Du quotidien Vendée-Matin à la rédaction en chef de B SMART, en passant par Alouette et BFM TV, Aurélie, spécialiste de l’économie n’y est pas allée en mode ‘économe’. La curiosité est son carburant. A la tête d’une rédaction d’une vingtaine de personnes, elle transmet aujourd’hui ce qu’elle a reçu hier. Les relations de son enfance saint-laurentaise lui donnent parfois du grain à moudre. Une Parisienne restée proche de ses racines. Depuis toujours, elle s’éclate dans son boulot en racontant des histoires, y compris en économie.

Depuis longtemps, Aurélie souhaite devenir journaliste. « J’ai commencé comme correspondante locale, au volant de ma 106, sur les routes du bocage, de la remise des maillots de foot à Ardelay à la fête de l’eau au barrage de la Bultière. Je pensais vraiment que je me destinais au journalisme écrit ». Sa curiosité la pousse cependant du côté des ondes. « J’ai d’abord fait un stage à Alouette, puis la radio m’a proposé les flashs infos le week-end et durant mes vacances. A la fin de ma licence d’histoire à Angers, un an et demi plus tard, il y avait un poste pour moi. Je rentrais dans le journalisme sans avoir fait l’école ad hoc ».

Durant un peu plus de six ans, elle fait les flashs infos de la matinale. « J’ai quitté mon boulot pour rejoindre mon mari sur Paris. J’ai été prise pour des piges sur une radio que je ne connaissais pas du tout : BFM radio, spécialisée en économie, un monde barbare pour mon profil plutôt ‘histoire et littérature’ ». Elle débute par l’info générale tout en goûtant à l’économie qui ne la rebute finalement pas. « Je me suis formée aux marchés financiers et j’ai beaucoup appris avec les collègues sur le tas. Tous les jours, je lisais les Echos. Je me suis rendu compte qu’en étant journaliste, peu importe la spécialité, l’enjeu est d’intéresser les auditeurs ».

De fil en aiguille, elle fait des remplacements sur des émissions. « Je faisais également des reportages, un peu de flashs, parfois un booking d’invités… ». En 2010, son patron transforme la radio en chaîne de télévision. « Il a fallu apprendre un autre métier. J’y suis restée 15 ans en n’étant jamais trop longtemps sur le même poste ». Pendant deux ans, elle exerce un journalisme plus généraliste sur BFMTV. « Puis, le patron de BFM Business m’a proposé la matinale. Lever à deux heures ; tu arrives au bureau vers 3 heures ; il n’y a personne. Tu prépares ton journal en regardant l’actu de la nuit. On a tous des têtes enfarinées mais c’est une ambiance très sympa ». C’est aussi l’heure de grande écoute.

Comme sur la plupart des chaînes importantes, l’info chez BFM est très hiérarchisée. « La part d’écriture est réduite, mais ça reste une expérience particulièrement riche ». Les télés d’infos permanentes ne font-elles pas un peu trop dans le catastrophisme ? « Cela correspond à un mode de consommation de l’info avec des audiences surprenantes ». Cependant, la pression de l’actu de dernière minute ne lui offre plus le recul qu’elle recherche. « L’analyse, le décryptage, la réflexion sont moins compatibles avec ce format ».

La chaîne est rachetée. Aurélie y travaillera encore quelques mois. « Mes anciens patrons recherchaient une rédactrice en chef pour la nouvelle chaîne économique qu’ils voulaient créer : B SMART. Moi qui n’avais jamais dirigé une équipe, j’ai accepté le défi de monter une chaîne de télé en plein confinement, pour l’aventure humaine. L’équipe compte 30 personnes, dont 20 journalistes, j’établis la grille des programmes, le choix des sujets… ». Un format plus proche de la conception qu’Aurélie a du métier. « Je souhaitais aller vers un journalisme de ‘solutions’ pour sortir du catastrophisme des grands médias. Il y a tellement de choses positives qui existent autour de l’éducation, la technologie, les transitions… C’est ce que nous proposons à nos téléspectateurs : emparez-vous de cette info qui vous donne accès aux personnes ou entreprises qui font des choses positives ».

Aurélie est tombée dans le bain de l’économie par hasard. « L’économie fait mieux que résister puisqu’on manque de bras partout. Les États et les Banques Centrales l’ont soutenue pour éviter qu’une crise économique emboîte le pas à la crise sanitaire. C’est une économie sous perfusion qui ira je pense, au bout de sa logique ». La pandémie va accélérer les transitions en cours. « Qu’elles soient écologiques, numériques, alimentaires, elles vont constituer de nouveaux relais de croissance, sous une nouvelle forme ». Elle doute d’une logique décroissante. « Cela ferait mécaniquement augmenter la pauvreté. En revanche, que les entreprises poursuivent un développement plus responsable, plus durable, prenant en compte des critères extra-financiers, alors là : oui ! » A propos, le journaliste fait-il la part des choses entre ses convictions et les arguments de son invité ? « J’ai forcément mes convictions. Ce qui ne m’empêche pas d’être dans la compréhension de points de vue différents ».

La menace la plus pesante à ses yeux est celle du changement climatique. « Si on ne bouge pas plus que ça, on va dans le mur ». Pour autant, elle a envie d’y croire. « Sur B SMART, je fais une émission présentée par Thomas Hugues sur l’impact environnemental. Les enjeux sont de plus en plus pris en compte par les entreprises. Y compris des initiatives à petite échelle bien révélatrices de la prise de conscience. Comme cet artisan qui fait des abat-jour avec du recyclage de coquilles d’huîtres ; un autre, des chaussures à base d’écailles de poisson. Tous les jours je m’étonne, et tant que je m’étonne, je pourrai continuer à raconter ces histoires positives ».

Un joli parcours qui n’était pas écrit d’avance. « J’ai eu la chance d’être là où j’étais, au bon moment, de rencontrer les bonnes personnes. Mais ça a été énormément de travail car je n’avais pas suivi la filière classique. Je n’avais jamais rêvé de diriger une rédac ». À tout juste 40 ans, elle a désormais le souci de transmettre à ses plus jeunes collègues. « Le jour où ils quitteront la chaîne, pour des expériences plus grandes, j’espère qu’ils auront appris ici les bonnes bases du métier. Et si j’y suis un petit peu pour quelque chose, ce sera une grosse satisfaction ». D’autres sont expérimentés : Thomas Hugues, Michel Denisot… « Ils sont aussi abordables que professionnels. C’est du bonheur de travailler avec eux, une chance ».

Pour se relaxer, Aurélie pratique le yoga. « Ça aide à poser les choses pour la semaine à venir », l’équitation, à raison de deux heures par semaine. « Ça me vide bien la tête et j’ai l’impression d’être à la campagne ».  Nostalgique de sa campagne vendéenne ? « J’y reviendrai peut-être. Il y a une sincérité dans les rapports humains ». Elle a conservé des relations régulières avec ses ami.e.s d’enfance. « Ça me maintient un pied dans le réel. Je choisis parfois mes sujets en fonction des problèmes qu’ils rencontrent et qu’ils me remontent. Ça me nourrit. Je ne suis pas une déracinée ! ».

Elle conclut en citant Stéphane Soumier, le fondateur de B SMART « Il m’a toujours dit : « Il faut faire ce métier en t’intéressant sincèrement aux gens et aux histoires que tu racontes ». C’est ce que j’essaie d’appliquer et tout en bossant dur, je m’éclate et surtout je continue à apprendre chaque jour ! ».

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