Derrière les chars du carnaval, il y a les magiciens. Ceux qui font des miracles avec des bouts de ficelle et du carton-pâte, illuminant le regard des petits ou des grands, à l’unisson d’une âme d’enfant. Gaëtan a grandi avec ces personnages de chars. Son grand-père était un des piliers de l’Amicale des Carnavaliers de Cholet. Il est tombé dans la marmite depuis qu’il sait marcher. Aujourd’hui il fait de cette passion son métier.
Son orientation professionnelle sonnait comme une évidence. « Tout de suite, j’ai été attiré par les arts visuels. Pendant 15 ans, j’ai travaillé dans l’infographie 2D et 3D ». Depuis l’an 2000 il télétravaille. « Mon employeur était à Paris. Je faisais de la conception d’images, des animations visuelles pour les entreprises qui avaient besoin de supports, ou qui voulaient faire de la publicité. On a travaillé sur des gros projets comme Airbus Industrie. Travaillant à distance, j’étais très autonome ».
Son entreprise connaîtra des moments plus difficiles. « J’avais d’autres projets en tête et je préférais laisser ma place aux plus jeunes de la boîte. Je voulais retrouver le plaisir de travailler la matière, ma passion de toujours, autour de la peinture et de la sculpture ». Il compile ses expériences informatiques et infographiques au service de la modélisation de personnages. « Je voulais retrouver l’esprit carnavalesque avec des moyens plus professionnels, des matériaux plus nobles et durables. La combinaison de tous ces composants m’a permis de créer mon activité ».
Sa clientèle est constituée d’entreprises. « Elles peuvent avoir besoin d’un objet en taille XXL pour présenter sur un salon, la coupe d’un autre pour expliquer un mécanisme intérieur ». L’événementiel de spectacles est un débouché intéressant. « Des accessoires de théâtre, faciles à déplacer ; des objets factices ou des sculptures en fausses pierres pour un décor, un clip vidéo ». Enfin la part des associations est loin d’être négligeable. « Le logo en grand format pour une manifestation, les lettres géantes… ». On le sollicite de Rennes, de la région parisienne ou encore de Suisse. « Beaucoup viennent par le site internet, y compris celui du carnaval de Cholet ; c’est une belle vitrine ».
Gaëtan utilise des matières composites. « Je travaille souvent sur un polystyrène très serré qui permet de sculpter aisément ». Râpes, cutters, mais aussi imprimante 3D ou machine de découpe, constituent sa batterie d’outils. « Je termine à la main pour obtenir la meilleure définition ». Il obtient la rigidité nécessaire avec de la résine époxy, renforcée de fibre de verre. « Je peux aussi mettre de l’enduit, un peu comme une isolation extérieure que je pulvérise au pistolet. L’effet est granuleux et moins onéreux ». Il y a préalablement la phase de conception. « C’est aussi une partie qui me passionne : les contraintes techniques, de poids, d’amarrage…Je dois combiner l’artistique et la faisabilité technique ».
On connait l’impact du Covid sur tout le milieu évènementiel. « Mon atelier s’est arrêté pendant un peu plus d’un an ». Gaëtan ne s’est pas arrêté pour autant. « J’ai toujours une petite activité en infographie qui m’a aidé à traverser la période. Et puis il y a eu les aides gouvernementales ». Il espère un retour à la normale au plus vite désormais. « Travailler sur des projets, c’est en soi positif. J’ai mis cette période à profit pour faire des choses difficiles à réaliser quand tu es en pleine bourre. J’ai étudié des nouvelles matières à travailler, des techniques différentes, exploré de nouveaux projets. En fait, j’ai trouvé une nouvelle motivation pour d’autres projets. Dans mon domaine, la curiosité est un des principaux moteurs de réussite ».
Une curiosité qu’il nourrit principalement par les animations visuelles qui foisonnent dans nos vies. « Je suis les tendances sur les personnages, les effets caricaturaux, les postures, tout en gardant un style personnel pour mes créations ». Il aime bien les personnages comme Cartoon. « Les expressions extraverties, caricaturales, c’est amusant. Partir d’un cube figé pour en faire un personnage expressif, c’est toujours une grosse satisfaction ».
Il débauche de son atelier, où il travaille seul, qu’il a encore la tête dans ses créations. « Il n’y a pas vraiment de frontière entre le privé et le professionnel. A la maison, je suis toujours attiré par la télé et ce qui est visuel ». Toutes les disciplines artistiques peuvent stimuler son activité. Y compris la musique. « Je mets parfois des musiques qui me plongent dans une certaine ambiance, qui m’aidera à concevoir ou à réaliser un objet ».
Il se veut optimiste. « Malgré le flot négatif des infos, je garde confiance dans l’être humain. Je ne supporte plus les actes de violence, les gens qui passent leur temps à insulter. Je relativise en me disant que c’est une minorité (auxquels les médias accordent une place disproportionnée), et que la majorité des gens gardent une vision positive du futur ». Il croit en un rééquilibrage des valeurs. « Le trop consommer, le trop posséder pour se valoriser, on en voit les limites. Je vois beaucoup de personnes qui reviennent à des considérations plus simples ».
Gaëtan est papa de deux jeunes filles. Sa compagne est professeur des écoles. Il encourage chacun à rester curieux. « Il faut garder l’enfant qui est en nous le plus longtemps possible. Gardons l’envie de découvrir demain, sans en avoir peur ».
le-gros-lapin.com
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