Il aurait pu succomber aux doux chants des sirènes de l’économie ; il a préféré les voies de la musique. Artiste lui-même repéré aux dernières Trans Musicales, courroie de transmission entre les artistes et les plates-formes de streaming par son job, il envisage refaire ses gammes en relançant Vinomusic. Petite déambulation dans le nouveau monde de la musique avec David.

Fort d’un Master obtenu à Angers, David est parti 5 ans à Cologne pour développer le réseau Wiseband, basé aux Landes-Génusson. « Cette grosse et belle ville allemande est très inspirante sur le plan culturel, notamment pour la musique, hyper présente. Cela m’a inspiré pour mes projets. Aujourd’hui, je suis revenu à Angers, et régulièrement, je viens en Vendée rencontrer l’équipe, un peu dispersée sur le Grand Ouest. »

C’est en 2014 qu’il vient faire un stage dans cette entreprise innovante, au bord de la faillite. « J’ai bouclé mon stage. Je croyais vraiment dans le projet emmené par Henri-Pierre Mousset, Cécile Huet et Gauthier Bouly, développeur en chef. On a connu trois années compliquées, puis l’embellie a percé. Notre métier, c’est de permettre aux artistes d’accéder aux plates-formes de distribution de la musique, de créer des boutiques en ligne et les aider à développer des produits dérivés à travers le marchandising. »

Le Covid a stoppé net tous les concerts en ce début 2020. « Les labels et les artistes ont pris conscience du poids d’internet pour élargir l’audience ou tout simplement se faire entendre. » Le web s’affranchit des frontières. « Nous avons des clients qui viennent d’Inde, d’Amérique du Sud, des USA. Une de nos équipes revient d’un salon à Austin. Nous recevons plein de signaux positifs en ce moment sur Wiseband. »

En quelques années, la distribution de la musique a été révolutionnée par le web. CD et MP3 sont à ranger du côté des vieilleries. « Les artistes ont aujourd’hui besoin d’un distributeur pour accéder aux plates-formes les plus en vue. Sauf à avoir ses entrées auprès des majors, la solution consiste à trouver un distributeur indépendant qui défendra le projet auprès des Spotify ou Deezer. Nous sommes peu nombreux à faire ce métier, moins de 100 au plan mondial, seulement 4 en France. »

Certains artistes y trouvent un levier formidable. « Avec un peu de talent, n’importe qui peut être écouté partout, à n’importe quel moment. On a quand même de belles histoires avec ça, comme ce pianiste qui voit ses mélodies rejoindre de très nombreuses playlists partout dans le monde. Il peut vivre sans faire de concerts (réjouissant ou non, c’est quand même fou). C’est vrai pour les musiques universelles et musique de niche qui vont trouver un public international ; ce serait difficile pour le rock français, un registre trop restreint géographiquement pour pouvoir vivre seulement des royalties liées au streaming. » Les beatmakers s’en tirent avec des équipes restreintes. « Il y a moins de personnes à rémunérer autour. »

Les artistes reprennent ainsi le contrôle de leur carrière. « Le système est très transparent. Toutes les écoutes au-delà de 30 secondes sont rémunérées. Notre mission est d’obtenir des mises en avant pour nos artistes. Nous défendons leurs projets en utilisant des arguments convaincants pour une meilleure visibilité. Le dernier mot revient toujours à la plate-forme. » Un système de diffusion désormais incontournable. « Les programmateurs de salles ou de festivals regardent aussi les statistiques d’écoute. Un artiste qui ne serait pas présent en streaming serait comme un prétendu influenceur absent sur Instagram. » Wiseband joue sa propre carte en présentant des projets de qualité, bien appréhendés. « Il faut bien travailler en amont. L’idéal, c’est d’avoir au moins 6 semaines d’anticipation. »

Avec son ami Maxime Leray, David vient de reprendre les rênes de Vinomusic. « L’idée de cette entreprise créée en 2015 était de créer une passerelle entre deux mondes étrangers au premier abord, avec un vocabulaire pourtant commun : les accords, les harmonies… » Le concept rapproche un vigneron indépendant d’un label indépendant. « La première version de cette entreprise a fait faillite en 2018. Nous repartons avec les encouragements des promoteurs de l’époque en faisant évoluer le concept. Sur chaque bouteille, il y aura une contre-étiquette, avec un système QR Code (merci le Covid, tout le monde connaît désormais les QR Codes). Il y aura une présentation pédagogique du vin, accompagné de 3 playlists possibles, en accord avec le produit. » Un levier supplémentaire pour un vigneron indépendant qui peut être injustement sous-coté. « Pour le moment, on ne fait que sur le Val de Loire ; les premiers essais sont vraiment encourageants. »

David a été repéré lors des dernières Transmusicales de Rennes avec son live VAPA qui a emporté tous les suffrages. « C’est une musique électro, mélodique et dansante avec un show visuel sur scène (Perrine Drouillet s’occupe de concevoir et diffuser tous les graphismes sur des écrans). J’ai sorti l’EP Mental l’an dernier, un album de 6 titres. Il y a quelques concerts en perspective, à Paris et dans quelques festivals cet été. » En fait, il consacre tout son temps à la musique. « Ça empiète largement sur mes loisirs. Je fais juste le minimum de sport pour m’entretenir. »

Il ne dément pas que toute crise peut être propice à la créativité. « Hormis le côté relou global du confinement et le port du masque, la période du Covid a été plus profitable vu de ma fenêtre, ce qui n’est pas le cas le plus répandu, j’en conviens. . Il considère que la prise de conscience face aux menaces qui planent sur ce monde ne l’est que lorsque on est au pied du mur. « Les gens s’émeuvent du confit en Ukraine, mais c’est parce que leur pouvoir d’achat est atteint, qu’ils vont limiter leurs déplacements ou moins utiliser de gaz pour se chauffer. Du coup, l’environnement en bénéficiera. » Combien de temps ? « Lors du premier confinement, beaucoup se réjouissaient de la diminution des déplacements en avion, qu’on pouvait s’émerveiller à côté de chez soi…Finalement, ça repart comme en 40 ! Sans vraie menace, les gens ne changent pas leur comportement. Ce n’est pas réjouissant. »

Son chemin de vie est influencé par ses amis. « J’ai entendu parler d’une étude récemment qui indique que nous prenons 6000 décisions par jour (l’agence de conseils Olbee basée à WeForge), du choix du shampooing le matin à ce que je vais manger ce soir. Quand tu es dans une bonne dynamique mentale, ces 6000 décisions plus ou moins conscientes seront sur la même tendance. » À quoi bon se prendre la tête ?