Sa vocation théâtrale a toujours été une évidence sans jamais l’avoir pratiqué avant la seconde. La mise en scène est arrivée beaucoup plus tard, par hasard pendant sa formation à l’école Claude Mathieu. « Un simple exercice est devenu finalement une voie qui me correspondait à merveille. » Ida s’épanouit dans ce métier qu’elle aborde simplement. « J’aimerais… mais pas toujours si simple ! J’essaye de savourer les choses qui se présentent, sans négliger les efforts que cela demande ». Ida est une artiste pragmatique.
Y compris dans la vie, Ida aime bien regarder les deux côtés d’une même médaille. Les avis trop tranchés la dérangent. « Ils coupent souvent court à une véritable discussion ». Elle préfère l’harmonie au conflit, surtout au sein de ses équipes qu’elle aime diriger. « On a beau être comédiens, la vie d’équipe est si intense qu’on ne peut pas tricher en tant qu’être humain. Sans doute plus au théâtre que dans beaucoup d’autres métiers. On donne de sa personne sur scène ». La gestion de groupe, de projets, ça lui parle. « Diriger des comédiens te permet d’être un peu plus dans l’ombre, tout en faisant passer tes idées de mises en scène. Tu es un peu le marionnettiste. Au plateau comme derrière les projecteurs, tu mets toutes tes tripes dans le jeu scénique ».
« Petite je disais à ma maman : Plus tard je veux faire rire les gens ! Peut-être inconsciemment pour exister et trouver ma place ? J’ai ressenti assez vite de belles émotions et de l’adrénaline en jouant devant un public ». Son entourage la soutient. Même si certains de ses proches malgré eux essayent de la dissuader. « Pour eux, mon métier n’est pas un métier ».
Elle, se considère chanceuse de l’exercer. « Quand le public et les comédiens s’abandonnent sur scène, je trouve ça beau. Des moments en suspens qu’on voudrait voir se prolonger ». Le rythme des semaines est soutenu. « Il y a les périodes où on avance tête baissée et celles qui sont plus relax. J’aime quand ça bouge, et j’aime aussi les temps pour moi ». Avec son mari, François, ils se sont établis à Lyon. « Ça fait quelques déplacements, pour rejoindre les compagnies parisiennes avec qui je travaille. Mais nous avons la montagne à proximité. Enfiler le sac à dos et partir quelques jours, grimper, arriver, s’installer un petit coin de paradis en pensant à la vue du lendemain matin, c’est ce qui me fait le plus grand bien quand je veux m’oxygéner. J’ai ce besoin de nature. Je l’ai toujours eu ». Dans sa jeunesse elle a été cheftaine scoute.
Son mari est ingénieur en environnement. « Il y a une forte complicité entre nous et ce bon équilibre de ma vie privée est aussi un stabilisateur pour ma vie professionnelle. Moi qui prenais tout à cœur, au risque de monter en épingle des petites choses qui ne le méritaient pas, et bien aujourd’hui, je me sens plus sereine. Grâce à lui. Quand le réservoir d’amour est plein, tu es plus disponible pour les autres ». Cette stabilité est importante pour Ida qui se souvient du divorce de ses parents lorsqu’elle avait une dizaine d’années. « C’était assez musclé ». Elle préfère l’ouverture et la curiosité au sectarisme. « J’aime rencontrer des gens différents et des manières de penser variées. Je trouve ça plus nourrissant ? ».
L’art et le théâtre sont de bons vecteurs pour faire passer des messages. « Je préfère le partage, les discussions, la remise en question plutôt que le militantisme pur et dur. Chacun a sa part de vérité et j’aime ça. Dans le milieu artistique, je sens qu’il y a certains sujets sensibles. Par exemple la grève… Quelle est la meilleure façon de se faire entendre ? Je ne sais pas, mais je cherche… »
Elle ne cache pas ses convictions et sa foi, même si elle n’est pas toujours en accord avec l’Eglise. « Avec François, on a fait le choix de se marier à l’église ». Nous étions entourés de tous nos amis, partageant ou non notre foi. « J ‘étais heureuse de recevoir ce sacrement du mariage, entourée d’amis qui pensent comme moi et d’autres différemment. Je suis ce que je suis parce que je suis aimée et entourée de gens qui ne pensent pas toujours comme moi ».
Elle affirme que plus elle vieillit, plus elle se sent heureuse. Elle cite Shakespeare : « Je me sens heureux, savez-vous pourquoi ? Je n’attends rien de personne. Les attentes font toujours mal. La vie est courte ; aimez-la. Soyez heureux, gardez le sourire et souvenez-vous : avant de parler, écoutez ; avant d’écrire, réfléchissez ; avant de prier, pardonnez ; avant de blesser, considérez l’autre ; avant de mourir, vivez ! Shakespeare parle mieux que moi, non ? ».
Laisser un commentaire