Qui n’a fait le détour par la dune du Pilat en Gironde, la plus haute d’Europe ? Originaire de Pouzauges, Louise est en charge de la communication de ce site naturel majeur, non pas pour y faire venir plus de monde (ils sont déjà 2 millions de visiteurs par an), plutôt pour veiller au respect de son environnement. L’autre volet de sa mission, c’est la médiation culturelle et scientifique. Le gros tas de sable recouvre une histoire vieille de 4000 ans…
À l’issue de son Master en médiation culturelle (médiation des patrimoines et communication) Louise cherche un stage dans le bassin d’Arcachon, là où son mari avait trouvé un emploi quelques mois plus tôt. « Je suis arrivée au bon moment. Le syndicat mixte regroupant les collectivités venait de se constituer. La directrice a considéré a juste titre qu’une stagiaire pouvait apporter le coup de main à cette époque où tout était à créer ». L’idée est de trouver l’équilibre entre la protection de ce paysage remarquable et l’accueil d’un grand nombre de visiteurs. Chaque année, la dune avance de 5 mètres. « Poussé par les vents d’ouest, le petit grain de sable va monter sur la crête avant de chuter sur l’autre versant ».
Communiquer pour faire adopter des comportements plus respectueux nécessite des efforts redoublés, permanents. « Ce n’est plus la consommation touristique telle qu’elle se produisait il y a quelques années. Aujourd’hui on est plus dans la sensibilisation que dans la promotion ». Différents sols et objets archéologiques découverts permettent de retracer 4000 ans d’histoire. « Des scientifiques viennent du monde entier. Certains chantiers comme les fouilles archéologiques nécessitent des autorisations préalables. C’est mon job. Comme les accompagner sur le chantier. Le but est d’accueillir tout ce petit monde dans les meilleures conditions ». De son côté, le Conservatoire du Littoral poursuit son programme d’acquisition de propriétés privées pour faciliter la gestion publique de la Dune, en partie privée. Sensibilisation scolaire, randonnées contées au coucher du soleil, la palette des activités est large. « Aujourd’hui, nous sommes 15 dans l’équipe permanente et 32 avec les saisonniers ».
Louise est parfois sollicitée pour des tournages. « Il y a des choses qui ne sont même pas envisageables comme un spot publicitaire pour une voiture par exemple. Ce serait contraire à la vocation même d’un grand site naturel. On nous appelle les ‘gardiens’ de la dune. A nous d’être vigilants. Et quand il le faut, on peut faire appel aux services de l’État pour sanctionner ». Les Grands Sites de France (Pointe du Raz, Pont du Gard, Baie de Somme, une cinquantaine au total, parmi lesquels le Havre du Payré en Vendée) travaillent en réseau.
Elle relaie les photos qui envoient du rêve, ou celles plus pragmatiques qui informent de l’évolution des chantiers comme l’aménagement de l’espace accueil. « C’est très suivi, et ça nous a valu une équipe de TF1 en décembre dernier pour le JT de 20 Heures ».
Louise reconnaît qu’au moment du premier confinement elle était plus que privilégiée. « Je me souviens être allée sur la dune dès le lever du soleil, juste au-dessus de la brume dans la forêt, les chevreuils qui escaladaient dans le sable… ». Elle est également bien placée pour déplorer l’attitude de certains visiteurs. « Entre le stationnement sauvage et les masques qu’on ramasse, on se dit qu’il y a encore beaucoup à faire. Tout le monde ne semble pas aspirer à une planète plus belle… » Louise n’est pourtant pas du genre à baisser les bras.
De sa dune, elle n’oublie pas les collines de Pouzauges. « J’ai fait mes expériences saisonnières dans le patrimoine, au château de St Mesmin, au Manoir des Sciences de Réaumur, à la Maison de la Rivière…Petite j’y allais déjà avec mes parents. J’y reviens aujourd’hui avec mes enfants et avec un regard plus exercé : l’organisation des espaces, les actions de préservation, la signalétique… ».
Lorsqu’elle dispose d’un peu de temps, Louise aime les activités manuelles. « Sans doute un héritage de mon père qui, à 70 ans, est toujours passionné par l’ébénisterie. Aller jusqu’au bout de ce qu’on entreprend, avec le sens de la perfection… sa façon de travailler m’a toujours fascinée ». Un métier qu’elle aimerait faire ? « Pourquoi pas une activité manuelle si un jour je dois me reconvertir ? ».
Parmi les faits marquants de son parcours de vie, elle cite d’emblée la naissance de ses deux enfants. « Ça bouscule le rythme journalier ». Quitter la région de sa propre enfance a été un bouleversement mais aussi l’occasion de découvrir beaucoup de nouveautés. « Il faut faire preuve d’initiatives, aller à la rencontre des gens, surmonter la peur de l’inconnu ». Elle croit dans la force des rencontres humaines. « Ne serait-ce qu’avec le Réseau des Grands Sites de France, j’ai découvert des gens merveilleux ».
Elle reprend la métaphore du grain de sable pour illustrer son message. « Tout seul on ne fait pas grand-chose, mais à plusieurs ont peut faire des grands projets, et même soulever des montagnes. C’est l’état d’esprit qu’on essaie d’avoir au travail et pour ma part, plus généralement dans la vie ».
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