C’est devant la scène du festival de Poupet que je rencontre Francis. Il est venu écouter Jean-Louis Aubert qui va rentrer sur scène dans quelques minutes, le temps que Francis raconte son parcours avec l’accent chantant du sud-ouest, bien qu’il ait quitté sa région de cœur depuis bientôt 50 ans.

Une fois ses études effectuées au CREPS à Bordeaux, il est muté à Saint-Denis en région parisienne. « Quand on quitte sa province et qu’on se retrouve en banlieue, c’est très compliqué ; c’est un autre monde. J’étais dans un lycée d’enseignement professionnel avec des jeunes qui avaient été orientés dans la filière sans l’avoir demandée, faute de places ailleurs. C’était difficile dans l’établissement mais aussi en dehors. Tout de suite j’ai eu le mal du pays. J’y suis resté six ans quand même ».

Professeur en éducation physique, Francis avait le rugby pour spécialité. « Même avec le sport, les élèves étaient difficiles à canaliser. Dans l’établissement les incidents étaient fréquents». Joueur et entraineur au club de rugby de Bobigny, Françis retrouvait ses copains du sud-ouest. « Ça faisait du bien ! J’ai gardé de bons copains et il m’arrive d’y retourner. Mais côté problèmes sociaux et enseignement en banlieue, la situation ne s’est pas améliorée ».

Dans un tel contexte, l’entente entre professeurs était vitale. « Elle était marquée par une vraie solidarité entre nous. Dès qu’un prof rencontrait un problème (intrusion d’élève extérieur, agression …), on stoppait tous nos cours ». Francis demande à revenir dans le sud-ouest en vain. « On m’a proposé Clisson !  Soit j’attendais encore un peu, soit j’acceptais Clisson. Ma jeune femme ne s’adaptait pas non plus en région parisienne. Les premiers temps, l’accueil a été plutôt froid ici à la différence du sud-ouest où c’est très chaleureux. Puis petit à petit avec le rugby, et les enfants à l’école, les premières relations se sont bien établies. Nous y sommes depuis 40 ans ».

La question de retourner dans le sud-ouest s’est naturellement posée. « Nos deux filles avaient leurs attaches ici puis  nos petits-enfants sont arrivés et nous occupent bien ! ».

Ici il vit une retraite paisible. « Je profite de chaque jour comme si c’était le dernier. Je ne m’inquiète pas de l’avenir. J’ai intégré une association ‘Clisson passion’. Je donne des cours de vélo auprès des adultes. J’interviens en particulier auprès du C.A.D.A (qui gère les demandeurs d’asile). La grande majorité des élèves sont des adultes ». Sinon, Francis est adepte de la randonnée. « Mon beau souvenir, c’est la découverte de l’Ile de la Réunion (Mafate, Marla). Depuis 18 mois comme pour tout le monde  c’est compliqué. J’espère qu’on va pouvoir reprendre rapidement ». En espérant prolonger le plus longtemps ce plaisir de randonner et de voyager !!