En donnant une nouvelle vie aux vêtements qui gisent au fond des armoires, Elodie Hardouin réussit un double pari : celui de l’écoresponsabilité allié à un prix juste et celui de s’épanouir à travers un commerce qui devient le théâtre de multiples rencontres. Elle qui débuta dans la vie professionnelle comme éducatrice spécialisée auprès d’autistes, étanche son besoin de contacts humains grâce aux vêtements de seconde main.
Le secteur du handicap lui plaisait vraiment. « Il faut être patient pour trouver un poste fixe ; je n’en ai peut-être pas eu assez ? J’ai passé deux chouettes années ». L’envie d’entreprendre la démange. Fille de boulangers, Elodie attrape vite le virus. « J’ai commencé à vendre le pain, puis je me suis mise à faire des roses des sables ». Un autre de ses passe-temps favoris, c’est de mettre sens dessus dessous l’armoire de sa grand-mère, d’essayer les vêtements vintages. Après de multiples interrogations, l’équation est toute trouvée : le vêtement seconde main sied à merveille sur un mannequin ou dans la vitrine. « Il a toute sa place dans un commerce ». Mamie Paillette (en référence à la mamie d’Elodie) voit son enseigne posée aux Herbiers.
Les vêtements déjà portés ont déjà une histoire. « Ce ne sont pas des fournisseurs qui viennent livrer des colis. Non, ce sont des personnes qui les déposent, pour diverses raisons. Donc il y a une première rencontre. Après, à nous de dépersonnaliser la provenance et de donner une nouvelle vie aux habits ». Jeune entrepreneuse, Elodie est une fille de son temps. « Notre génération est sensible aux questions environnementales et sociétales. Mon projet d’entreprise a son utilité écoresponsable. Ça me plait et ça ne laisse pas indifférent je pense ». Comme c’est souvent le cas dans l’achat d’un vêtement, le plaisir reste une priorité. « J’aime avoir une boutique qui crée la surprise pour les gens qui découvrent. C’est trop bien ! ».
Trois semaines après l’ouverture en février 2020, la pandémie l’oblige à baisser le rideau. « J’étais triste, stressée. Il m’a fallu doubler les efforts pour surmonter mon anxiété et je l’ai un peu payé ». Photos sur le réseau, développement du e-shop, Mamie Paillette ne reste pas inerte. « Finalement je m’en suis pas mal sortie, avec une liste de 800 personnes prêtes à déposer des vêtements. Une stagiaire a fait une enquête qui a permis de mieux cerner la clientèle et ses attentes ». Après le secteur des Herbiers, celui de Montaigu fréquente beaucoup le magasin. Elodie Hardouin vient d’y ouvrir sa seconde boutique. Du confinement, elle retient finalement les nombreux gestes de solidarité, des commerçants du coin aux clients parfois éloignés. « C’était beau et fort ; ça m’a encouragée ».
Dépourvue de formation commerciale ou de gestion, Elodie fait avec ses dispositions naturelles. « Mamie Paillette n’entre pas vraiment dans les codes de la vente ; c’est aussi ma façon de me démarquer. Ce concept du vêtement seconde main ou vintage n’empiète pas sur les autres boutiques. Il y a une complémentarité. Je propose juste le petit pas de côté pour une consommation plus raisonnée ». Les démarques commerciales brouillent les repères. « Les soldes ou Black Friday, ça n’a plus vraiment de sens. Autant être au plus juste, tout le temps ».
Celle qui adore le vintage aurait-elle aimé vivre dans les années 80 ? « Il y avait peut-être plus de libertés ? La société d’aujourd’hui a tout de même lever plein de tabous. Parler de féminité, d’argent, c’est plus facile aujourd’hui ». Absorbée par son travail, le voyage qu’elle a beaucoup pratiqué plus jeune, lui manque. « Rencontrer d’autres cultures c’est remettre en cause sa façon de vivre. Personnellement, ça nourrit aussi un côté créatif. Je reviens toujours d’un voyage avec plein d’idées ». Dans l’immédiat, l’exotisme elle le trouve chez Emmaüs ou les puces ligneronnaises. « Les brocantes et les vide-greniers, ça me détend de chercher la perle rare ».
Elodie se considère toujours en phase d’apprentissage. « Avec mes apprentis, je continue à apprendre. J’ai la chance d’être hyper bien entourée : Mathieu mon copain, ma maman, et les commerçants qui m’ont encouragée, ça booste. L’ouverture de ses deux boutiques, ça reste un petit pas, mais qui met tellement en confiance ! Alors si d’autres veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, je serai trop contente de pouvoir partager un peu de ma jeune expérience ».
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