Depuis sa tendre enfance dans la cité de Carcassonne, Geoffroy baigne dans le milieu du spectacle. La nature et les animaux ont toujours été au cœur de ses émerveillements. Il vise une école de soigneurs animaliers et fera son contrat de professionnalisation à la fauconnerie du Puy-du-Fou. Un apprentissage qui se transforme en une passion profonde. « Je sais qu’elle ne me quittera plus ».

Il a encore quelques bribes de l’accent chantant du sud de la France et la corpulence d’un rugbyman de Castres, près d’où il a vécu, à Lavaur dans le Tarn, jusqu’à ses 10 ans. « Mes parents sont venus dans le Maine et Loire, puis à la Gaubretière où ils ont acheté une longère qu’ils ont retapée, puis revendue pour investir à la Pommeraie. Ce sont des gens de projet et ça a déteint sur nous ». Geoffroy ne peut rattacher ses racines à une géographie précise. « Mes attaches me relient plus aux gens qu’à la terre, même si ce coin du bocage est vraiment charmant. J’aime bien aussi le cœur des gens d’ici, leur solidarité une fois le premier verrou levé. Comme on a beaucoup bougé, on a dû apprendre à aller vers les gens. Et ils me l’ont bien rendu quand j’avais des petites galères matérielles. Quand ils n’ont pas la solution, ils connaissent toujours quelqu’un qui l’a ».

Il songe un temps à devenir pompier de Paris. « Mais la discipline militaire, ce n’était pas pour moi. Mes parents m’ont appris le respect, la politesse, la discipline. Cela me correspondait mieux ». Il intègre une école de soigneur animalier à Carquefou. « J’ai pu faire mon contrat de professionnalisation au Puy-du-Fou après avoir fait une saison à l’animalerie, mais je ne connaissais rien aux oiseaux. Je n’ai jamais quitté le milieu depuis 2009. C’est une chance de découvrir une passion profonde et c’est incroyable d’être payé pour l’exercer ».

Cette passion lui apporte de la connaissance et de nombreuses rencontres. « Il n’y a pas une journée passée au contact des oiseaux où je n’apprends pas quelque chose. Ils ont leur humeur, leur envie, des jours où ils sont malades, d’autres où ils débordent d’énergie ». En 2011, il s’envole trois mois pour la Guyane, dans une association qui recueille des paresseux victimes du braconnage et de la déforestation. « On les nourrissait avant de les relâcher dans un milieu plus favorable. Quelle expérience avec les gens qui donnaient tout pour leur asso, des personnes incroyables ».

Geoffroy ne comprend pas bien l’acharnement de certains à l’encontre de la fauconnerie. « La présentation d’oiseaux captifs est au contraire la meilleure passerelle entre les oiseaux et le public. S’il y a plus de rapaces aujourd’hui, c’est grâce aux fauconniers et aux associations de protection qui militent pour leur sauvegarde depuis les années 60 ». Il s’étonne qu’on ne puisse tolérer un loup sur notre secteur et qu’on veuille remettre des lions ou des éléphants sur d’autres territoires d’Afrique, auprès de personnes qui n’ont rien demandé. « On ferait mieux de travailler ensemble, chercher des compromis puisqu’on est dans le même combat. La confrontation obtuse ne sert pas les animaux ».

Sa passion est contagieuse pour les siens. « Souvent je me lève et je vais voir mes oiseaux avant de dire bonjour à ma copine. Je suis heureux quand je la vois jeter un coup d’œil sur des rapaces quand on se balade. Elle acquiert des réflexes, même si parfois elle doit subir un peu ma passion ».

Geoffroy est assez fataliste lorsqu’il évoque l’environnement. « Il y a quelques actions qui vont dans le bon sens, mais ça va moins vite que la détérioration ». Il se persuade à dire qu’au pied du mur, il faudra bien réagir. « Les enfants que je reçois sur mes animations en dehors de l’été, peuvent considérer à juste titre qu’ils sont punis pour des choses dont ils ne sont pas responsables. Je m’efforce de leur donner quelques signes de confiance et les aider à prendre soin de la nature ». La structure qu’il anime a une portée pédagogique (*). « Je limite à quatre enfants par session, parfois avec les parents. La dimension intergénérationnelle est profitable ».

Les passereaux payent le tribut le plus fort au dérèglement climatique. « On voit moins d’hirondelles par exemple. Le manque d’insectes les oblige à remonter plus tôt.  Et s’il y a plus de rapaces, c’est qu’à l’approche de l’équateur, l’aridité gagne du terrain ». Il se désole aussi des rapaces et plus particulièrement des chouettes tuées au bord des routes. « Des petits panneaux préventifs pourraient inciter les gens à freiner dans les endroits les plus fréquentés ».

Celui qui a orienté Geoffroy vers la fauconnerie n’est autre que Jean-Louis Liégeois. « Sa répartie, son phrasé, son approche et sa lecture de l’oiseau, son implication dans la conservation, font qu’il est pour moi une référence. Professionnellement et personnellement, il a marqué ma vie à tout jamais ».

(*) lemoulindecharin.com