Ses domaines d’inspiration sont vastes et son coup de patte est parfois minimaliste, suggestif, toujours respectueux. Parcourir sa page Insta est une balade dans le monde coloré de sa fantaisie. Adolie dessine comme elle est, de façon spontanée.
Cette nantaise habite depuis quelques années à Montaigu où elle a son atelier. « J’ai débuté il y a 15 ans comme designer textile chez Kenzo dans le Choletais ». Très vite elle aspire à plus de liberté en prenant un statut free-lance. « J’avais un blog où mes illustrations ont été assez vite repérées par des éditeurs ». Elle puise son inspiration dans le quotidien. « Pas seulement. Je peux regarder un film, écouter un clip, et hop, l’envie de dessiner me prend ».
Elle utilise différents processus pour dessiner. « Parfois je dessine uniquement sur papier, mais le plus souvent je fais un crayonné que je prends en photo pour le redessiner au stylet sur une tablette ». Un trait fin et une gamme de couleurs infinie.
Cela fait une dizaine d’années qu’Adolie n’avait pas fait de livre jeunesse. « J’ai plutôt un public d’adultes, de femmes. Je suis suivie en particulier sur Instagram. C’est sur ce réseau qu’au milieu de quelques commandes ou collaborations, je poste des choses persos. J’aime expérimenter et faire réagir les personnes ». Ses galeries virtuelles sont particulièrement suivies. « J’ai la chance d’avoir un public hyper sympa, très bienveillant, très présent. C’est ce qui me donne la possibilité de vivre du dessin sans être dépendante des contrats. C’est une liberté précieuse ».
Un dessin suffit pour nouer une amitié sincère. « Je reçois des messages, des témoignages de vie, c’est très surprenant, touchant même ». Le confinement a amplifié cette relation qu’Adolie sait susciter à travers le dessin vecteur d’émotions. « Comme on n’avait pas le droit de sortir, j’ai lancé une petite animation sur les réseaux. Je proposais aux femmes de m’envoyer des photos, nues ou en sous-vêtements, et je dessinais en live. J’ai reçu des centaines de photos et j’ai compris que le dessin pouvait offrir un autre regard sur soi-même. Le rapport au corps demeure compliqué, en particulier dans une société de l’image. Le dessin change le regard sur soi ». Comme un avatar. « C’est moins sérieux, moins grave, moins vrai ». Une expérience très bénéfique en période de Covid qui par le fait a stimulé sa créativité.
Petite excursion dans cette galerie d’une saine fantaisie : les popotins à l’air libre ou les nénés qui font la paire ont tout pour plaire. Les rondeurs colorées s’affirment avec charme. Pas de provocations. Juste de quoi titiller l’imagination avec coquetterie. Des pin-up, de jolies vitrines. De l’amour et quelques poings levés : des dessins au franc-parler.
Elle qui voit la vie en couleur s’assombrit lorsqu’il est question d’actualité. « J’ai une espèce de boule d’angoisse depuis le début du conflit sur l’Ukraine, au point que j’ai du mal à me projeter, dessiner des choses légères semble tellement futile ». La musique peut lui redonner du peps, seulement en dehors du travail. « J’ai un rapport particulier à la musique qui me procure trop d’émotions. Soit j’ai envie de pousser les meubles pour danser, et là, je ne peux plus dessiner, soit je me mets à pleurer pour la journée. Je ne peux pas écouter quand je travaille. Sinon, mes goûts sont éclectiques : électro, groove, funk, rap… ».
Les chemins empruntés par certains artistes peuvent éclairer son propre chemin. « J’admire les artistes qui font des choix audacieux, qui prennent des risques. Ce n’est pas toujours évident, refuser des projets rémunérateurs… J’ai refusé plusieurs projets parce que, éthiquement, ils ne me convenaient pas. Ce n’est pas facile de dire non ». On peut dessiner en douceur et avoir un tempérament affirmé.
Ce métier passion est plus qu’un métier pour elle. « C’est quasi une thérapie. Je surpasse mes problèmes de santé grâce au dessin. Grâce à lui, j’arrive à m’évader. C’est une chance ». Mariée à un illustrateur qui enseigne dans une école d’arts appliqués à Nantes, maman de deux enfants, Adolie a son bureau à l’extérieur de sa maison. « Ça permet de mieux faire la coupure ». Jusqu’à ce qu’une idée lumineuse jaillisse…
@adolieday
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