Coureur professionnel depuis 8 ans, Lorrenzo a dû s’arracher de l’Ile de son cœur, la Réunion, pour accomplir ses rêves de cycliste. A l’âge de 16 ans, il intègre le pôle espoirs de la Roche sur Yon. Il deviendra professionnel en 2015. Ce sprinter-puncheur a participé à quatre Tours d’Espagne. Son ambition : le Tour de France. S’il concentre aujourd’hui toute son énergie sur sa carrière sportive, il songe aussi à l’après.
C’est peut-être parce qu’il en est éloigné qu’il regarde son île natale avec une tendresse particulière. « Ici la mer n’est pas loin, mais ce n’est pas tout à fait la même chose » sourit-il. Ce qui ne l’empêche pas d’être attaché au département de la Vendée. « C’est une vraie chance de pouvoir vivre de ce métier-là dans ce bel environnement ». Le vélo, il en fait depuis l’âge de 6 ans. En 2009 et 2010, il est champion de France cadets sur piste. « À partir de là, j’ai contacté différents pôles. Celui de la Roche sur Yon était particulièrement reconnu. C’était comme l’antichambre du monde professionnel qui me permettait de mener en parallèle mes études. C’était important pour moi, et peut-être encore plus pour mes parents. ».
Même avec la plus forte des motivations, quitter les siens n’est pas anodin. « Ça demande quand même un peu de temps d’adaptation. Une fois la rupture acceptée, on peut passer à autre chose. Je savais pourquoi j’avais laissé ça, et ça m’a rendu plus fort pour aller plus loin dans mon projet. Dès mon arrivée, j’ai été très bien entouré. Ma famille d’accueil était moitié réunionnaise, moitié métropolitaine. J’étais entre de bonnes mains ». Lorrenzo retrouve sa famille régulièrement. « J’ai la chance de pouvoir rentrer tous les ans. Être éloigné des siens, des paysages de son enfance, permet de les apprécier encore mieux. A chaque fois, j’en profite à 200%. C’est aussi ce que m’a appris mon expérience ici ».
Il entame sa huitième année avec son statut de coureur professionnel, la troisième avec Total Direct Energie. « Je suis entré en 2015 à la Française des Jeux, puis chez Vital Concept en 2018 avant de signer chez TDE en 2020 ». Son tempérament puncheur le pousse à viser toujours plus haut. « Je veux gagner le plus de courses, mais l’objectif parmi les objectifs, c’est celui de tous les coureurs pros : le Tour de France ». Les places sont chères : sur la petite trentaine de l’effectif, huit seulement seront retenus. « C’est sur le terrain que tu gagnes ta place. Tout reste possible ».
L’arrivée au sein de l’équipe d’un autre sprinter de renom n’est pas pour lui déplaire. « L’arrivée de Peter Sagan n’est pas une ombre pour moi. La hiérarchie est très bien établie. Derrière le coup apparent, il y a surtout un vrai projet sportif, avec l’envie de progresser à l’international. A nous de nous mettre dans son sillage ». Après la trêve, l’équipe a repris ses stages en Espagne où les conditions sont meilleures à cette époque de l’année. « Nous avons fait deux regroupements de 10 jours ».
Quand il n’est pas sur son vélo, Lorrenzo aime la rando. « Avec Julie nous aimons découvrir les jolis coins. La Vendée est belle ». Lui qui a réussi un Bac ES et un BTS technico-commercial s’intéresse à l’immobilier. « Peut-être un domaine où j’aimerais me reconvertir plus tard. L’économie m’a toujours intéressé ». Le professeur de cette discipline au pôle espoirs l’a marqué. « Richard Tremblay a marqué beaucoup d’entre nous. Il n’avait pas le rôle facile avec les grands ados que nous étions, mais il était juste. Je me souviens qu’il m’avait dit : plus tard, tu verras que tu n’oublieras pas ces années-là. C’est vrai que c’était un moment important de ma vie à une époque où la personnalité se construit ».
La pandémie n’a pas épargné le milieu cycliste. « Même si ça a été très difficile, cette période a montré la capacité d’adaptation des hommes, que ce soit pour la relance de l’économie ou pour notre capacité à vivre au quotidien. Mais on n’est pas près d’oublier. On racontera ça à nos petits-enfants ». Il a pourtant connu des jours de découragement. « Quand tu es compétiteur, tu rages de voir les courses s’annuler, t’entraîner pour rien. C’est déstabilisant. Deux saisons dans une carrière qui va en compter 10 ou 15, c’est beaucoup. Au final, les grands événements ont fini par avoir lieu. Et puis notre employeur nous soutenait. Il y a eu plus mal lotis ! Il faut relativiser ». Il pense aussi aux plus jeunes coureurs, pénalisés par l’absence de courses amateurs. « Beaucoup n’ont pas pu passer pro, à défaut de pouvoir faire leurs preuves ».
Même s’il est dans sa bulle de sportif compétiteur, Lorrenzo n’est pas insensible au monde qui l’entoure. « Bien sûr que la dégradation de l’environnement me préoccupe, notamment pour les futures générations. J’essaie de faire au mieux à mon niveau ». Il apprécie également l’investissement de son sponsor. « Le vélo est une belle vitrine pour le groupe partenaire qui se diversifie dans le vert avec l’hydrogène ».
Lorrenzo aime bien l’athlé, le triathlon. Il est surtout fasciné par ces trailers qui vont au bout de leurs forces, sur la Diagonale des Fous ou ailleurs. « L’endurance est notre facteur commun ».
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