Bien qu’il soit issu de l’Assistance Publique, c’est le fruit du hasard qui a emmené Thierry à un poste de travailleur social. Un parcours jalonné de rencontres qui l’ont aidé à se construire. Avec sa femme, ils ont bâti le socle familial. Le théâtre est son évasion ; la musique aussi.

Sa famille est de Noirmoutier. « Ma maman handicapée, a été placée dans un foyer de jeunes femmes à La Chataigneraie. La vie est vraiment bizarre, mais cette succession de hasards et de rencontres me concernant me font dire que la vie est belle. J’ai été placé chez une nourrice, puis dans une famille d’accueil ; j’ai rencontré celle qui deviendra ma femme ; par mon beau-frère je trouverai le travail que j’exerce encore à ce jour ». Lorsqu’il passe ses concours, on veut lui faire dire que c’est son parcours qui lui donne cette sensibilité sociale. « Les rencontres peut-être ? mais mon parcours : non. Je ne suis pas affecté par mon enfance. Au contraire, je trouve qu’elle a été riche ».

Riche des rencontres que Thierry a pu faire très jeune. « Mes parents d’accueil étaient âgés, l’un protestant, l’autre catholique. Ils avaient un sens de l’hospitalité surprenant en accueillant des gens de toutes confessions, chrétiens, juifs ou arabes. Dans une petite commune rurale, c’était pittoresque, mais cette diversité me plaisait. On discutait bien ». Pour le service militaire, il sera encore au service des autres, dans le peloton.

Son métier de moniteur éducateur commence par un dépannage de trois jours. « L’établissement où travaille mon beau-frère recherchait quelqu’un pour trois nuits. J’ai tout de suite compris que mon truc c’était d’accompagner les gens. Quel bonheur de se rendre utile de cette façon ». Il passe son diplôme, travaille quelque temps en alcoologie avant de revenir sur l’accompagnement social. « Un métier qui ne devrait plus exister comme disait Coluche lorsqu’il évoquait les Restos. Cela fait 40 ans que je l’exerce ».

Thierry n’est pas du genre à se plaindre. « Celui qui veut passer son temps à pleurnicher peut trouver matière. Surtout en ce moment ! Je suis surpris de cette faculté d’adaptation que l’on a. Bientôt la guerre en Ukraine fera partie de notre quotidien ». Une banalisation qui le fait sortir de ses gonds. « Je suis rentré chez les Soldats de France uniquement pour que le devoir de mémoire demeure intact. Eh bien là, j’ai un doute sur l’utilité de nos actions ».

Très jeune, il a fréquenté le théâtre, la troupe Ben Hur, une institution presque centenaire à Antigny. « J’ai commencé les séances de variétés très jeune, puis j’ai fait de la musique, du théâtre ». Il se pique au jeu de la scène. « Depuis deux ans, ça a été compliqué ; ça repart, même si c’est un peu poussif. Certains ont toujours peur de la pandémie. On prévoit repartir sur un Feydeau, un grand classique. J’ai besoin que cela redémarre ».

Il fait partie des pionniers du festival Metiv’Son d’Antigny. « J’ai toujours aimé les influences blues et jazz. C’est ce que j’ai proposé lors des premières éditions suite à une rencontre là encore avec Bernie William. Depuis les choses ont évolué avec des artistes plus en vue. Je continue de donner le coup de main, en étant un peu plus dans l’ombre. Je continue à aimer les découvertes, le format d’un petit café-concert avec du jazz, du blues, du slam ; J’aime aussi voir une belle tête d’affiche de temps en temps ».

Thierry revient sur les rencontres qui l’on construit. « Louis Jaunet le directeur de l’école, mon deuxième papa ou mon premier, car le premier je ne l’ai pas connu ». Une autre figure du village, Magdeleine Baudry, l’a pris sous son aile. « Elle m’a appris les codes sociaux de la vie ; plus fort encore : comment être heureux dans la vie ? Une femme extraordinaire ». Autre rencontre, et pas des moindres, avec celle qui deviendra son épouse. « Elle m’a apporté ce socle familial que je ne connaissais pas. Nous avons 3 enfants, 3 petits-enfants. Je ne peux pas rêver mieux ». Il est également reconnaissant pour son travail. « Avec ce métier social, je ne rends pas 10% de ce que j’ai reçu ».

Thierry préfère multiplier les sources d’inspiration plutôt que se référer à une seule. « Même si j’ai un peu de mal avec la religion, je me dis pourtant qu’il y a quand même quelqu’un qui m’a placé sous une bonne étoile quand je vois mon itinéraire de vie ». La retraite se profile à un horizon proche. « Maintenant que notre socle familial est consolidé, nous aimerions voyager ; avoir cette envie de voler un peu ».

Il aime rassembler les gens plutôt que les voir se diviser. « Tout le monde a sa place sur cette terre, y compris les moins favorisés. Ne cherchons pas à séparer ».