Le roux de secours…Un clin d’œil et une revanche. Cela fait cinq ans qu’il assume sa rousseur. Au point qu’il peut en faire aujourd’hui de l’auto-dérision. Sa palette de services est multiple et son crédo tourne autour de l’excellence et de la réactivité. Originaire de la Nièvre, Anthony a un parcours riche et une approche de la vie assez singulière.
Il fait partie de ces enfants roux, harcelés sur la cour de l’école. « C’est un fléau qui touche aussi quelques adultes ». Un fardeau qu’il transforme en atout commercial. « Je suis installé depuis quelques mois seulement, en juillet 2021. Les gens sourient quand ils me voient arriver chez eux. J’ai même eu des retours d’enfants qui sont touchés par cette forme de dérision ».
Il arrive en Vendée en 2006 avec sa compagne de l’époque. « J’ai un CAP de boucher à l’origine. En venant ici, j’ai d’abord travaillé dans le nautisme, devenant rapidement chef de coque ». Autodidacte, il loue l’excellence dans tous les domaines. « Quand tu as vécu le harcèlement, tu dois faire tes preuves, être meilleur ». Il explore différents domaines. « Le vitrage isolant ou le nettoyage industriel, la miroiterie…Après avoir été chef d’équipe dans une entreprise de TP à Venansault, j‘ai bossé deux ans et demi en tant que chef de chantier sur les autoroutes. Je partais à la semaine sur tout le grand Ouest. Le challenge est mon moteur ; le défi me plait : tu vas voir si je suis capable ! ».
Une hernie discale vient jouer les trouble-fêtes. « Elle m’a couché pendant quatre mois et demi ». Il connait des hauts et des bas après sa séparation. « Depuis j’ai retrouvé une nouvelle compagne, Maud, avec qui j’ai eu un enfant. Par sa maman, j’ai découvert les compléments alimentaires et la santé préventive. Je me suis pris de passion pour le marketing relationnel. J’ai appris à mieux me connaître, à cerner mes peurs, à prendre confiance. Une belle expérience que j’ai mis au service des autres ». Cinq ans plus tard, il renoue avec le salariat. « On m’a proposé un poste de chef de ligne chez un gros faiseur en agroalimentaire, toujours dans une logique d’excellence et d’amélioration des process. Quand, à la fin du mois, avec une tendinite à l’épaule et des horaires décalés, j’ai vu mon bulletin de salaire, j’ai dit stop. J’en ai même pleuré ».
Un ami lui fait appel pour motoriser un portail ; une voisine le sollicite pour poser un robinet. « Comme je suis touche-à-tout, j’ai vu qu’il y avait un coup à jouer. Je ne prends même pas le temps d’en parler à Maud. J’ouvre une page Facebook « Le Roux de Secours » et dépose une annonce sur Market Place. Une heure trente plus tard, j’avais une première demande pour le samedi qui suivait ; une porte de garage à cacher, puis une deuxième demande pour de l’élagage. Aujourd’hui j’ai des commandes pour un mois et demi. Je ne veux pas m’engager trop loin dans le temps pour garder de la réactivité et avoir moins de stress ».
De Bazoges en Paillers, il vient juste de s’installer à St Christophe du Ligneron. « On se rapproche de la famille de ma compagne, mais mon bassin d’activité demeure le même, autour des Herbiers ». Il sait être reconnaissant. « La Vendée m’a accueilli et par la suite, je l’ai adoptée ». Il ne regrette pas avoir changé de région. « Quand on connait Nevers, on connaît la misère ; la diagonale du vide…Aujourd’hui il n’y a pas une dynamique du travail comme ici. J’aime bien la mentalité vendéenne : un peu de prudence au départ, tout en laissant une chance. A nous de nous impliquer ».
Anthony est un boulimique de travail. « Un peu plus de temps libre serait apprécié par ma compagne et mes enfants ». Il est cependant capable de prendre du temps pour lui. « Je suis capable de m’échapper une heure pour obtenir un massage en centre de soins, même si c’est très rare ». Il apprécie la lecture. « Le développement personnel m’intéresse, comme ce qui tourne autour de la vibration ou le spirituel, en dehors de la religion. A chaque fois qu’on sème une graine, on récolte ; c’est vrai partout ». Il considère important de bien s’entourer. « Nous sommes la moyenne des 5 personnes que nous côtoyons le plus. Si quelqu’un veut aller de l’avant, il doit changer d’environnement. C’est pour ça que je suis parti de la Nièvre. Tous les jours j’apprends des personnes que je rencontre ». Le bricoleur est un homme réfléchi. « Peut-être trop ? J’ai juste envie de savoir pourquoi je suis là, et à quoi je sers ? Je reste au centre de mes attentions, avec ma compagne et mes enfants ». Un artisan pas comme les autres. « Il m’arrive fréquemment d’emmener les viennoiseries le matin. Je ne cours pas après le temps ; au contraire, j’aime beaucoup discuter avec mes clients ».
Il s’inquiète des conséquences économiques du conflit ukrainien. « J’ai envie d’assurer un avenir confortable pour mes enfants, qu’ils soient libres de leurs choix plus tard. J’attache de l’importance à l’argent, mais la passion du métier doit être encore plus forte. Quand le salaire pour payer les factures est la seule motivation, c’est dur. J’ai toujours aimé retrouver une bonne ambiance dans mes équipes ».
Ses belles réalisations professionnelles réjouissent autant ses clients que lui. « D’une friche, j’ai réalisé un bel aménagement autour d’une belle maison bourgeoise aux Herbiers. J’ai refait un appartement aussi sur Paris ; aujourd’hui je privilégie les petits chantiers ». À titre personnel ses enfants sont sa plus grande joie. « Ainsi que ma revanche sur la rousseur. Je ne me préoccupe plus du regard des autres ». Il cite Maud Ankaoua qu’il lit en ce moment. « Il n’est jamais trop tard pour devenir ce que l’on aurait pu être ».
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