Il suffit de quelques secondes pour se dire : Rodolphe, je le connais depuis longtemps. Même si c’est la première fois. Il a le contact facile, la blague au coin des lèvres. Grossiste en boissons, il visite les bars et restaurants dans un contexte où il faut remettre un peu de baume au cœur, en espérant que la pandémie sera bientôt un mauvais souvenir.
Il fait des études comptables. « Je n’étais pas un élève très sérieux ». Un secteur moins recruteur avec le développement informatique qui l’oblige à revoir sa voie. « Un copain de foot m’a proposé l’assurance ; et pourquoi pas ? C’est ce qui m’a poussé vers la relation commerciale qui m’a plu rapidement quand bien même je n’ai pas fait d’études de commerce. J’ai travaillé quelques années comme conseiller dans l’assurance, puis ma vie a été marquée par un divorce. J’ai voulu faire autre chose. Je travaille pour ma société depuis 21 ans ».
Depuis, Rodolphe a retrouvé l’âme sœur. « Ma compagne est d’origine bulgare ; elle a dix ans de moins que moi. Sans elle, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. Elle a un parcours atypique avec des études en commerce international où elle a exercé. Spécialisée dans les relations Asie-Pacifique, elle parle Chinois. Lorsque nous sommes venus en Vendée, elle a voulu faire autre chose. Elle a passé un nouveau master pour devenir professeur des écoles, son métier aujourd’hui. Nous avons 3 filles : 13 ans, 8 ans et un an et demi ; les prunelles de mes yeux ».
Une vie familiale à laquelle il accorde de plus en plus d’importance au seuil de ses cinquante ans. « Le boulot est exigeant ; les journées sont longues. Le matin, je suis à l’entrepôt à 7 heures et ce soir, j’ai mon dernier rendez-vous à 19H30 à St Gilles. Ceci étant, ça me plaît ».
Le contexte des bars restaurants, on le devine un peu morose. « C’est compliqué en ce moment. Les deux derniers étés, on a finalement tiré notre épingle du jeu, même si le marché reste inférieur à la norme ; j’espère que tout ça sera bientôt derrière nous ! ».
Un commercial ne saurait être pessimiste. « Le monde évolue ; il faut s’adapter. Ce qui m’inquiète le plus c’est l’environnement, pour mes filles en particulier. Dans les films de science-fiction, on voit des situations où il n’y a plus de verdure ; ça semble irréaliste et parfois je me surprends à me demander si ce n’est le chemin qu’on emprunte. Ça me fait un peu flipper ». Il essaie de prendre sa part de responsabilité ; chez lui ou dans son entreprise. « Le groupe a une politique RSE assez volontariste avec un suivi des consommations ». Toutes les bonnes idées sont retenues. « C’est anecdotique au regard des enjeux, mais, en ce moment même, on est en train de mettre en place un éco-pâturages sur notre terrain de 2500 mètres carrés. C’est ma petite pierre à l’édifice ». Il s’amuse de certains excès. « On n’ira pas tous vivre dans le Larzac. Je travaille aussi pour l’avenir de mes enfants. J’essaie d’apporter ma contribution sans forcément remettre en cause tout le système ».
Sa bouffée d’oxygène, il la trouve dans le sport, à faire du vélo ou de la natation. « Je suis également mes enfants dans leurs activités sportives ». Lui croit en un destin écrit pour chacun. « Je ne sais pas s’il y a une force supérieure, mais je crois que notre histoire est écrite. Ça n’empêche pas d’être confronté à des choix ; c’est le cas pour nous tous en permanence. Et le chemin de notre vie en dépend ».
Il regrette les comportements haineux, emprunts de jalousie. « Je doute parfois de la nature humaine ; est-elle fondamentalement bonne ? ». Ce qui le rend le plus heureux, c’est le bonheur de ses enfants. « On a quand même ce devoir de leur laisser une planète en meilleur état ! ».
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