Il fait bon s’appeler Marion en ce moment dans le cyclisme féminin. La petite reine du micro est herbretaise, seule femme française à exercer de façon permanente ce métier. Elle commentait il y a quelques jours Paris-Roubaix femmes en solo, dans le mythique vélodrome. Le nirvana pour celle qui aimerait un jour commenter les jeux olympiques…Paris n’est pas si loin.

Aussi loin qu’elle se rappelle de son enfance, elle a toujours voulu faire ça. « Pour peu que je songeasse à un autre métier, je revenais toujours à celui-ci ». Son père Pascal était sonorisateur et s’occupait de la radio sur le Chrono des Herbiers. « Toute gamine, j’étais éblouie par la voix de Daniel Mangeas ». Mais aucune école ne prépare à ce métier de speaker. « Alors j’ai fait un BTS management ». Peu de personnes peuvent se prévaloir de l’exercer à temps plein. « À part les Daniel Mangeas ou Damien Martin, et moi, seule femme speaker, les autres le font en complément d’une autre activité. Nous ne pouvons être intermittents. On peut être affiliés animateurs. Au final, le métier qui se rapproche le plus est celui de journaliste, mais nous n’avons pas de carte de presse ».

On imagine l’adrénaline monter sur une arrivée, mieux sur un sprint serré. « Ça me plait énormément. C’est intense et éprouvant physiquement ». Un métier qui donne à Marion l’occasion de côtoyer les coureurs. « À la différence des journalistes qui sont dix à tendre le micro, le speaker est en face à face. Interroger Peter Sagan ou Julian Alaphilippe c’est top. Comme Hinault ou Merckx, des légendes pour toutes celles et ceux qui aiment le vélo ». C’est aussi un milieu de gens passionnés. « En dehors des grandes compétitions organisées par des structures professionnelles, il y a aussi beaucoup de courses organisées par des bénévoles, des gens qui adorent le vélo ».

Sur une intervention de 4 ou 5 heures, le lapsus peut pointer son nez. « Oui, il peut déclencher des sourires. Une petite blague et c’est reparti. J’ai traduit il y a peu de temps l’anglicisme ‘Applause’ par ‘applaudition’ s’il vous plait ». Le public ne lui en veut pas. « Dans ce métier, il faut rester soi-même, ne pas chercher à faire du Mangeas, la référence suprême ». Chacun son style. « J’aime bien laisser des blancs, quitte à mettre un petit fonds musical. Ça donne un peu de relief et facilite la reprise de parole pour une chose importante ».

En dehors de son métier, Marion est maman de deux filles de 8 ans. « Je ne peux pas dire que leur naissance soit un très bon souvenir puisqu’elles étaient très prématurées. Ça a même été plutôt une angoisse. Je pense que c’est aussi ce qui m’a donné la rage de foncer vers ce métier alors qu’on me disait que ce n’était pas un métier pour les femmes ». La vie de famille est-elle compatible avec ce métier passion qui se déroule aux différents coins de l’hexagone ? « C’est grâce à ma famille que je peux le vivre. Il m’arrive de partir pour plusieurs semaines. Sans eux, je n’y songe même pas ».

Marion revient à la course la plus dure au monde, Paris-Roubaix. « Je n’ai jamais ressenti une telle émotion professionnelle. Dans le vélodrome de Roubaix, j’ai pris la mesure et l’intensité de ce moment. Je pourrai dire à mes petits-enfants : j’y étais ! ». Une fierté légitime, sans prétention.

Outre son père qui a lui a transmis cette passion du vélo et du micro, elle n’oublie celui qui le premier lui a donné l’opportunité de commenter une épreuve. « Jean-Claude Guion était spécialisé dans l’athlé et le triathlon. Je lui dois beaucoup ».

Le Tour de France féminin verra le jour sous une nouvelle forme en 2022. « J’attache une réelle importance au sport féminin, tout en déplorant ceux qui en font trop. L’excès déclenche aussi des réactions contre-productives. Il faut y aller progressivement. C’est le public qui sera juge de paix en étant présent sur les courses ou derrière le petit écran. C’est ainsi que tout le monde s’investira dans la durée. Ce sera le plus productif ! ».