David parle de son entreprise avec la même passion qu’il parle de ses poissons discus ou des bonsaïs. Cet ancien sportif de haut niveau (il jouait au handball à la Roche sur Yon en division 2) a le sens du collectif. Son moteur est la réussite de ses collaborateurs. « Quand je regarde dans le rétro, mes plus grandes satisfactions c’est quand j’ai pu contribuer à la réussite des uns et des autres ».
David n’était pas destiné à évoluer dans le milieu de la boulangerie puisqu’il a fait ses études dans l’informatique. Il est cocréateur d’Adibou (jeux vidéo éducatifs) dont le développement spectaculaire l’oblige à monter sur Paris. « Nous avons été rachetés par une boîte américaine. Je faisais de nombreux allers-retours entre les USA et la France. Paris n’était pas fait pour moi. A l’occasion d’un rassemblement de famille, André Barreteau fondateur de la Mie Câline (dont je suis le petit cousin) me dit : « les jeux vidéos, ce n’est pas un métier… Si tu veux, j’ai un truc pour toi ». Banco. Une première boulangerie s’ouvre à Cognac pour tester le nouvel arrivant. Puis à Toulouse, avant que David ne prenne l’animation du réseau. « Je suis revenu ici en 2003 au moment où André voulait transmettre le flambeau, et depuis 2010 je suis seul aux commandes, avec un bon CODIR sur lequel je m’appuie ». Cette année là, un audit effectué par le ‘pape’ de la franchise dessinait les contours d’un projet structuré qui constituait la feuille de route.
La reconnaissance de l’actionnaire ou du banquier ne le fait pas rêver plus que ça. « Par contre, des témoignages comme celui de ma directrice de réseau qui vient de prendre sa retraite me vont droit au cœur ». La réussite des franchisés aussi. « Il y a parfois des échecs. Notre aventure à l’international n’a pas été concluante. Notre métier c’est d’accompagner les gens à l’entreprenariat. Avant-même d’être des industriels. Notre seul client, c’est notre réseau qui est passé de 100 à 250 boulangeries en vingt ans ».
De 1995 à 2003, durant la période initiatique, l’équilibre vie professionnelle- vie familiale est mis à mal pour David. « Je parcourais 100 000 kms par an, remplaçait le croissantier à 4 heures du matin quand il était absent… Pendant cette période, j’ai perdu le fil de certaines relations, de FAC notamment. Heureusement que le socle familial restait solide ».
La respiration, il la trouve parfois en dehors de son entreprise. « Au sein du réseau APM (Association Pour le Management) nous avons des experts de haut niveau tant sur les pratiques managériales que sur l’analyse des phénomènes de société. J’apprécie en particulier les interventions sur la géopolitique. Mais c’est aussi un réseau de solidarité. Il y a peu, j’intervenais chez un autre membre du groupe pour apporter mon expérience du ‘retail’, de la franchise à la licence de marque ».
Il respire également avec ses poissons ou ses bonsaïs. « Je fais de l’aquariophilie depuis l’âge de 20 ans. J’ai un aquarium de 800 litres chez moi, soit l’équivalent de 4 baignoires. J’observe le comportement des discus qui sont des poissons grégaires qui vivent en banc et chez lesquels on retrouve des hiérarchies. Quand tu mets un nouveau poisson, il y a une redistribution des cartes qui est parfois spectaculaire ». Comme dans le monde de l’entreprise ? « Oui, avec l’arrivée d’un nouvel animateur réseau, chacun va chercher à se positionner. C’est un comportement assez similaire ».
L’autre passion c’est le bonsaï. « Nous habitions auparavant en campagne à Soullans près d’une forêt où il y avait des séquoias et des chênes centenaires que j’aimais contempler. Aujourd’hui nous sommes citadins, et ma ‘forêt’ se limite à une véranda. J’ai un ficus qui doit avoir aux alentours de 35 ans et qui a failli mourir il y a 5 ans. J’ai fait l’opération de la dernière chance en lui coupant un tiers de ses racines. Il est reparti plus fort ! ».
L’intolérance l’agace profondément. « On ne peut plus rien faire, on ne peut plus rien dire. Sans être raciste on ne peut plus dire Banania sans être suspecté. Je ne parle pas des caricatures ! l’histoire elle est faite de moments géniaux comme de moments dont on n’est pas fier du tout. Ce n’est pas en les zappant qu’on va changer quelque chose. Je n’aime pas la crispation de la société actuelle. Les déchaînements de haine que je vois aussi sur les réseaux sociaux parfois me glacent. J’en ai fait l’expérience avec l’émission ‘patron incognito’ sur M6, sans en être la cible. Les commentaires que ça entraîne sur un réseau comme twitter, ce ne sont que des méchancetés gratuites ».
David a vécu une expérience extraordinaire il y a cinq ans avec le départ du Vendée Globe où son entreprise sponsorise le bateau d’Arnaud Boissières. « J’ai eu la chance de vivre le départ du Vendée Globe sur le bateau, en quittant le chenal avec Arnaud. J’ai pris une claque phénoménale. Moi qui garde habituellement mon émotion sous contrôle, j’ai été submergé de façon incroyable. Une claque d’émotion assourdissante ».
Bravo Jean-Marie pour ce marathon photographique et journalistique, sur les gens singuliers de la Vendée. Bravo pour ton travail de haute qualité, tant au niveau de la photo que de ta belle plume ! Je consulte quotidiennement ton site, avec l’impatience et le plaisir de découvrir chaque matin un nouveau portrait et une nouvelle vie.
Je réagis au portrait de David Giraudeau, puisque je porte le même nom, qui a sans doute des origines vendéennes ! Mais moi, je suis né et je vis de l’autre côté de ton territoire de chasse photographique, en Loire Atlantique ! Par ailleurs, la Mie Câline me rappelle des bons souvenirs passés à St-Malo du Bois avec « l’ami du pain », au vieux temps de la photo argentique !
J’avais fait un peu la connaissance de David Giraudeau, via le petit écran et l’émission « Patron incognito ». Un peu méfiant de ce type de reportage, je trouve cependant l’idée excellente. A quand un « ministre incognito » pour avoir une idée concrète de la France d’en bas !