Cet enseignant aujourd’hui à la retraite a beaucoup utilisé l’image comme support pédagogique. C’est la meilleure façon qu’il ait trouvé pour captiver ses élèves. C’est toujours celle qu’il utilise pour attirer l’attention des citoyens sur la maltraitance de notre environnement. C’est le sens de son dernier film ‘SOS Sèvre Nantaise’. Son approche est pragmatique et son discours laisse entrevoir une forme d’espérance, à condition de réagir rapidement.

Daniel est un enfant de la terre. Il est né à Saint Philbert de Bouaine, se retrouve orphelin de son père qu’il n’a pas connu. Quatrième et dernier de la fratrie, on l’invite à s’installer avec son frère aîné. L’exploitation familiale de 25 hectares se montre rapidement trop petite. Il deviendra chauffeur de cars, découvrira l’usine quelques temps, puis fera du commerce pendant plusieurs années. « J’ai réalisé que mon destin n’était pas là. La plus belle façon que j’ai trouvée pour transmettre ma passion de l’agriculture c’était de l’enseigner ». À 33 ans, il reprend les études pour aller du BEP à un niveau licence. Les portes de l’enseignement s’ouvraient à lui.

Sa spécialité porte sur les techniques agricoles. « Je n’enseignais pas de la théorie, je transmettais mon expérience ». Avec ses convictions. « L’agriculture est l’un des plus beaux métiers du monde. Nourrir les hommes, ce n’est pas banal. Je me sentais utile de transmettre ces valeurs essentielles autour de la nature ». Les questions environnementales sont apparues seulement dans les dix dernières années de sa carrière. « Avant, ça se limitait à : labours, engrais, semences, récoltes. On a laissé les haies s’arracher, les produits phytos se développer, sans informer les agriculteurs des conséquences. Quand il a enfin fallu l’intégrer à nos programmes, j’ai participé à l’élaboration de ce référentiel métier comprenant le b.a.ba environnemental ». Même si en fin de carrière, il trouve son travail assez épuisant, avec des élèves respectant moins l’autorité, Daniel ne regrette en rien son choix professionnel. « On a construit des choses magnifiques avec les collègues. Le travail en commun nous a tous tirés vers le haut ».

Sa passion de l’image remonte bien avant l’enseignement. « Tout jeune, j’avais un Instamatic 33 que je possède encore. Capturer les émotions, celles de la nature, les évènements en famille sont des moments que j’aime saisir. Je suis captivé par les moments de tendresse, d’affection entre les humains. La photo, outre son esthétique est aussi un vecteur de partage que j’apprécie particulièrement ». Avec une conviction : « Le bonheur est associé aux choses simples de la vie ».

L’émerveillement est une composante de ce bonheur simple. « Quand je vois un martin-pêcheur, je suis en admiration. Je regrette que certains soient éloignés de cette dimension de la beauté. Le miracle de la vie est sous nos yeux. C’est un plaisir et un devoir de partager cette beauté ». Son film précédent ‘De l’Eau au Moulin’ est dans la même veine. « J’ai voulu rappeler l’époque des moulins où l’homme et la nature étaient en harmonie. On oublie que la nature peut nous aider ; là, nous sommes en train de la détruire ». Les cours d’eau du département de la Vendée sont en mauvais état. Même si c’est préoccupant, Daniel se garde de crier ‘au loup’ ou dire qu’on va dans le mur. « Les certitudes, ce n’est pas ma culture. L’homme a la capacité de comprendre et d’agir en conséquence. J’y crois. C’est même un devoir pour les générations futures ».

Cette confiance ne l’empêche pas de militer activement. « Pourquoi sommes-nous attentistes alors que nous savons ? Les décideurs ne font pas suffisamment pour informer le grand public ». Il est engagé au sein de la CLE (Commission Locale de l’Eau). « Nous avons les informations les plus précises sur l’état de nos cours d’eaux. Il faut que cette information redescende aux usagers. C’est ce que je m’efforce de faire avec mes films ».

Même si son histoire a démarré un peu difficilement, Daniel est un homme heureux. « J’ai une épouse que j’aime beaucoup, qui m’a vraiment aidé par sa rigueur, sa lucidité. Sans elle, j’aurais pu prendre des directions moins constructives. On a pris ensemble les bonnes décisions. La famille, c’est ce qui m’a permis de prendre le bon virage ». Il déplore d’ailleurs que beaucoup de familles démissionnent vis-à-vis de l’éducation des enfants en laissant le rôle éducatif à l’école. « Ce n’est pas son rôle ».

Parmi les personnes qui l’influencent, il évoque Pierre Rabbi. « Il a une analyse de la vie qui est majestueuse, respectueuse, et finalement pleine de bon sens. Il rappelle que ce n’est pas la peine de s’encombrer de choses futiles, que les choses simples peuvent nous remplir de bonheur ». Sa maman de 94 ans est aussi une source d’inspiration pour lui. « Elle est sortie très tôt de l’école, et pourtant elle a toujours eu une philosophie de vie sur le respect de la nature et l’attention aux autres. Pour moi, c’est une lumière ».