Sa voix est plus connue que son visage. Tintinophile éclairé, le jeune reporter Denis courait de stades en salles de sports pour commenter les rencontres sportives. Le monde des médias le fascine, sa quête du savoir n’a guère de frontières. Encore ado, sa passion capte inévitablement les ondes de la radio voisine en ce début des années 80 : Alouette FM. Il en a suivi l’évolution. Aujourd’hui, il dirige les différentes rédactions du grand Ouest.
Début des années 1980, le mouvement des radios libres est en plein essor. « Je rentre par la petite porte en étant d’abord bénévole, puis en devenant pigiste. » Comme un rêve éveillé dans l’effervescence des rédactions sportives. « Je jonglais entre mes études et le coup de main que je donnais au restaurant de mes parents à St Michel-Mont- Mercure. » Le service militaire l’appelle à son devoir. « Au retour, c’est à Quimper qu’avec ma femme nous trouvons du boulot. J’avais un CDD dans une banque. » Sa jeune notoriété de journaliste le rattrape. « La radio Angers 101 me propose un poste. Nous y sommes restés un an avant de retrouver notre bocage, notre biotope, qui, près de notre famille et nos amis, comptait deux cylindrées enviables pour nos carrières : Fleury Michon pour ma femme , Alouette pour moi. »
Une parenthèse d’environ 3 ans dans le parcours de cet endurant (Denis est trailer) qui se retrouve depuis 2013 à la tête des rédactions. « Avec les journalistes délocalisés, nous faisons une conférence de rédaction tous les matins. La ligne éditoriale est connue de chacun. L’info locale représente de 75 à 80 % d’un flash qui va durer entre 2 minutes et 3 minutes 30. » Une information généraliste et factuelle. « Nous ne cherchons pas à commenter ou analyser les discours politiques ou les divers évènements. C’est un format connu de nos auditeurs. Ils apprécient au vu de l’audimat croissant. » L’ancrage est régional. « Quand il y a un match Nantes/Paris, pour la plupart des médias, c’est : le PSG se déplace à Nantes. Chez nous, c’est : Nantes reçoit le PSG. C’est tout l’intérêt d’être informateur et supporter de ce qui se passe chez nous. »
L’audimat est attendu chaque été. « Entre deux sondages, c’est un peu le brouillard. Il faut d’un côté se forger des certitudes sur la façon d’avancer, et d’un autre, savoir se remettre en question. » Le site internet lui offre une visibilité immédiate. « On sait qu’un sujet positif consacré à l’embauche de 150 personnes est moins lu qu’un fait divers tragique. » La base de 500 000 auditeurs journaliers conforte la stratégie de la radio. « Il nous arrive de faire des séances d’écoute pour les titres musicaux. C’est un des critères pour notre programmation musicale. » Alouette est une entreprise à part entière. « Oui, nous sommes une entité économique avec près de 50 salariés. L’équilibre financier est la condition de la pérennité de la radio. » Le format marketé est un choix assumé. « C’est le souci de l’efficacité. »
Tendre le micro à des personnalités est un exercice plaisant pour Denis. « Il faut garder le contrôle en laissant l’émotion de côté. Ma préoccupation, c’est le rendu à l’antenne, avec des questions à mon interlocuteur qui appellent des réponses ni trop longues, ni trop brèves. Quand je suis face à Zinédine Zidane 2 ou 3 ans après le mondial de 98, oui, j’ai un peu ‘Dieu’ devant moi. Rapidement, ça devient une personne comme une autre. Après, quand tu rentres dans ta voiture, tu as le droit de te dire : je viens quand même d’interroger une légende… ça fait partie des joies du métier. »
Denis concède que les médias ont leur responsabilité dans le climat d’anxiété qui plane aujourd’hui. « Une radio musicale n’est pas anxiogène, mais c’est aussi le rôle des médias que d’alerter. » Une inquiétude qu’il tempère. « Les générations d’avant évoluaient avec beaucoup moins d’infos que ce que nous avons. Aujourd’hui, que ce soit pour l’environnement ou toute autre menace, nous savons, quand bien même ça ne va pas assez vite, nous avançons. Certes avec moins d’insouciance que nos parents qui ont connu un essor presqu’ insolent. » Il veut regarder le bon côté des choses. « Au début des années 70, on a compté jusqu’à 17000 morts sur les routes et aujourd’hui il y en a 3000 avec un trafic beaucoup plus élevé. C’est trop, bien évidemment ; mais il faut savoir regarder aussi les progrès de la société. » La désaffection pour la politique l’inquiète. « L’abstention bat des records…Nous sommes un pays d’enfants gâtés qui ne mesurent plus les avantages de notre système politique. Malgré ce qu’on peut observer ailleurs… » Une réflexion qu’il élargit. « D’une façon générale, on n’a plus conscience de la chance qu’on a avec des conditions de vie plutôt privilégiées. Non, on se laisse submerger par le stress au travail, la jalousie envers le voisin, le matérialisme… » Denis s’est impliqué un temps comme conseiller municipal et communautaire. « C’était passionnant, mais ça devenait difficilement compatible avec mon métier de journaliste. »
Quand il n’est pas derrière son micro, il plonge dans les livres ou scrute son écran. « Tout m’intéresse : l’histoire, la vulgarisation scientifique, la sociologie. J’aime emmagasiner du savoir pour mon plaisir. » Il ne fait pas que commenter le sport. « Je le pratique aussi. Un bon match de tennis pour le plaisir de me confronter, ou un trail par challenge personnel. J’aime marcher ou courir dans les chemins du bocage. C’est mon biotope ! » Son chemin n’est pas tourmenté. « Je n’ai connu ni accidents, ni révolutions. C’est une chance. Le fait le plus marquant, c’est la naissance de mes deux enfants. » Denis garde un grand souvenir de l’épopée herbretaise. « Les Herbiers PSG au stade de France le 8 mai 2018. Incroyable ! Il fallait se pincer pour réaliser. »
Denis conclut avec cette citation célèbre. « Il n’est de richesse que d’hommes. » Tout le reste lui semble secondaire. « Mes amis, mes collègues, ma famille… les hommes. Rien n’importe plus. »
Et oui, derrière une voix il y a un « personnage ».. Un vrai, avec une vision à la fois globale et à la fois pertinente…. J’aime beaucoup sa remarque : » l’on a pas conscience de la chance que l’on a… etc.. etc.. » dit par un jeune ça a encore plus de poids !… Super….