Connu sous le pseudo ‘Chonchon’, Yves ressemble davantage à un joyeux luron qu’à un ronchon. Son boulot à la maison de quartier du Pont Morineau passionne ce touche-à-tout. La mise sous silence de la culture pendant la pandémie a été pour lui une grosse claque. Cet épisode lui a pourtant permis de découvrir des situations de grande solitude, au sein des brigades d’interventions culturelles.

Sablais d’origine, Yves a vécu à l’entrée du port. Sa formation initiale c’est la peinture en bâtiment. « J’ai eu mon entreprise individuelle pendant une dizaine d’années sur la Roche sur Yon ». Mais depuis toujours, il baigne dans la musique. « J’aime le registre blues et chanson française. Ry Cooder est le guitariste qui m’influence le plus. J’ai des goûts assez larges, des Rolling Stones à Eric Clapton et tous les vieux bluesmen du Delta ». ‘Terminal’ est le groupe dans lequel il évolue en ce moment avec ses potes de Longeville. Son plus beau concert ? « John Mayall à la Beaujoire »

À la suite de son entreprise, il devient intermittent du spectacle. Sa place est derrière la console en tant que régisseur son. « Le son et la musique vont de pair. Depuis 20 ans je vais de salles en festivals. C’est comme ça que j’ai connu cette maison de quartier que je fréquente depuis aussi longtemps. J’y suis employé depuis 6 ans maintenant. Le poste s’était libéré et le projet me plaisait ».

A la Roche sur Yon, neuf maisons de quartier proposent des activités pour le mieux vivre ensemble. Un tissu associatif lancé par l’ancien maire Jacques Auxiette dans les années 70. « Elles sont regroupées en association, l’AMAQY, qui est mon employeur. Les financements viennent de la ville et de la CAF. Chaque quartier a son historique, sa spécificité. Ici nous sommes six salariés. La particularité c’est le hall qui permet d’accueillir de belles expos ainsi qu’une salle cabaret qui reçoit des spectacles ». Une salle décorée par les tableaux musicaux de Chonchon.

Il anime différents ateliers, reçoit des scolaires, des centres de loisirs, des groupes d’adultes. « C’est tout sauf un travail solitaire. Même si je suis le référent professionnel, il y a une commission avec des bénévoles très impliqués. La programmation se fait en équipe ». La fermeture liée à la Covid a été un coup dur. « C’est dans ces circonstances qu’on voit l’importance du lien culturel. Pendant cette période, j’ai donné des coups de main à la banque alimentaire. J’intervenais également dans les brigades d’interventions culturelles sous couvert de la ville et de la Préfecture. Les personnes âgées ont vécu un gros coup de blues avec un moral en berne. Elles qui avaient connu des moments que je croyais plus difficiles comme la guerre ou l’occupation, me disaient que c’était pire. On leur disait, ne fait pas ceci, ne touche pas à ton courrier, etc… ».

Yves considère que cette période laissera des traces. « On n’en est pas débarrassés, mais il y aura un après. Je fais confiance à la jeune génération. On aura l’obligation de se réadapter, de prendre en considération les différentes menaces, environnementales ou autres. Je mesure aussi les impacts à notre échelle, sur le plan du bénévolat. Il faut relancer la machine ; ce n’est pas si simple ».

L’environnement familial demeure pour lui essentiel. « D’autant que je suis le patriarche de ma famille. Je n’ai plus ni parents, ni oncles ou tantes. Être au sommet de la pyramide familiale confère une responsabilité. Peut-être qu’avec la pandémie le noyau familial s’est rapproché ? On se donne plus souvent des nouvelles. Mais ça reste compliqué d’organiser quelque chose, surtout en ce moment ». Il savoure les moments partagés avec ses deux enfants, ses quatre petits-enfants. « C’est le cadeau de la vie ». 

Pour lui, chacun a son destin en main. « C’est important de savoir d’où on vient, savoir où on veut aller, ou plutôt, savoir où on ne veut pas aller. Le bonheur est souvent à portée de main ; il faut savoir l’entretenir. Pour moi, une balade en mer ou sur la côte, c’est toujours très ressourçant ».