Sandrine et son mari sont l’exemple du couple ‘Erasmus’ : rencontre lors de leurs études en Ecosse, travail en Espagne pendant quatorze ans, puis retour en France en 2013. Elle travaille dans l’agroalimentaire, pour des entreprises qui fabriquent des rations militaires… Deux ans après être revenue en France, c’est la tuile avec le cancer qui ne prévient pas. Elle a trouvé le ressort pour créer une association qui aide les personnes touchées par la maladie.
Sandrine a fait un BTS agroalimentaire et management, une partie en France, l’autre en Écosse. « J’y ai rencontré l’amour de ma vie : José, dont le papa est espagnol et la maman écossaise. Après nos études, nous sommes partis en Espagne, à Alicante. Moi qui avais fait allemand en seconde langue, je me suis mise à l’espagnol ». Elle trouve le job qui correspond à son profil. « Une boulangerie de longue conservation, qui fait des rations pour les militaires, voulait se mettre aux normes ISO 9000. Ils recherchaient quelqu’un qui maîtrisait l’anglais, l’espagnol et le français, tout en ayant des connaissances en qualité ».
Sandrine restera quatorze ans au sein de cette entreprise. « On s’est établi là-bas. Nos trois garçons sont nés en Espagne ». La crise de 2008 a été particulièrement ressentie en Espagne. « Mon mari informaticien s’est retrouvé au chômage. Il est resté à la maison pour élever nos enfants quand j’allais bosser. Nous étions à 600 mètres de la Méditerranée, un endroit agréable mais la situation économique s’assombrissait ». Le couple vise le grand Ouest de la France, Sandrine étant originaire de la Renaudière dans les Mauges. « José a trouvé un poste chez Groupe Atlantic et moi je poursuivais mon travail à distance ». En quatorze ans, la jeune qualiticienne a appris. « L’affaire étant familiale, j’ai touché à plein de choses. On a gagné un appel d’offres avec les Nations Unies qui m’a permis de découvrir, les USA, le Mali, là où les casques bleus interviennent. Une période pleine de découvertes et d’enseignements pour moi ».
Des sollicitations de nouvelles entreprises sont apparues pour elle. « Mon travail consiste à décortiquer des appels d’offres, notamment des entreprises étrangères qui veulent intervenir sur le marché français. J’ai créée ma micro-entreprise en 2013 tout en gardant la relation avec la boulangerie espagnole, en qualité de prestataire et non plus salariée. J’ai pu prendre deux autres relations. Il y a une entreprise sur Angers qui fabrique du lyophilisé pour les forces spéciales, très complémentaire aux rations militaires ».
A l’âge de 41 ans, bien que sportive, sans antécédents familiaux, elle est atteinte d’un cancer du sein. « Là, ça te met un genou à terre ». Indépendante, elle peut adapter son rythme de travail sans s’arrêter. « J’ai subi une opération, de la chimiothérapie et de la radiothérapie sans que mes clients le sachent. Je suis encore sous traitement anti hormonothérapie. Je pense que cognitivement, ça m’a fait du bien de garder mon activité professionnelle, d’éviter la bulle qui isole socialement ».
Sandrine n’est pas du genre à s’appesantir sur son sort. « Avec quelques patientes, nous avons créé en 2019 une association Kocoon qui vient en accompagnement pour d’autres malades. J’ai passé un diplôme universitaire à Sorbonne Université pour étoffer cet accompagnement ». Une formation qui lui fait prendre du recul. « La maladie repositionne le curseur sur les priorités. Je voyage moins ; je passe plus de temps avec mes enfants et je donne de mon temps pour cette association. Cet engagement me permet de trouver du sens à travers l’aide apportée aux autres. Cela m’a aidée à rebondir, à faire preuve de résilience ». L’association compte aujourd’hui 55 adhérentes, un chiffre appelé à évoluer.
Le Mondial Foot de Montaigu a donné la possibilité à l’association Kocoon de prendre en charge la tombola au profit de l’Ukraine. « L’entraide entre associations a toute sa raison d’être ». Sandrine est loin d’être indifférente à l’actualité. « Autant j’ai le sentiment de ne pouvoir rien faire sur beaucoup de choses alarmantes, autant j’essaie d’apporter ma contribution à ma porte, en aidant d’autres femmes malades près de chez moi. La légende du petit colibri illustre bien ce que je ressens, éteindre le feu goutte après goutte ».
La marche lui apporte des bienfaits. « Cette activité me permet de me vider la tête, et elle m’aide aussi à me concentrer, à avoir des idées ». Et ça permet aussi de papoter. « J’aime bien cet aspect convivial en petits groupes. L’an dernier, avec un groupe de la Mothe Achard nous avons réussi notre défi : 100 kilomètres dans le cadre d’une épreuve solidaire à Dieppe. Nous avons collecté 1500€ pour l’ONG Oxfam ».
Sans être dans l’injonction, elle s’appuie sur son expérience. « La petite flamme qui fait du bien peut se trouver à travers l’engagement associatif, un défi sportif, un voyage… à chacun de trouver sa petite flamme. Moi, ça me fait du bien d’aider les autres. Oui c’est du temps, oui c’est de l’engagement, mais dans la balance, j’y trouve mon compte. Aider les autres, c’est aussi s’aider soi-même ».
FB & Insta : Kocoon Ensemble Autrement
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