Il est aussi à l’aise avec un micro ou une console de son qu’avec une visseuse ou son rabot de menuisier. Patrice n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Fan de Johnny, il aime comme lui tenir le micro, à la radio ou dans les fêtes traditionnelles. Sa maison est dédiée à son idole. La partition de ses engagements est associative. Il prépare l’organisation de son 60ème vide-greniers. Ah que Patrice !
Son univers d’enfance est fait de bateaux. « Je suis né aux Sables, tout près du port où mon père était mécanicien de marine. » Lui prendra la voie de l’ébénisterie pour travailler aussi sur les bateaux de plaisance. « J’ai fait mon apprentissage au CET Guitton à la Roche sur Yon. » Il se mettra à son compte comme tâcheron pendant deux ans, avant de saisir une opportunité dans ce qu’on appelait à l’époque les Ponts et Chaussées Maritimes, la future Direction Départementale de l’Équipement. « J’y suis entré en 1983 et j’y ai fait toute ma carrière. Avec la décentralisation, les compétences de la DDE ont été reprises par le Département pour la gestion des ports : les échelles des quais, l’entretien portuaire en général. Je me suis arrêté à 60 ans ; j’avais commencé à 15 ans. »
Sa passion dominante est vouée à Johnny Hallyday. « Nous avons eu notre premier électrophone en 1973 et ma mère avait ramené une collection de 45 tours de chez une amie. Moi, j’ai pris Johnny ; mon frère, Sylvie. Un peu par hasard. » À ceci près qu’ils sont aujourd’hui collectionneurs chevronnés de leur idole respective. « J’ai des milliers de disques, des centaines de livres, et un paquet d’objets à son effigie. A mon départ en retraite, j’ai reçu le coffret guitare avec les 40 CD à l’intérieur. » Son intérieur est un musée. « Je suis allé à quelques concerts : Parc des Princes pour ses 50 ans, Palais des Sports, Stade de France, Nantes, Poupet, Brétignolles. C’est l’artiste qui me plaît ; je ne me suis jamais trop intéressé à sa vie privée. » Il le voit pour la première fois en 1977, sous chapiteau aux Sables-d’Olonne. « J’ai fait quelques photos de lui en coulisses, avec mon Kodak de l’époque. A son décès, j’ai reçu un tas de messages comme si j’avais perdu un proche. »
L’idole des jeunes le fascine, mais ne l’accapare pas. Patrice reste une cheville ouvrière du monde associatif. « Très jeune, vers 10 ans, j’étais déjà secrétaire d’un club de philatélie, moi-même collectionneur. A 12 ans, j’étais responsable Terre des Hommes junior ; j’allais dans les écoles parler de cette association caritative. On faisait des petits spectacles ou lavages de voitures pour récupérer des fonds. » Imprégné si jeune, il vit l’engagement pleinement, en complément de son boulot.
La fanfare de l’île d’Olonne Notre-Dame des Paludiers est devenue Music & Show NDP. « J’y suis rentré il y a une quinzaine d’années, au xylophone. J’en suis également le trésorier et je gère les sorties, en contact avec les organisateurs de carnavals et mi-carêmes ». Patrice donne aussi le coup de main pour le défilé des pères Noël (plus de 1000 motos) sur le remblai des Sables d’Olonne. « Longtemps, j’ai fait de la radio, encore une association : radio ‘côte de lumière’. En tant que menuisier, j’ai aménagé les studios et je faisais également des animations. J’ai été le président durant quelques années. » Et sa réputation d’animateur lui vaut quelques invitations dans les manifestations locales. « Les manifestations sportives ou les fêtes comme celle des vieux métiers de l’Île d’Olonne dont ce sera la quarantième édition en juillet prochain ; je tiens le micro depuis le début. »
A l’heure où le monde associatif se remet difficilement de la période Covid, l’engagement de Patrice n’en est que plus remarquable. « J’ai cette fibre, mais depuis deux ans, c’est plus difficile. Moi qui avais une vie très active, ça m’a fait drôle, d’autant que ça coïncidait avec ma retraite. Il faut remobiliser les bénévoles ; ce n’est pas si simple. Il y a des manifestations au pays des Olonnes qui ne vont pas repartir faute de bénévoles. » Une personne aussi dévouée n’a-t-elle pas été sollicitée pour la vie politique locale ? « Cela ne m’a jamais branché. » À ses nombreuses occupations, il faut ajouter la trésorerie de son syndicat professionnel, mais aussi sa passion pour la généalogie. « Je m’y intéresse depuis l’âge de 15 ans, principalement l’hiver, quand les activités extérieures tournent au ralenti. » Ses cousins vendéens portent les noms : Chaigne, Chegne, Chaine voire Lechaigne. Cette multitude d’activités l’oblige à une organisation rigoureuse d’archiviste et de comptable réunis.
Il échappe par là-même à une actualité qui l’agace un peu. « Il y a beaucoup de motifs d’inquiétude en ce moment, mais c’est surtout la situation économique qui m’interroge, pour mes enfants, les difficultés à faire construire. » Il pense faire sa part pour l’environnement. « Les associations font de plus en plus d’efforts en la matière. »Il concède que ses nombreux engagements ont parfois empiété sur la vie familiale. « Mes enfants, je ne les ai jamais emmenés à Euro Disney, mais j’ai essayé de leur apporter autre chose. C’est vrai qu’il faut savoir doser, trouver le bon équilibre. Ma femme travaille encore. »
Il espère organiser en juin prochain son soixantième vide-greniers, si le Covid ne vient pas jouer les trouble-fêtes. « Au départ, il y avait une trentaine d’exposants. On arrive aujourd’hui à 220, des personnes qui viennent de toute la Vendée. Il faut une quarantaine de bénévoles pour investir tout le bourg de l’Île d’Olonne ». Un champion du dévouement, cet homme!
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