Il se définit lui-même comme un épicurien. Thomas est petit-fils d’agriculteurs, dans le bocage. Après avoir connu de belles heures dans la pub, il fait le choix de revenir à la terre en proposant une plateforme qui facilite la relation entre producteurs et consommateurs. « L’alimentation, c’est quand même le premier besoin des hommes ». Travailler dans la pub, qui le plus souvent pousse à la consommation pour vanter aujourd’hui les circuits-courts, n’est-ce pas paradoxal ? « Les publicistes font parfois partie du vieux monde ». Cette expérience lui a pourtant apporté un éclairage intéressant sur les enjeux de la chaîne alimentaire. « Les agriculteurs et les producteurs ne sont pas payés à la hauteur de leur travail ». Le confinement a été le terreau de son aventure entrepreneuriale.

Son cerveau est souvent en ébullition et il adore le bouillonnement des idées. Il était destiné depuis toujours à la pub alors ? « Pas forcément. Mon cursus a été assez chaotique au début, avec une première orientation plutôt littéraire. J’étais un peu perdu. J’ai arrêté pour faire des petits boulots, notamment dans l’agroalimentaire. Puis je me suis lancé sur un autre projet : BTS communication, Infocom à Nantes pour une licence et enfin master 1 et 2 à Sciences Com’, le tout entrecoupé de nombreux stages ». Mais pas de boulot à la sortie. « Je suis alors parti à Casablanca, au Maroc,  dont je gardais un super souvenir de vacances avec mes parents. Me retrouver là, seul, au milieu du bazar marocain, ça a été le gros frisson de ma vie. Je me revois en haut du Sacré Cœur de Casa, au cœur du Parc de la ligue arabe. Un vertige ! ». Il y restera six mois où il fera du marketing digital.

Jusqu’au jour où son compatriote Saint-Laurentais Edouard Pacreau lui propose d’intégrer l’agence qu’il a créée. « J’étais un peu chef d’orchestre des appels d’offres, chargé d’animer les équipes en créa et stratégie ». Sept belles années où ses convictions profondes seront parfois un peu chahutées. « Le milieu est très créatif. Mais quand tu accompagnes des entreprises qui font du greenwashing, ça commence à chatouiller un peu. Et la grande distribution qui te fait croire que tu trouves de tout en toute saison. La nature ce n’est pas ça ». A Paris, il prend conscience qu’il n’est pas si simple de bien s’alimenter avec de bons produits frais. Thomas, dont le grand-père avait des vignes à Saint Paul en Pareds, s’intéresse aussi au vin. « Ça me donne des frissons quand je goutte au bon vin ».

Epicurien…Une bonne table et de bonnes discussions. Un assemblage qu’il affectionne, surtout quand il est arrosé d’humour. « J’aime me marrer. J’adore les repas où il y a de l’embrouille. Les gens ont un peu peur de la confrontation. Ils sont trop en mode consensus. Moi, j’aime bien la provoc’ ». Thomas est sensible à la vie des idées. « Tout le monde a des idées, tout le monde peut être créatif. On n’apprend pas à l’école à construire des raisonnements qui soutiennent des idées. Il devrait y avoir davantage d’intervenants extérieurs dans les écoles pour défendre des points de vue ». Parmi les gens qui l’inspirent, il cite Kanye West. « Un mec qui a une vision du design, qui a des idées et qui va au bout de ses idées ».

Thomas est heureux d’avoir 35 ans en 2021. « Le monde est ouvert sur plein de sujets. Je n’ai pas peur de prendre des risques, sans pour autant me mettre en danger. J’aimerais avoir plusieurs vies dans ma vie. Il faut se méfier du confort qui endort : c’est un frein à la liberté d’entreprendre ».

La randonnée lui procure aussi des frissons, comme dans le Queyras récemment. « Une autre belle émotion, c’est l’achat de cette maison. L’endroit est magnifique au bord de la Sèvre Nantaise ».  Lors du premier confinement, Thomas adorait courir dans les rues de Paris, plongées encore dans le noir à 5 heures du matin. Aujourd’hui, il a fait le choix de revenir en province. « Comme un certain nombre de mes amis. Cette période peut aider à des prises de conscience ». Et pour lui, cet épisode moins agité lui aura permis de poursuivre son projet de plateforme, accompagné peut-être d’un incubateur qui va l’aider à cerner tous les aspects de la création d’entreprise.

AMO