Le Rallye automobile et touristique des Epesses fêtera ce dimanche ses quarante printemps. Et pour Jean-Marie Grimaud, ce sera le trente-huitième en tant qu’organisateur. Un évènement qui réunit les choses qu’il affectionne : la convivialité, la curiosité, la connaissance par la bonne humeur. Lui est né avec un micro dans les mains et des chansons en tête. C’est en lui, comme le sens de la comédie au théâtre. Le public reconnaît chez cet amuseur à l’œil qui brille un vrai sens du partage.
En 1982, c’est la seconde édition du Rallye et pour lui une première. « Je me faisais petit aux côtés d’Alexis Gabard ou Rémy Boudaud, les têtes pensantes alors. J’étais le plus jeune de notre équipe de cinq organisateurs à l’époque, et aujourd’hui, je suis le plus vieux. » Le périple alterne les questions historiques et culturelles assorties de jeux souvent récréatifs, toujours propices à la bonne humeur. « C’est la seule ambition de ce rendez-vous annuel : que les gens passent une bonne journée. » Outre la première année où il était au service militaire, Jean-Marie s’est accordé une seule pause, l’année de son mariage, en 1987.
La sympathique épreuve réunit environ quarante-cinq équipages, elle en a connu jusqu’à cent ! « Le démarrage a été timide la première année, mais rapidement, il y a eu un véritable engouement chez les jeunes de l’époque. C’était LE rendez-vous. » Quatre ou cinq mois sont nécessaires à la préparation. « On fait les parcours de reconnaissance le dimanche matin, avec l’incontournable dégustation d’huîtres, puis les réunions en soirée qui augmentent de semaine en semaine à l’approche du weekend de la Pentecôte. » Quatre étapes vont rythmer la journée, dans un rayon de cinquante kilomètres. « On ne dépasse pas les cent ou cent-vingt kilomètres au total. Le plus loin qu’on ait pu faire : Chanzeaux dans le Maine-et-Loire ou Mareuil-sur-Lay. » L’équipe s’est renforcée depuis quelques années. « Les jeunes organisateurs entraînent les jeunes participants. »
Les nouvelles technologies mettent depuis quelques années l’information à portée de main. « Ça nous oblige à modifier la nature des questions, auxquelles on ne peut répondre qu’en étant sur place, pas sur les réseaux. Je me souviens des premières années avec des files d’attente aux cabines téléphoniques sur les places de villages ; c’est révolu depuis longtemps. » Les souvenirs croustillants se bousculent. « Une voiture qui loupe une signalisation et s’engage dans un ruisseau ; une observation énigmatique du haut du balcon herbretais pour une réponse qui se trouvait au final sur la Simca Talbot Horizon d’un des organisateurs ; l’œuf glissé derrière la roue arrière d’une voiture stoppée dans la côte de la Butte, facteur de pénalités quand la voiture glissait…Le Rallye, c’est un savoureux équilibre entre la partie culturelle et le côté amusement. »
L’amusement n’est pas chez Jean-Marie une seconde nature, mais bel et bien la première. « Dans ma famille tout le monde chante, et à chaque fête familiale c’est récital. Peut-être par nostalgie ? Je trouve que les chansons de ma jeunesse sont formidables. Ce sont encore elles qui terminent la plupart des soirées festives. » Renaud est son artiste de cœur. « Comme Johnny que j’ai vu six fois, mais ce n’est pas lui que je reprends le plus. J’aime beaucoup la poésie de Pierre Perret. » Il lui arrive aussi de prendre la plume, comme son ami Pierrot. « J’ai écrit il y a quelques mois une chanson sur la retraite, un sujet d’actualité pour moi. A l’école, je ne me débrouillais pas trop mal avec les rédactions : introduction, développement, conclusion. Un peu comme une chanson. » Ses thèmes d’inspiration varient. « Perret a fait le ‘Zizi’ mais aussi ‘Lili’. Tout ne porte pas à rire. » Il ne sait pas écrire la musique mais s’inspire d’autres chansons pour extraire une mélodie.
Sa bonne humeur, il la partage aussi sur les planches. « Depuis 1977, j’ai joué dans vingt-quatre pièces, du rôle de concierge au rôle principal. C’est le metteur en scène qui assure la distribution en faisant tourner les meilleurs rôles. Dans la troupe, on ne prend jamais ombrage des rôles attribués ; on est là pour amuser le public. » Jean-Marie a fait son apprentissage en ébénisterie puis a travaillé près de quarante ans dans le meuble. « Les périodes où j’étais en 2 X 8, je ne pouvais pas assurer les répétitions. »
Un animateur dans l’âme avec cette humeur contagieuse. « Je ne me vois pas vivre sans cette proximité avec les gens. J’aime partager. Ça me donne aussi de l’énergie. »
Ce sens des autres, il l’exerce aussi à l’école par l’assistance aux devoirs scolaires. « C’est ma façon de me rendre utile depuis que je suis à la retraite. Je ne suis pas du genre à rester assis derrière la baie. Un peu de jardin, du bricolage, de la randonnée avec les marcheurs du coin. J’aime bien varier mes occupations. On a la chance d’habiter un bel endroit avec un bel environnement. La famille n’est pas loin, les amis non plus. Que demander d’autre ? »
Il a connu un pépin de santé il y a sept ans. « Un staphylocoque est venu jouer les trouble-fêtes d’une intervention qui s’était pourtant bien passée. Cela m’a valu quinze jours en réanimation. J’avais du temps pour composer des chansons, mais je n’avais pas la tête à ça. Après une épreuve comme ça, tu vois les choses différemment. Vieillir, si c’est en bonne santé, ça ne m’effraie pas. »
Jeune, il écoutait ses aînés ; aujourd’hui, il apporte la même écoute auprès des plus jeunes. « Ce n’est pas parce que j’organise les rallyes depuis 38 ans en étant aujourd’hui le doyen de l’équipe que je vais imposer mon point de vue. J’aime apporter mes idées comme j’aime celles des autres. C’est le partage qui donne de bons résultats. »
FB: rallyetouristique.foyerrural
Blog: http://rallyedesepesses.unblog.fr/
Salut Jean Marie,
Merci pour le moment de lecture d’hier soir, sur celui que nous surnommons Bochteille. Évidemment, ça m’a parlé.
Je crois qu’un de mes premiers souvenirs, c’est de le voir sur la scène de la Chapelle St Jean (avant que le foyer rural existe … 1972?) lors d’une séance de variétés. Il chantait du Tino Rossi. Il avait été surclassé, il était trop jeune pour adhérer au foyer de jeunes à ce moment là.
La seconde anecdote, c’est la veille d’un rallye où en Méhari avec son compère Mamac il faisait la propagande au haut parleur dans les rues. Ils se sont arrêtés chez Nanane et après avoir mis 1 franc dans le jukebox, il a improvisé sur « Assibonanga » de Johnny Clegg, un « Assis te dun là » d’anthologie.
Amuseur public no 1 ce Jean Marie.
Merci donc…