S’il y a un maître mot chez Corinne, c’est la convivialité. Une forme de savoir-vivre qu’elle décline au quotidien dans son commerce. L’héritage de ses grands-parents qui tenaient le café du Donjon à Ardelay ? Probablement. C’est là qu’elle a attrapé la bosse du commerce et le goût des relations simples. Elle raffole du théâtre amateur comme elle aime être entourée d’amis.

Ayant grandi dans le café restaurant de ses grands-parents, c’est tout naturellement que Corinne choisit d’aller vers l’école hôtelière. « Une fois mariés, nous sommes montés à Paris. Je travaillais à la Sogeres en restauration collective à la Défense. Puis je suis revenue dans un hôtel à Cholet, d’où mon mari est originaire. Le restaurant a fermé ». C’est l’époque où la maison Dion, une enseigne bien connue qui fait dans le négoce agricole sur les Herbiers, envisage d’ouvrir un nouveau point de vente à Saint-Fulgent. « Je me suis dit que j’aimais autant le commerce que la restauration. J’aime beaucoup parler avec les gens. Alors, je me suis installée avec mon frère Fabrice ».

Elle n’a pas fait d’école de commerce, juste celle du bon sens commercial. « Je n’aime pas les magasins où on te regarde à peine quand tu rentres. Pas plus que je n’aime les restaurants où on te fait bien comprendre qu’il faut sortir de table assez vite ». Elle se souvient que l’ouverture de Saint-Fulgent ne s’est pas faite tout seule. « Les premières années ont été plus laborieuses. On nous guettait du coin de l’œil, nous les enfants qui reprenions l’affaire des parents. Aujourd’hui, on nous considère comme des gens du cru ». Sa jeunesse derrière le comptoir du café du Donjon l’a marquée. « Je savais rendre la monnaie à douze ans. Je revois ma grand-mère qui souffrait des hanches, ce qui l’obligeait à relever sa jambe derrière le bar… ça ne l’empêchait pas de faire les mariages le samedi, d’ouvrir le restaurant ouvrier à longueur de semaine et le bar le reste du temps ».

Ce besoin d’être avec les gens, Corinne l’éprouve toujours. « Si un weekend on n’a rien, on appelle les copains. On n’aime pas rester seuls ». L’autre passe-temps, c’est le Théâtre. « Le Covid nous en a privés cette année encore. On a hâte de recommencer ». L’idée d’une troupe a germé dans son esprit et celui de copines le soir d’une kermesse en 2005. « La copine qui était coiffeuse dans la vie s’est retrouvée coiffeuse sur la scène. Une autre a pris la mise en scène. Ça prend du temps, mais j’adore. Il faut apprendre les textes ; ça fait du bien pour retarder le vieillissement ! ». Le répertoire est celui du boulevard, de la comédie. Dans la dernière pièce Corinne jouait l’avocate. « On ne dirait pas, mais je suis stressée ». Son père et son grand-père étaient des figures de la troupe d’Ardelay.

Corinne reconnaît avoir quelques principes. « Je ne comprends pas qu’on ne puisse plus réprimander personne, ni à l’école, ni ailleurs. Vivre en société suppose des règles, non ? ». Elle ne fait pas de grands discours sur l’environnement. « Mais je fais attention à tout. Je n’aime pas le gaspillage, quitte à utiliser les feuilles des deux côtés au magasin. Ça amuse les autres ». Avant de préciser : « Attention, je ne suis pas radine ». Ça lui arrive d’avoir le blues. « Mes ami(e)s ont parfois des coups durs. Je suis très réceptive aux malheurs des autres. Au magasin, les gens racontent beaucoup leurs histoires. J’aime bien les écouter ». Elle ne supporte pas certains excès. « Je me souviens d’un copain à l’école hôtelière, décédé d’une overdose devant une boîte de nuit. Il avait 17 ans ; quel gâchis ! ».

Avant de reprendre son service, elle glisse ce petit message : « Soyons plus respectueux les uns des autres. Un simple bonjour, un petit sourire, ça ne coûte rien et ça rend les gens plus heureux ».