Il fut un temps animateur nature, mais sa passion va au-delà : transmettre, éveiller les consciences. Plus particulièrement auprès des jeunes. Son champ d’actions est vaste. Homme de réseau, Mathieu établit des passerelles entre les différents acteurs, comme à l’occasion de ce stage MAO (Musique Assistée par Ordinateur). Son objectif c’est d’accompagner les jeunes pour qu’ils deviennent des citoyens émancipés autonomes.
Quand les jeunes de 14 ans désertent les foyers, il faut les séduire par ailleurs. « On sait que tout n’est pas parfait sur les réseaux sociaux, mais ça fait partie de leur vie. Ils voient des vidéos, des gens chez eux qui font de la musique. D’où l’idée de ce stage autour des musiques urbaines. Quand on s’adapte à leur quotidien, ça marche ». Mathieu n’est pas forcément à l’initiative des projets. « Mon rôle c’est d’établir et faciliter les liens entre les porteurs d’un projet et le public enfance-jeunesse-parentalité». Il travaille sur tout le territoire du pays de Mortagne sur Sèvre.
Le spectre de ses actions est large. « Ça peut aller du chantier jeunes au bien-être. Le Covid a généré beaucoup d’anxiété dans les familles. On a formé les animateurs enfance à l’apprentissage du massage, qu’ils ont reproduit avec les enfants, puis les enfants avec leur famille ». Mathieu est confiant dans la jeunesse. « Ils sont très curieux, débrouillards ». Un point de vigilance ? « Certains sont en proie au repli sur eux-mêmes ».
Les réseaux sociaux peuvent accentuer ce repli. « L’école, la famille, les foyers de jeunes… Tous, on doit les pousser à aller voir à l’extérieur, combattre la peur de l’autre. L’ouverture à des publics différents est très importante ». S’ils sont là pour aider au développement personnel des jeunes, les animateurs n’ont pas vocation à donner des leçons. « Simplement éveiller leur conscience et leur faire vivre de bons moments ».
Lorsqu’il était enfant, la vie à la campagne et son père agriculteur lui ont permis de passer beaucoup de temps dehors. « C’est comme ça que je me suis intéressé à la nature. Je reproduis ces moments privilégiés avec mon fils de 2 ans et ma copine aujourd’hui. Je me souviens que j’aimais courir après les serpents. Puis j’ai découvert qu’on pouvait en faire un métier en étant éducateur nature. Quand tu mesures la fragilité de la nature, tu as envie d’en prendre soin ». Le fardeau de l’environnement pèse-t-il pour les jeunes ? « Pas encore. Même s’ils sont conscients qu’ils vont avoir un rôle déterminant à jouer. Leurs préoccupations du moment sont ailleurs ; normal ».
Quand il a besoin de se défouler, Mathieu prend sa guitare. « Avec des potes, on fait tantôt de la musique douce pour se poser et se sentir bien, tantôt plus punk, plus agressive. On aborde les thèmes du quotidien, les choses qui nous mettent en colère : les inégalités sociales, le fameux repli sur soi, le racisme ainsi que les situations qu’on a eues avec notre entourage proche, des trahisons. Des choses qu’on a envie de cracher et d’expulser ». Son groupe phare ? « Converge, un groupe punk hardcore américain. Ils ont une vraie démarche artistique qui me plaît ».
Mathieu est aux premières loges pour voir l’évolution du bénévolat. « L’engagement existe encore. Les structures associatives ont besoin aussi de professionnaliser certains aspects de leur mission, sinon, cela devient trop lourd. Il faut que le bénévolat rime avec plaisir ». Ce qu’il observe depuis un an qu’il est en poste l’enthousiasme. « Il y a de belles choses à faire ici ; ça vaut le coup de s’engager ». Et de rappeler comme un crédo : « Il ne faut pas hésiter à aller voir celui qui est en face ; on a sans doute quelque-chose à partager ».
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