Chaque jour, il stationne sa Harley Davidson devant sa boutique de tatouage à Pouzauges. Voilà 18 ans qu’il s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale, lassé du travail en usine. Sa clientèle est locale, fidèle. A quelques années de la retraite, il ne regrette pas son choix.

Cela fait très longtemps qu’il affectionne le tatouage. « Plus jeune, j’allais à Cholet ; j’aimais cette ambiance. Puis un jour, j’en ai eu marre de bosser à l’usine, d’être commandé à longueur de journée. Et je me suis dit : pourquoi je ne ferais pas de cette passion mon métier ? J’ai eu le sentiment de retrouver une forme de liberté. Je suis heureux d’avoir fait ce choix ».

« Si je suis là depuis aussi longtemps, c’est que cela va plutôt bien. À force de me faire tatouer moi-même par des copains tatoueurs, j’ai eu envie de le faire à mon tour. J’allais auparavant à Cholet. Je suis originaire de Saint-Michel-Mont-Mercure où j’étais menuisier ébéniste. J’en avais marre de me faire commander et j’avais envie de retrouver une forme de liberté. Je n’ai vraiment aucun regret aujourd’hui. Beaucoup de mes anciens collègues viennent me voir. Certains envient mon initiative ; d’autres ont quitté l’usine ».

Le tatouage se développe depuis de nombreuses années. « Il y a les tatouages coups de cœur et les hommages commémoratifs. Les gens viennent avec un modèle, un projet. On discute, on essaie de voir si on peut améliorer les choses. C’est comme dans la mode, les choses évoluent régulièrement. Je peux tatouer sur l’ensemble du corps , il y a parfois des demandes insolites ».

L’installation comme tatoueur ne s’improvise pas. « J’ai fait une formation obligatoire en 2008 autour de l’hygiène et la salubrité. Un tatouage ou un piercing, ce n’est pas un acte anodin. Il arrive que des gens aillent trop vite dans leur choix. On peut corriger avec du laser mais ce n’est pas l’idéal. On peut aussi faire un cover en appliquant un nouveau tatouage couvrant ».

Michel observe la société avec un regard un peu désabusé. « On vit un monde de fous, plus encore depuis 2 ans. Professionnellement, il me reste 5 ou 6 années à travailler. Je pense que pour mes enfants qui ont tous la trentaine, ça ira aussi. Je suis plus inquiet pour mes deux petites-filles ». Le flot incessant des informations alarmistes l’agace. « On nous bourre le crâne ; je limite les infos à la radio ou à la télé. Les médias appuient trop ».

Il est marié depuis 37 ans. « Ma famille, c’est ce qui compte le plus pour moi. Ma femme travaille dans une maison d’accueil pour personnes en situation de handicap. Elle est lingère ». Michel est sportif. « J’ ai fait beaucoup de sport depuis l’âge de 19 ans : de la boxe américaine à l’haltérophilie sur Cholet. J’ai également pratiqué le VTT en compétition. Aujourd’hui, j’ai une vis à l’épaule et mon chirurgien m’a dit d’arrêter si je voulais éviter la prothèse. Du coup, j’ai remplacé par la musculation et le cardio en salle ».

Michel est un gars du pays. « Mon père était connu comme le loup blanc. Il roulait chez Franck Antoine ou chez Cosson au transport de la viande. Il était toujours de bonne humeur ». Le fils semble avoir hérité de ce bon tempérament. « Il m’arrive de me mettre en colère quand les gens loupent leur rendez-vous ou préviennent au dernier moment alors que j’ai tout préparé. Bon, il y a les aléas ». Son look, entre tatouages, piercings et moto, laisse deviner ses goûts musicaux. « J’écoute beaucoup le rock’n’roll des années 50 et 60, le hard rock, ACDC, Scorpions… ».