Là où beaucoup prennent le temps de la réflexion, Romain répond sans ambages aux trois tournants qui ont marqué sa jeune existence : la rencontre avec sa compagne Charlotte « elle m’a apprivoisé », son voyage d’un an en Nouvelle Zélande à la sortie de ses études « ça affûte le regard sur le monde », son goût assumé pour la chasse « une reconnexion avec mes origines agricoles ». Le dénominateur commun ? : « la convivialité » ; un point de crispation ? : « la privation de liberté ».

Le BTS technico-commercial en poche, Romain souhaitait parfaire son anglais. « Je m’y suis pris trop tardivement pour un bachelor en Angleterre. J’ai bossé quelques mois pour payer un billet d’avion, et avec deux copains, nous sommes partis en Nouvelle-Zélande, prenant chacun nos quartiers une fois sur place. Il n’y a rien de tel qu’être isolé pour apprendre une langue étrangère ». Un séjour qui n’est pas que linguistique. « J’ai fait pas mal de petits boulots. Je me souviens en particulier d’une entreprise de surgelés. Je devais ouvrir 8 000 moules par jour, un boulot de fou ». Une charge de travail atténuée par l’ambiance qui règne. « Sur cette ligne, il y avait des voyageurs du monde entier qui comme moi cherchaient à se faire un peu d’argent. Je suis sorti grandi de cette expérience de vie ».

Tout juste rentré en France, il lance quelques candidatures. « Je me suis présenté à la première réponse positive. J’y suis toujours 10 ans après ». Son entreprise est spécialisée dans l’équipement pour les entreprises ayant besoin de logistique : convoyage, tapis roulants, systèmes de stockage… « Ça concerne plusieurs secteurs d’activité. Pour ma partie commerciale, je suis en télétravail un à deux jours par semaine, puis sur le terrain, souvent du mardi au jeudi ».

Rares sont les commerciaux qui ne sont pas optimistes. « C’est ma nature profonde ». Pour autant, il s’inquiète de l’évolution de la société. « Vacciner des gens qui ne le veulent pas, je trouve ça inhumain. J’aimerais qu’il y ait plus de bienveillance des uns envers les autres ». Le tout numérique accroît les privations de liberté. « Cette société s’éloigne de mes valeurs, que je considère simples et de bons sens. Aujourd’hui on alourdit les restrictions en même temps qu’on constate une moindre agressivité du virus. J’ai le sentiment que la balance ‘bénéfice/risque’ est déséquilibrée. Le moral de beaucoup de gens est en berne. Ça va finir par faire plus de mal que de bien tout ça ».

Quand il a besoin de s’oxygéner, rien ne vaut une partie de chasse pour Romain. « Je m’y suis mis à 24 ans ». L’occasion de revenir aux sources. « Une façon de me rapprocher de mon père entre autres, lui aussi étant chasseur ». Un retour au naturel. « La chasse est pour moi un acte complet, depuis le dressage du chien en passant par la traque du gibier,  jusqu’à le cuisiner moi-même ». Une pratique qui fait parfois l’objet de polémique. « Je considère avoir une pratique respectable, respectueuse de la nature. Les contestataires ne sont pas toujours les mieux informés. Je n’ai pas à me justifier, mais je suis toujours disponible pour apporter mes explications et mon regard. J’aime en parler ». Les chasses ancestrales, y compris à courre, méritent à ses yeux d’être mieux connues.

Durant sa récente période d’isolement, il allait tous les jours à la chasse. « Je me promenais avec mon chien. Je n’ai pratiquement pas tiré. C’est juste un moment où je me retrouve. Il y a une forme de contemplation de la nature, son évolution au fil des saisons. C’est pour moi un bon moyen de vivre le moment présent ».

Romain a pratiqué la batterie très jeune. « Je suis entré dans le groupe des bidons de l’An fer où nous faisons de la percussion, soit en nous produisant directement, soit en accompagnement d’autres formations comme les Tagadas Jones dernièrement. Une super aventure qui nous fait découvrir des festivals ou des salles comme le Trianon à Paris dernièrement. La percu est un défouloir fantastique et nous avons un super groupe de copains ». Joueur de foot acharné, Poupet l’été, le milieu associatif est un monde qu’il affectionne. « J’oubliais ; je m’initie à la trompe de chasse ! ».

Romain n’habite pas très loin de la ferme familiale située sur une commune voisine. « J’aime bien filer le coup de main quand mon père ou mon frère, associés, ont besoin d’un coup de main. J’ai toujours eu cet attachement à l’agriculture. Cela s’est renforcé quand j’ai pris goût à la chasse, en parcourant les prairies et les champs. Ça m’a révélé aussi l’attachement à une forme de tradition ». Le commercial d’aujourd’hui pourrait-il être agriculteur demain ? « Ce n’est pas dans les tuyaux ; mais il ne faut rien s’interdire ».

L’attachement à la famille est pour lui viscéral. « Je suis admiratif de mes parents, mon père pour le côté terrien, ma mère pour ses engagements d’élue. Elle est maire de sa commune après avoir été tout au long de sa vie au service des autres ». Il conclut en rappelant la citation qu’il a prononcée le jour de son mariage, il y a quelques mois : « Les meilleures choses du monde n’ont de sens que si elles sont partagées avec les bonnes personnes ».