Jean-Pierre habite à quelques kilomètres. Je le connais mais je navais jamais pris le temps d’échanger avec lui. Je connaissais lentrepreneur, la société quil a créée à Mortagne, le  lodge des collines de Niassam au Sénégal et Terragora aux Epesses. Après plus dune demi-heure d’échanges, je découvre quil est dabord entrepreneur de son parcours de vie.

Il se considère comme un élève moyen. « Après le Bac j’ai fait une FAC de Droit. J’ai aimé la première année, et la seconde, je suis parti en courant quand j‘ai vu qu’ils voulaient me formater l’esprit ». Jean-Pierre fait des petits boulots puis voyage. « J’avais 18 ans en 68. Formidable. Le monde s’ouvrait. J’avais été un des premiers dans le coin à m’intéresser à la méditation transcendantale et j’avais lu des livres de spiritualité hindoue. Je suis allé par la route en Inde. En arrivant à la frontière il ne me restait plus que 10 dollars qui m’ont servi à payer le visa. Je couchais dehors, j’allais au temple pour la soupe populaire. Je vivais comme les indiens. Jai remonté le Gange avec un jeune moine. Nous couchions dans les auberges qui accueillaient les pèlerins. Les trains étaient tellement bondés qu’il n’y avait pas de contrôleurs. » Ce voyage qui a duré près de 5 mois a fortement influencé Jean-Pierre. « Dans un des pays les plus pauvres du monde, jai vécu des choses extraordinaires et j’ai vu des gens heureux. Ça m’a balayé de toutes les craintes et ça m’a autorisé à prendre des risques ». Le retour est fait de petits boulots. Puis c’est la rencontre avec Sylvie, le mariage, les enfants. « Et là je me dis qu’il va falloir penser à un boulot un peu sérieux. En 1983, je créé Energie Système pour économiser l’énergie dans tous les grands bâtiments. C’était le début des micro-ordinateurs, des modems dont on surveillait le clignotement ». Il débute avec 3 salariés et cède en 2002 son entreprise  qui compte  alors 80 personnes. « L’autodidacte que je suis avait embauché comme directeur général un polytechnicien major de sa promotion, docteur en informatique de Stanford ».

Changement de vie. Direction le Sénégal où il implante un lodge dans un site magnifique que le couple avait repéré lors d’un voyage. « Le tourisme haut de gamme n’existait pas au Sénégal. Nous avons fait des chambres dans les baobabs. Ça a été un succès au-delà de nos espérances. Dakar et ses expats sont à plus de 3 heures de route, et la piste était en mauvais état ». Seul un très beau projet innovant pouvait les faire venir. C’est cette expérience qui l’amène à créer ici en Vendée une nouvelle résidence touristique atypique. « Nous avons lancé un concours auprès de toutes les écoles d’architecture avec comme thème : « Inspirez-vous de l’habitat animal et des 3 éléments que sont la terre, l’air et l’eau ». Nous avons des chrysalides, des chambres terriers, des cabanes nids. Tout est en harmonie avec l’environnement naturel, sans figures géométriques sophistiquées ».

A 70 ans, Jean-Pierre éprouve toujours le besoin de créer. « Je travaille actuellement avec un  collectif : « La Nouvelle Abondance ». Le vieux monde s’écroule. Et le nouveau monde est déjà là. On sait tous que ce ne sont ni les grosses bagnoles ni les résidences luxueuses qui apportent le bonheur ». Alors quelle est la recette ? « La première chose qui est simple et difficile à la fois c’est de ne plus regarder la télé (sauf pour les matches de foot, et encore ?). L’avenir, c’est de se connecter avec le monde du vivant, être maître de son existence à travers ses aspirations profondes ». La gestion de la pandémie l’exaspère. « Le Covid a révélé la bêtise de notre système. On conditionne les gens avec la peur et lirresponsabilité. On impose le vaccin ! Pour moi, c’est du viol. Je dois pouvoir disposer de mon corps comme je l’entends. On a reçu la vie en cadeau, ce n’est pas pour la confier à ceux dont on peut douter des intérêts, notamment les groupes pharmaceutiques… ». Il ne manque pas d’exemples pour dénoncer la bêtise humaine. « Au Sénégal, avec une des mers les plus poissonneuses, il n’y aura bientôt plus assez de poissons pour les locaux, quand une usine extrait 240 tonnes par jour pour faire des farines destinées à du poisson d’élevage qui consomme 5 à 10 fois son propre poids… ». Selon lui, le système n’est plus régulé. « La science nous présente le monde comme une grosse mécanique rationnelle alors que nous avons une capacité qui s’appelle la ‘conscience’ une faculté humaine à reconnaître et à développer ».

La grande blessure de Jean-Pierre c’est la disparition accidentelle de son fils de 5 ans lors d’un voyage au Maroc. « En quelques minutes tout est broyé ! C’est une épreuve à traverser, et cela te rend plus fort. Tu relativises tellement de choses après ». L’occasion de revisiter l’éducation religieuse reçue ? « L’Ancien Testament ne m’intéresse pas du tout. Par contre l’Évangile de Jésus me parle très très bien. Jésus est quelqu’un d’une profonde sagesse avec ses paraboles ancrées dans le vécu, le monde des vivants ».

D’une vie aussi riche, Jean-Pierre a écrit un livre « Philosophie de la vie pour agir aujourd’hui », sorti en 2019. Résumer un tel parcours dans un récit dont la lecture ne doit pas dépasser trois minutes n’est pas possible. Le web livrera quelques vidéos aux curieux qui souhaitent mieux connaître ce passionné de nature, cet entrepreneur ‘atypique’.

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