des retrouvailles, plus riches que celles qui se font sur les réseaux.
Hormis une petite échappée de quelques années dans le pays nantais, Aurélien est un enraciné. « Je suis d’ici ! Même si j’avais l’opportunité d’un commerce dans une commune voisine, je ne suis pas sûr que j’aurais donné suite. » C’est là que bat le cœur du village. Comme le sien. « Quand j’ai su que le bar était en vente, j’ai sauté sur l’occasion pour revenir aux sources. » Une prise de risque qu’il partage avec un copain venu du Nord, qu’il a rencontré sur Nantes. « C’est un challenge stimulant. Pour moi, il a un sens : c’est l’âme du village. »
Non seulement attaché à son village, Aurélien aime son département. « Comme beaucoup de Vendéens, non ? J’aime le dynamisme de ce département, son histoire. Aujourd’hui, je pense que le sud Vendée est moins délaissé que par le passé. » Il n’a pas d’autre engagement sur sa commune pour le moment. « Mon frère est au conseil municipal. Peut-être que je le ferai un jour ? »
Pour l’heure, il s’emploie à faire bouger les lignes dans un contexte assez morose. « Le Covid, le coût de la vie avec les carburants, la période creuse de l’hiver… On ne va pas baisser les bras. » Un volontarisme qu’il oppose à l’individualisme grimpant. « Les enseignements du premier confinement sont déjà loin, presque oubliés… C’est dommage d’être au pied du mur pour réagir et se poser les bonnes questions. » Un brin nostalgique, il ne serait pas hostile à retrouver demain les bons moments du temps passé. « La société a beaucoup changé. Je ne suis pas loin du ‘C’était mieux avant’. » Il demeure friand d’actus. « Il ne faut pas rester sur les chaines d’infos en continu. C’est entêtant. Il faut faire le tri des infos. »
Aurélien vit en couple, sans enfant. « On apprécie notre vie tranquille. » Pas si tranquille que ça, car notre barman est aussi chauffeur. « J’embauche entre 19 heures et 21 heures pour terminer mes tournées au petit matin. Je transporte du matériel médico dentaire et optique sur les départements alentour. Au bar, je n’interviens qu’en complément. Je ne suis peut-être pas comme toute le monde, mais moi, j’adore travailler. Ça me rend heureux. »
Tout comme ses loisirs passion. « Je pratique la pêche et la chasse quand j’ai un peu de temps libre. » L’actualité le fait réagir. « Un accident de chasse, comme tout accident, c’est toujours regrettable. De là à en conclure qu’il faut stopper la chasse, je trouve qu’on tombe dans l’excès. » À son volant, il savoure la musique. « J’écoute pas mal les années 80, mais j’aime bien les scènes actuelles. » Il écoute les débats, bien qu’il soit perplexe devant le comportement des politiques. « Ils sont tous les uns contre les autres alors qu’ils feraient mieux de coopérer. La guerre des égos montre bien qu’ils pensent à eux avant de se préoccuper du bien commun. J’irai tout de même voter en avril prochain. »
L’actualité internationale ne le rassure pas vraiment. Il emprunte cette citation à Paul Valéry en guise de conclusion. « La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent très bien… C’est un peu désolant. »
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