Michel aime se promener dans son beau village de Mallièvre, y sentir la chaleur des murs de pierre lors des balades en fin de journée. C’est aussi un fin jardinier. Originaire de la région parisienne dans le 93, en Vendée depuis 1982, il réside dans cette petite cité de caractère depuis 2001. Son engagement au sein du mouvement Emmaüs restera sa plus grande satisfaction.

« Ça fait 48 ans que je suis rentré dans le mouvement. Je suis arrivé comme compagnon en faisant la route pendant 4 ou 5 ans. J’y suis rentré parce que je n’avais rien d’autre, sans savoir vraiment à quoi m’attendre. Rapidement je m’y suis senti bien. J’étais le neuvième enfant de la famille. Moi qui étais plutôt réservé, on m’a fait confiance, et j’ai pu prendre des responsabilités, notamment comme adjoint à la communauté de Poitiers. Le responsable tombe en arrêt durant 6 mois ; l’abbé Pierre m’a alors demandé de le suppléer durant son absence. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une réunion où je présentais le mouvement que j’ai rencontré ma femme. L’abbé Pierre nous a mariés en 1976. Quelques années plus tard, j’avais la charge d’une maisonnée qui accueillait une vingtaine de compagnons. En 81, j’apprends que des personnes voulaient lancer une communauté à la Roche sur Yon.  Nous nous sommes portés volontaires avec ma femme, et c’est ainsi que j’ai démarré la communauté des Essarts, où j’ai été responsable pendant 20 ans, avant de venir travailler comme encadrant aux ateliers du Bocage, au Pin, de 2001 à 2007, année où je prends ma retraite. Depuis je suis administrateur et bénévole au sein de la communauté de Mauléon. J’ai essayé de redonner aux compagnons ce que le mouvement m’a apporté. Si je n’y étais pas rentré, je ne sais pas ce que je serais aujourd’hui. La réinsertion ne se limite pas à un travail et un logement ; c’est aussi avoir la capacité de donner un sens à sa vie.

Ce parcours m’a donné la possibilité de rencontrer des personnalités exceptionnelles. Je me souviens de l’abbé Pierre qui, avant sa conférence du soir, a voulu s’adresser aux compagnons des Essarts. Il a sauté sur le bar de la salle de réunion pour s’y asseoir et prendre la parole. C’est une image parmi d’autres que je conserve de cet homme très simple, très abordable. Tout comme sœur Emmanuelle que j’ai accueillie aux Essarts à plusieurs reprises. Avec son franc-parler, elle n’avait pas froid aux yeux. Une année, alors qu’elle venait donner une conférence à la Roche, nous avions prévu la loger dans une communauté de religieuses. Au moment de lui dire au revoir, elle me prend le bras et me dit : « Non, c’est chez toi que je veux coucher, aux Essarts ». Je suis allé au Caire, avec 2 compagnons et une amie travailler quelques semaines avec elle dans les bidonvilles et nous logions chez elle. Un jour de rébellion où nous entendions les coups de fusils, elle nous a embarqués dans sa voiture pour nous abriter à l’ambassade, sans laisser vraiment le choix à nos hôtes.

J’ai quatre enfants, dont le dernier qui est trisomique, un garçon très sociable à qui je consacre du temps, entre le jardin et mes permanences à la communauté, ou encore mes interventions dans les écoles et collèges pour parler du mouvement. J’aime les choses simples, à l’image de ma vie. Après avoir été élu dans ma commune, je consacre aussi du temps à l’accueil des migrants au sein d’une association locale. Le covid ? Quand je vois ma sœur qui habite un appartement sur Paris, je me dis que je suis verni ici ! »