Concilier vie professionnelle, vie élective et vie familiale est une équation pas si simple à résoudre. Isabelle Moinet, maire de Chantonnay, présidente de la communauté de communes, ne démentira pas. « Au début de mes engagements municipaux j’ai réussi à tout mener de front. En 2015, nouvellement élue au conseil départemental, il m’a fallu faire un choix : j’ai cessé mon travail ».
Née à Nantes, Isabelle Moinet réside sur Angers avant de découvrir la petite cité de Chantonnay. Son mari avait un commerce ici. « Moi qui avais connu uniquement la ville, j’ai trouvé dur de nous établir ici. Mon mari s’est vite investi dans le basket, mais moi je m’ennuyais. Il m’a encouragé à rejoindre des associations, ce que j’ai fait avec l’école de musique et l’école de danse ». Le maire de l’époque sollicite son mari pour devenir conseiller. Habilement, il le dirige vers son épouse. « C’est vrai que malgré les difficultés d’adaptation du départ je m’intéressais à la vie de la commune. Je reprochais à l’ancien maire de n’avoir pas su saisir des opportunités comme l’autoroute, de ne pas avoir eu suffisamment cette vision d’entreprendre ».
Elle travaille à cette époque dans un laboratoire yonnais où elle fera une belle carrière. « Le directeur du labo était passionné de virologie et voulait ouvrir un labo en Vendée. Il m’a fait rencontrer d’éminents professeurs, dont le professeur égyptien Moussa et le professeur Thomas, spécialisé dans la viralité porcine. Deux personnes merveilleuses qui m’ont tout appris, qui ont facilité mes entrées chez Mérieux. J’ai réussi à mettre sur pied le service de virologie alors que je n’étais pas ingénieure. J’ai compris le poids de la confiance, celle que m’accordait ce directeur. C’est probablement mon plus beau souvenir professionnel ». Lorsqu’il est parti, Isabelle demande à son nouveau patron une nouvelle mission. « Il m’a proposé le service hygiène alimentaire avec un nouveau programme à mettre en place ». Le troisième challenge s’appuiera sur ses deux expériences précédentes avec le développement commercial. « J’étais en relation avec les collectivités, les postes d’inspection frontaliers de France ainsi que quelques marchés étrangers. En Pologne par exemple, nous avons décroché le marché sur la dioxine pour les produits laitiers ».
Une profession qui la passionne. Comme la vie municipale. « J’ai d’abord mené de front mon travail et mon engagement d’élue, souvent au détriment des vacances et des RTT. J’aime être au service de … ». Elle s’engage prudemment, d’abord comme conseillère municipale. « Je voulais savoir si j’étais à la hauteur, si ça allait me plaire. J’ai rapidement pris des responsabilités sur la culture. Toujours avec beaucoup d’humilité. Imaginer la commune de demain, c’est tout de même un superbe challenge ». Que ce soit au labo ou à la mairie, elle considère que la confiance et le travail d’équipe sont les piliers de la réussite. « C’est peut-être mon côté boy-scout ? Si vous n’arrivez pas à fédérer une équipe, le projet n’a aucun sens ».
La partie la plus éprouvante de la fonction est l’annonce d’un décès dans une famille. « On ne peut pas se faire à ça. On a beau faire des stages, le moment venu on ne trouve pas les mots ». Elle déplore les situations de personnes isolées, qui vivent dans la misère ou la solitude. « Ce n’est pas un excès de sensibilité mais au XXIe siècle dans une ville rurale, on découvre des personnes âgées isolées quand les sapeurs-pompiers vous appellent. On n’a pas les armes pour ça ».
Isabelle Moinet n’est pas surprise de la prise de distance de beaucoup de citoyens par rapport aux élus nationaux. « La Loi N.O.T.R.E. a encouragé les grands ensembles, les grandes régions, les communes nouvelles. On a éloigné le citoyen des centres de décision ». Elle se désole de l’inadéquation entre les attentes des électeurs et les propositions de la classe politique. « Les ministres sont souvent entourés d’énarques qui vivent dans leur bulle ». Le débat sur la santé relève pour elle de la tromperie. « Le flou artistique sur ce sujet laisse entendre que la solution repose sur le dernier socle, celui du maire. Nous n’avons pas les outils localement en dehors des locaux mis à disposition. Il faut avoir le courage de légiférer pour qu’on redresse notre système de santé, pour les médecins, les hôpitaux et les EHPAD ». Présidente départementale de la maison du handicap en 2015, elle a souvent été en prise avec la question de la santé.
La culture est sa respiration à travers la peinture ou la musique. « Quand nous faisons un saut sur Paris pour aller voir notre fille, je prends un peu de temps pour visiter une grande exposition ». L’association ‘Artistes pour l’Espoir’ rassemble les ingrédients qui la touchent. « J’aime cette idée qui fait la passerelle entre la culture et le social. Dans cette exposition annuelle vous découvrez un peintre ou un sculpteur et vous pouvez faire une bonne action. C’est le Rotary Club qui a lancé cette idée avec le concours de la ville ».
A la question des personnalités influentes à son égard, elle cite son père. « Il était Compagnon du Devoir. Tous les weekends il y avait de jeunes compagnons à la maison qu’il aidait dans leurs devoirs. Il m’a transmis cette capacité d’écouter et de regarder les autres. On reçoit cent fois plus que ce que l’on donne ».
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