Ce parisien a fait le choix de vivre à la campagne. C’est par la maréchalerie qu’il met le pied à l’étrier du monde équin. Damien trépigne derrière un bureau d’école. Il préfère les belles chevauchées au grand air. Du métier de maréchal ferrant à celui de forgeron, il n’y a qu’un pas. La métallerie n’est pas très loin non plus. Autant d’activités au catalogue de sa petite entreprise.

Pendant cinq ans, il va ferrer les pieds des chevaux. « Un métier de force, assez épuisant. J’ai travaillé dans la région d’Auxerre. C’est par la maréchalerie que j’ai découvert la forge ». Il revient sur Paris qui pourtant le déprime. « Je voulais retrouver la campagne. D’abord sur Loudun en tant qu’ouvrier agricole. Je conduisais les tracteurs ; Puis j’ai postulé comme cavalier au Puy du Fou. Quand ils ont vu sur mon CV que je savais forger, ils m’ont proposé le village XVIIIème. C’est avec Tristan Esnault que j’ai appris à forger en finesse ». Il y restera deux saisons.

Pour étoffer son savoir-faire, il entreprend une formation accélérée auprès de l’AFPA à Saint Nazaire. « J’ai travaillé à Rorthais avec Daniel Menard qui m’a beaucoup appris. C’est là que j’ai découvert la ferronnerie avec de très beaux chantiers. Non seulement mon patron m’a appris, il m’a aidé à me lancer dans ma propre entreprise. Cela fait 10 ans que je suis installé ».

Damien apprécie la campagne et le milieu rural. « Non seulement le cadre de vie est plus agréable, mais les relations sont plus simples, plus conviviales. Parfois je me dis que si j’étais resté à Paris, j’aurais peut-être mal tourné ?». Convivialité, partage, des maîtres-mots pour cet artisan. « Je suis comme ça. J’aime faire profiter les autres. Ma compagne, Magaly, est encore plus généreuse. Elle s’investit beaucoup pour les autres. Nous avons deux enfants ». Le couple est engagé dans différentes organisations parmi lesquelles le festival des boucaniers, un rassemblement d’artisans d’art et de musiciens.

L’évolution de la société le préoccupe, d’abord pour ses enfants. « Notre génération et celle de nos parents a plutôt bien vécu. Plus jeunes, on aimait se retrouver en mobylette pour vadrouiller. Aujourd’hui, beaucoup restent dans le canapé, tout en se retrouvant sur les réseaux sociaux. Leur curiosité n’est plus du tout la même ». Il garde un peu d’espoir à la lumière d’exemples qui prennent le contre-pied. « Il y a des jeunes qui s’intéressent aux métiers manuels et artistiques. Forgeron est un beau métier ».

L’univers fantastique du réalisateur Tim Burton l’influence dans ses créations. « J’aime bien ce côté magique quand je fais des volutes en fer forgé, très affinées ». Damien reste modeste. « Je suis un gars de la débrouille. J’ai parfois pris des chantiers complètement nouveaux pour moi. Ça marche ! Les clients satisfaits te recommandent, c’est le meilleur vecteur publicitaire ». Il préfère être devant sa forge qu’avec son poste à souder. « Travailler devant un public est un vrai bonheur ; l’occasion de transmettre ma passion. Je m’amuse avec les gamins curieux en leur demandant de soulever l’enclume. Moi je lève facilement une enclume factice en tôle sous leurs yeux médusés ». Il pense évoluer vers la forge de bijoux en inox. « C’est moins dur physiquement ; je peux transporter une petite forge plus facilement pour les démos. J’aime beaucoup ces moments d’échange ».

Quand il n’est pas sur son enclume, Damien aime s’évader avec femme et enfants à bord de son camping-car. « Partir en weekend, c’est toujours plaisant. Ça stimule la curiosité. J’aime aussi la planche à voile, même si j’en fais un peu moins en ce moment ».